Chapitre 2 - Obscurité - Partie 1

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Lekia respirait calmement. Elle se sentait comme baignée dans un nuage cotonneux. Aucune souffrance. Aucun son. Aucune lumière. Suis-je morte ? Non la mort ne doit pas ressembler à cela. Mes pensées sont là. On m’a peut-être sédatée. Mon corps est peut-être dans un état pitoyable. Que nécessite cet état ? Le coma ? Peut-être. Oui. Lekia fit un effort pour se remémorer les derniers instants. Elle consultait son PIM à propos d’elle ne savait plus quelle problématique. La propriété d’une roche que Phel avait découverte quelques heures auparavant sur le site 4HE du camp de base Alpha. Nous étions tous deux en train d’examiner une ressemblance de composition avec une roche baurienne. Et Phel commençait à me vanter les propriétés… Phel, PHEL ! PHEL ! TRABO ! Lekia les appelait en vain. Elle ne sentait pas ses mots sortir de sa bouche. Elle essaya de calmer son esprit qui reprenait une vigueur insolente. Elle entreprit de se remémorer les différents entraînements pour gérer son stress intense.

Pendant les quelques années précédant son départ de Baure, Lekia avait, comme d’autres futurs colons, été pressentie comme décurion. Ces derniers avaient suivi un cursus axé sur le contrôle des émotions. Les maîtres enseignants tiraient leur savoir, en grande partie, de l’Encyclopedia Humanis 55 Cancri, enrichie de quelques méthodes découvertes sur Baure. Lekia faisait partie des meilleurs colons, suivant de peu Meltia qui excellait dans ce domaine. Elle était d’ailleurs en bonne voie pour devenir maître sur Baure, si son choix ne l’avait pas guidé vers Parelas-d.

Faire le vide, puis analyser chaque élément venant à son esprit. Le plus infime indice qu’il soit extérieur à son corps ou non. D’abord, un rythme régulier. Faible, sourd, mais présent. Mon cœur… c’est mon cœur. Je suis en vie. Une joie immense l’inonda. Elle redoubla d’efforts pour retenir cette submersion d’émotions. Elle reprit le contrôle et continua son analyse.

Elle sentait cette sensation cotonneuse. Ses membres et son corps inertes, imperturbables. Je ne contrôle pas mon corps. Pourtant, il est bien là. Mon esprit, lui, m’appartient toujours. L’obscurité où elle baignait l’intriguait au plus haut point. Elle n’avait jamais ressenti l’obscurité totale. Un noir profond et infini. Pas une parcelle de teinte autre que le noir. Mes yeux devraient produire des images sous forme d’artefact. Mais rien d’autre que l’obscurité la plus totale la recouvrait. Elle plaça son esprit en accord avec les battements de son cœur. Le rythme était celui d’un corps au repos. Elle pouvait en déduire une horloge primitive. Depuis combien de temps suis-je dans cet état ? Et les autres sont-ils dans la même situation ? Le flux de son cœur, telle une musique ancestrale, la maintenait consciente. Elle revenait aux derniers instants avant son éveil. Phel, la roche, ses explications et… cette obscurité soudaine… Cette va…. Lekia n’eut pas le temps de sentir son esprit lui échapper. Elle reposait de nouveau inerte dans l’obscurité.

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