Elle s’engouffra dans le car, légèrement essoufflée car elle avait couru pour ne pas le rater.

Il ne restait plus de place dans le véhicule, aussi s’avança-t-elle vers la sortie en se plaçant dans un coin pour ne pas gêner le passage.

Elle s’aperçut qu’elle se tenait près d’un homme brun et grand -il la dépassait de plus d’une tête- mais il était tourné de telle sorte qu’elle ne pouvait voir son visage. Il semblait perdu dans ses pensées, face au paysage.

Puis, l’homme bougea et elle perçut les effluves de son parfum : patchouli et vétiver, des notes boisées qu’elle aimait et qui la faisait voyager… Elle ferma un instant les yeux et huma à nouveau cette fragrance. Pas de doute, c’était un parfum créé pour lui.

Sa curiosité fut d’emblée éveillée et les plus folles spéculations dansèrent dans sa tête : était-il beau ? Comment était sa bouche ? Ses lèvres étaient-elles pulpeuses ? Et ses yeux étaient-ils bleus ?

Allons, se morigéna-t-elle, ma petite, tu lis trop de romans ! Et elle tourna la tête dans le sens opposé.

Soudain, le bus amorça un virage et elle frôla le bras de l’homme. Un effleurement anodin, aérien comme une plume, mais de nouveau, son imagination fit une embardée : sa peau était-elle douce ? Quelles sensations éprouverait-elle à la goûter ? Ses pensées prirent alors des chemins de traverse : elle s’imagina dans ses bras, tous ses sens en éveil.

Le car s’arrêta pour laisser des passagers descendre et l’homme se tourna vers elle, lui adressant un sourire éblouissant :

– Excusez-moi !

Elle eut deux chocs : sa voix, belle et grave, et son visage, tel qu’elle l’imaginait. Mon Dieu, se dit-elle, quel homme séduisant ! Ses yeux n’étaient pas bleus, mais marron clair et il émanait de sa personne une sensualité incroyable. Mais d'où sort-il ? pensa-t-elle.

– Je vous en prie !

Et elle s’effaça pour le laisser passer. Comme dans un rêve, elle le vit descendre et disparaître de son horizon.

Le véhicule repartit et elle pensa : « Quelle agréable journée qui commence ! ».

*******

Dans son bureau, tandis que ses doigts couraient habilement sur son clavier, elle s’arrêta brusquement et les yeux clos, elle le vit alors : il était sur un chantier et un casque sur la tête, il transmettait ses instructions à ses employés. Son aura brillait d’un tel éclat qu’elle en fut bouleversée pour la journée.