Chapitre 3 - Alpha ! Vous me recevez ? - Partie 2

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Nil, en compagnie de deux membres de son équipe, arpentait chaque tente du camp Alpha, sans faire plus de découvertes que les deux sondes robotisées. Chaque colon s’était comme volatilisé. Nil cherchait sous une table des traces éventuelles ayant pu échapper aux sondes quand son PIM indiqua un message entrant important provenant du Markind. Il se releva rapidement. Dans sa précipitation, il se cogna la tête sur le rebord de la table.

Il jura quelques noms d’oiseaux envers l’objet inerte. Pourtant innocent, il lui balança un rapide coup de pied. Sa combinaison réagit aussitôt en communiquant le statut médical à son entourage par des signaux verts clignotants. Il pesta de nouveau envers sa combinaison. Il prit la communication.

« Tout va bien Nil ? Nous venons de recevoir votre check-up médical depuis votre position, demanda Milo Vard.

— Oui tout va bien. Je viens juste d’ajouter une bosse à ma collection. Vous avez du nouveau de votre côté ?, demanda Nil en passant sa main dans ses cheveux pour masser la zone douloureuse.

— En effet, répondit Milo Vard. Les recherches de Fatia ont permis de lever une piste. Mais je m’arrête là et je vais lui laisser la parole pour vous donner plus de précisions.

— Salutations, j’ai pu mettre en évidence l’utilisation de technologies EM, commença Fatia.

— Des armes EM ? Il nous faut tout de suite des contre-mesures… , coupa Nil.

— Ne m’interrompez pas !, intervint Fatia, l’air agacée.

— Je ne pense pas à des armes. Il n’y a pas de signe d’une volonté de détruire le camp Alpha. De plus, les traces EM sont diffuses et d’une configuration inédite, continua Fatia. Vous trouverez sur vos PIMs l’ensemble de mon rapport et les différents capteurs à activer pour remonter cette piste. »

L’intervention de Fatia à peine terminée. Nil et son équipe parcouraient déjà leur pupitre d’information mobile. Cet objet était devenu incontournable. Il permettait de s’adapter à tout type de matériel. Dans ce cas précis, il devenait par la connexion à un détecteur mobile, un véritable petit centre tactique. Chacun pouvait prendre connaissance des éléments et les mettre à jour en temps réel.

« Je vois que vous profitez déjà des renseignements de Fatia et de son équipe, fit remarquer Milo Vard.

— Vous avez raison d’être pressé de prendre connaissance de ces éléments, intervint Fatia. Les traces EM disparaissent rapidement. Elles doivent déjà être difficiles à repérer. Vous devrez vous fier à leur historique, ajouta-t-elle.

— La chasse est lancée », lança Nil à son équipe.

Nous partons à la chasse à l’ours. Nous allons en prendre un très gros, pensa-t-il intérieurement.

Cette pensée était remontée en lui comme un souvenir profondément enfoui. Il ressentit une immense nostalgie l’envahir. Il se rappelait son père lui contant cette histoire. Que lui-même tenait de ses parents. Transmise de génération en génération. Elle résonnait en lui. Il avait le regard fixé vers la porte de la tente. La lumière rougeâtre filtrait au travers. Une peur enfantine monta soudain en lui.

« Je requiers l’autorisation de prendre des équipements issus du cube d’armement, demanda Nil sur un ton officiel.

— Autorisation refusée, il n’y a pas de trace d’agression. Vous pourrez réitérer votre demande en cas d’agression avérée, répondit Milo Vard.

— Entendu », répondit Nil d’un ton neutre.

Une fois la communication coupée, Nil se retourna vers l’archiviste de son équipe.

« Les entrées à venir seront certainement de nombreuses fois parcourues par les futures générations », lui glissa-t-il avec un clin d’œil complice.

Mionis Pishard, d’un naturel réservé, acquiesça du regard. On imaginait un large sourire se dessiner sous son écharpe respiratoire.

L’équipe se rassembla rapidement au centre du camp Alpha. Une fois un rapide briefing terminé, ils prirent un transporteur qu’un robot de maintenance avait fraîchement réactivé. L’ingénieure de l’équipe, Carol Nian, venait de finir de le remettre en état. L’ensemble du matériel superflu qu’il contenait avait été déposé pour pouvoir accueillir la décurie. Carol expliqua à Nil que la vitesse de déplacement serait plus faible le temps que les systèmes récupèrent entièrement du black-out.

Un premier point de chute avait été établi. Nil, en accord avec Fatia, inspecterait le transporteur du géologue Phel et de l’ingénieur en robotique Trabo.

« Nous serons, dans cinq heures, au site 4HE. Pendant ce temps, nous analyserons l’ensemble des données récoltées sur les cent mètres de largeur de la trace EM », rappela Nil à son équipe.

Du centre de contrôle, la nuée observait et scrutait chaque mouvement du transporteur se dirigeant vers l’Est. Milo Vard sentait l’anxiété le gagner de nouveau. Fatia s’approcha de lui.

« Allez prendre un peu de repos, Milo, je vous préviendrai lors de leur approche sur le site 4HE, lui dit-elle sur un ton presque maternel.

— Vous avez raison. » Sans ajouter un mot de plus, il perça la nuée en direction de ses quartiers personnels.

Qu’ont-ils réveillé ? Cette pensée obsédait Milo depuis quelques heures. Il dut faire quelques efforts de concentration pour l’effacer de son esprit.

Je dois garder les idées claires et ne pas me laisser submerger. Les faits, rien que les faits. Eux seuls sont empreints de vérité. Le responsable de l’ensemencement s’allongea. Il ne prêta aucune résistance au sommeil qui le submergeait.

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