IV

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Lorsque Andrew retourna en salle de pause pour voir si Dylan se portait mieux, il n’avait malheureusement rien trouvé de concluant. S’accroupissant à côté du canapé où la jeune femme se reposait, il dégagea une longue mèche brune de son visage puis, la voyant décoller les paupières, lui sourit.

— Comment te sens-tu ?

— Mieux, merci. Est-ce que j’ai dormi longtemps ?

— Un peu plus de trois heures.

— Tant que ça ! Mais tu aurais dû venir me réveiller avant !

Drew laissa échapper un léger rire.

— Tu en avais besoin. Et défronce-moi ces sourcils, tu vas creuser ta ride du lion !

Dylan porta la main à son visage. Du bout du doigt, elle suivit la légère ridule qui se dessinait au coin intérieur de son sourcil gauche et tira la langue à Andrew qui s’esclaffa.

— Tu as trouvé quelque chose dans le fichier des personnes disparues ? demanda-t-elle en s’asseyant sur le bord du coussin.

Drew soupira.

— Plusieurs dizaines de jeunes femmes disparues dont les trois quarts peuvent réunir les critères énumérés par Bastian. En clair : rien qui puisse nous faire avancer dans notre affaire.

— Espérons alors que notre légiste préféré ait trouvé quelque chose.

— Ou que nous ayons reçu des résultats à propos des empreintes, ajouta Andrew en se relevant.

~oOo~

Arrivés à la morgue, ils entendirent distinctement deux voix derrière la porte à double vantail. Celle du jeune homme, que ses collègues reconnurent sans peine, et une plus fluette qui appartenait à une femme. Dylan releva un sourcil, haussa les épaules, puis poussa le battant avant de pénétrer dans la pièce.

— Salut vous deux ! Ça faisait longtemps ! lança Bastian en les voyant débarquer. On m’a envoyé des renforts. Je vous présente Haiko, elle nous arrive d’Yverville.

La jeune eurasienne s’approcha puis s’inclina respectueusement. Andrew et Dylan la saluèrent avant que Bastian reprenne la parole :

— Nous avons les identités des cinq premières jeunes femmes, lança-t-il en remettant la pochette cartonnée à Andrew.

Le capitaine l’ouvrit, découvrant en même temps que Dylan les photographies ainsi que les noms de leurs victimes : Tara James, Kathy Delame, Marienne Leroy, Sienna Vanheim et Klaris Compton. Comme Bastian l’avait dit, elles étaient toutes âgées de vingt-cinq à trente ans et avaient également quasiment la même corpulence.

— Il n’y a que moi ou quelqu’un d’autre ici trouve qu’elles se ressemblent un peu ?

Les trois jeunes gens se réunirent derrière Dylan et observèrent les clichés. Toutes brunes, la peau très légèrement hâlée, des traits fins et réguliers ; il était vrai qu’hormis la couleur des yeux qui n’était pas toujours identique, ces filles avaient un petit quelque chose de similaire.

— Et il y a encore quelque chose qui me turlupine : pourquoi, s’il voulait juste les manger, aurait-il choisi des jeunes femmes de même corpulence ? questionna Dylan en refermant la pochette cartonnée.

Bastian grattouilla son bouc.

— Au-dessus d’un certain poids, de la graisse se forme. Peut-être aime-t-il la viande maigre et fait-il attention à son poids…

L’air dubitatif, Dylan soupira. Elle alla jusqu’au bureau de Bastian et saisit une feuille blanche sur laquelle elle croqua un corps féminin.

Puis elle se retourna vers le légiste.

— Redis-moi les parties manquantes pour chaque victime.

— Tara James : les mains. Kathy Delame : les bras. Marienne Leroy : les pieds. Sienna Vanheim : les jambes. Klaris Compton : le sexe.

Il réfléchit quelques secondes puis ajouta en désignant de l’index deux autres brancards :

— Il a prélevé la poitrine de cette victime-ci et la tête de ce corps-là.

— Nous les appellerons 6 et 7 pour le moment, décréta-t-elle en reportant les parties sur le croquis.

— Il ne prend jamais la même partie ! s’exclama Andrew. Comment t’en es-tu rendu compte ?

— J’ai juste repensé à ce qu’avait dit Bastian plus tôt : l’assassin avait déjà pris trois morceaux différents sur les trois premières victimes examinées. Je me suis dit que si le « hasard » se poursuivait, c’est que ça ne pouvait fatalement pas en être un. Il ne les mange pas, il veut recréer quelqu’un.

Andrew fronça les sourcils.

— Une sorte de monstre de Frankenstein, mais au féminin ?

Dylan acquiesça.

— Il faudrait voir si les autres corps ont été délestés du reste. Mais, pour moi, le fait qu’elles se ressemblent autant n’est pas une coïncidence. Aucune d’entre elles n’est un hasard ; il les a cherchées. Si nous parvenons à trouver l’identité des autres victimes, nous obtiendrons le portrait de celle que notre tueur veut recréer.

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