Ennemi Intime 

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Cher Journal ;

J'écris, je ne sais pas pourquoi mais j'écris. Ça ne sert à rien mais je le fais quand même. Ça ne me soulage pas, ça ne me calme pas. Ça n’a plus le même effet qu’avant… Mon poing ne fait que se serrer sur ce maudit stylo et pourtant la plume, elle glisse sur cette feuille que j'ai juste envie, de froisser et de balancer dans le feu. Oui vous savez, ce feu qui brûle dans cette cheminée devant laquelle on s’est assis dans ce foutu salon où on a dansé, dans ce foutu manoir que je m'entête à habiter alors que je pourrais partir, faire le tour du monde, me retrouver moi, après toutes ces années je n’en ai jamais autant ressenti le besoin…

La colère, elle me submerge, me prend les tripes, avec les minutes qui défilent, c’est encore pire. Je n'arrive plus à contrôler ces émotions qui sont sorti de leur prison en cristal que j‘avais apparemment, mal fermé. J'aurais dû les sceller. Sentir la menace dès la première fois que je l'ai vu sur cette plage, dans ce foutu maillot. J'aurais dû juste passer, peut-être la bousculer, la draguer et la laisser là, en plans, comme les autres. J'aurais dû faire l'égoïste, prendre ce qu'elle avait à me donner et me casser, ne plus jamais la revoir. Ne pas m'accrocher à elle comme ça. Je n’aurais même pas dû garder ses lunettes qui ont mené à nôtre perte, à sa perte. Je n’aurais pas dû me dévoiler ainsi, penser que ça aurait pu être amusant, me dire qu'elle aurait pu être autre chose qu'un simple coup, une amie. Je n'aurais pas dû la revoir quand j'ai senti mes sentiments pointer le bout de leur nez. J'aurais dû me tailler, ne jamais revenir dans cette ville. Mais non, je suis resté là, avec elle. J’ai appris à la connaitre, j’ai ri avec elle, je te jure, on était heureux… Puis j’ai appris son secret, j’ai vu les marques se dessiner sur sa peau, au fur et à mesure que le temps passait. Je l’ai vu, je le savais. Mais je n’ai rien dit, j’ai oublié, comme elle m’a supplié de le faire. Je l’ai regardé se détruire petit à petit, puis j’ai essayé. D’être son sauveur, oh que oui, j’ai essayé. Je lui ai confisqué sa lame, je l’ai laissé se défouler sur moi. J’en ai encaissé des mots, des coups tu sais… Je lui refusais de se punir, et quand je n’y arrivais pas, c’était moi qui me sentais mal alors qu’elle semblait enfin avoir un peu de soulagement, alors qu’elle semblait enfin être elle-même. Je lui ai demandé mainte fois pourquoi elle faisait ça, elle me répondait que cela l’empêchait de ressasser ses erreurs, qu’elle estimait aussi qu’elle méritait ça… Mais dans le fond, je savais que c’était autre chose, c’était la recherche de la garde du contrôle, d’avoir encore le pouvoir de décider ce qu’il lui arrivait. Mais ça, je ne l’ai compris que trop tard. J’ai tout essayé pour elle, je me suis perdu dans cette endroit noir qu’est la mutilation… Je n'aurais pas dû continuer quand j'ai vus qu'elle me tenait, quand j'ai vus qu'elle ne faisait que ce qu'elle voulait de moi. A quoi cela servait ? A lieu de passer son addiction sur elle, elle la passait sur moi. Elle me blessait. J’aurais dû en parler avec sa famille, ses amis, mais je ne l’ai pas fait. J’ai cru pourvoir la sauver tout seul. Mais je ne me suis pas rendu compte que j’avais changé. Je n'aurais pas dû, ce n'était que des erreurs et putain qu'est-ce que j'en chie maintenant ! Je ne regrette pas de l’aimer encore, mais de ne pas avoir était assez fort pour elle. J'en tremble, j'en hurle, j'en souffre. J'ai envie de tout foutre en l'air, de me faire du mal, parce que je suis tombé dans le pire des pièges, celui de ce poison qui me rend dingue, fou, totalement à l'ouest. Qui me fait perdre de vus ce que j'avais en tête, mes projets... Non, j’ai tout perdu à vouloir jouer les héros. Je suis en rage, en colère, je ne suis plus celui que j'étais. A vouloir oublier son problème, je me suis oublié moi-même. Comme un con... Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être arrivé... Elle ne peut pas être en bas maintenant... Elle ne peut pas ne plus être de ce monde... Ne plus être vivante... Je donnerais ma vie à la place de la sienne, sans hésiter. Je donnerais l'essence qui me tient en vie pour la retrouver... Lui offrir la vie qu’elle aurait méritée si le monde ne lui en avait pas tant fait baver.

J'ai envie de tout fracasser, de hurler ce que je ressens, mais c'est trop fort. J'aimerais que ce ne soit qu’un cauchemar. Je vais me réveiller et rien de tout cela ne se sera passer…On sera tous les deux, sans ses problèmes, on sera heureux… Non, non ça ne peut être vrais, je le refuse.... C'est impossible...

* Papier froissé, déchiré, meuble en l'air, homme brisé, piétiné. *

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