J'ai bien changé.. Maintenant, emmène-moi

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J'ai froncé mes sourcils, ne comprenant pas où j'étais ou même comment j'avais atteri là. Tout ce que je voyais, c'était du blanc. Tout autour de moi était blanc. Aucun objet, pas un être vivant. Rien. Seul le vide et la couleur blanche qui me torturait les yeux. J'ai pivoté sur moi-même, examinant les alentours. J'étais seul. J'ai baissé les yeux et mon coeur loupa un battement quand je me vis allonger sur un lit d'hôpital, relié à des machines, mes proches pleurant. Mon coeur se serra et je voulais hurler que j'étais bien vivant mais rien. Aucun son ne sortit de ma bouche. Je commençais à assimiler que je ne pouvais pas me réveiller. Que j'étais dans le coma.

 - Oh ? Je ressemble donc à ça dans le futur ? déclara une voix féminine et aigue, me faisant relever la tête.

J'ai crû que mon coeur allait s'arrêter en voyant en face de moi l'enfant que j'avais été. En face de moi, se tenait la petite fille timide mais pourtant pleine de vie que j'avais été. Ses cheveux bruns et longs retombaient dans le bas de son dos, des légères boucles se distinguant dans cette chevelure. De grands yeux craintifs, mais illuminés de joie, marrons me fixaient, le visage épargné par le temps. Le corps frêle de mon moi-enfant était dissimulé sous une légère robe blanche, pieds nus.

 - J'ai bien changé, je n'aurais jamais pensé ressembler à ça un jour, ajouta-t-elle en adressant un sourire timide.

J'ai esquissé un sourire nerveux, passant ma main dans mes cheveux bruns, coupés court. C'est vrai. J'avais beaucoup changé. Mon corps était élancé et je commençais à avoir quelques abdos. Je portais un haut et un pantalon d'hôpital qui moulait un peu mon membre. Le maillot lui, ne collait pas à mon corps. Et dire que ça faisait plus de trois ans que j'étais enfin dans le corps que je désirais. Mon corps d'homme me plaisait.

 - Dis, quel est ton prénom maintenant ? me demanda la fillette, ses yeux se plantant dans les miens.

 - Aiden. Je me souviens encore de mon côté curieux, ajoutai-je en esquissant un léger sourire.

 - C'est trop beau comme prénom. Tu l'es encore. Tu as changé, mais au fond, tu es resté le même.

 - Je sais, je m'en veux un peu d'être devenu égoiste et presque dépressif. Me voir enfant et avec tant de joie de vivre me fait bizarre.

Nous nous sommes fixés et je voyais qui j'avais été plus jeune. Je semblais si insouscient à l'époque et pourtant si sérieux. Comme si j'avais toujours été ainsi. Une lueur furibonde dans le regard, une lueur qui m'avait quitté il y a peu. Depuis quand j'avais changé...

 - Et pourtant, c'est à cause des autres que tu as changé, précisa la brune.

 - Dis-moi.. Pourquoi je suis ici ?

 - Pour que je te réponde, j'aimerais d'abord que l'on fasse des choses ensembles.. J'ai envie d'être encore un peu plus longtemps avec le moi du futur..

 - D'accord, je te suis.

La petite fille m'attrapa la main et me tira légèrement, m'entraînant à ses côtés alors qu'elle commençait à courir. Ce n'est que quand elle fut de dos et que je levai les yeux vers elle que je remarquais la petite paire d'aile blanche qu'elle avait. Je...je serais en train de mourir ?

 - Non, tu es juste dans le coma. Le toi enfant est bel et bien mort, mais pas toi. Allez, viens. Suis-moi, de toute façon, c'est toi qui a voulu quitter ce monde pour me rejoindre. Alors envole-toi avec moi ! s'écria la petite fille en souriant, ses ailes se déployant pour la faire voltiger légèrement, sa main tenant toujours la mienne. Vas-y ! Laisse tes ailes se déployer !

Après ces quelques mots, elle vint voler derrière moi et posa ses mains froides sur mon dos alors que je restais bloquer par ce qu'elle avait dit. Elle les retira et se repositionna devant moi, alors qu'une vive douleur me prit. Je sentis deux choses se débattre sous mon maillot et sous ma peau, me faisant m'accroupir, prenant de grandes inspirations, les larmes aux yeux. J'avais mal et mon ancien moi vint se remettre dans mon dos, ses mains agrippant ce qui bougeait et poussait dans mon dos. J'ai lâché un cri de douleur quand ça a transpercé mon vêtement, se déployant.

J'étais haletant, les larmes roulant le long de mes joues alors que je n'osais plus cligner des yeux. J'ai tourné légèrement ma tête et j'ai failli hurler de peur en voyant la paire d'aile qui se trouvait dans mon dos, me tiraillant entre les omoplates. Je tendis une main tremblante vers les plumes presque noires et quand mes doigts les rencontrèrent, je me suis tendu, les larmes revenant.

 - Hm ? Tiens ? Tu n'aimes pas l'offrande que t'offre le ciel ? Tu es en train de mourir. Je l'ai senti. Alors je me suis dit que comme tu avais fait une tentative de suicide, tu aimerais me rejoindre. Mais ton antécédant n'est pas très possitif. C'est pour ça que tes plumes sont de cette couleur.

En entendant ses paroles, je me suis redressé, manquant de peu de perdre l'équilibre. J'ai vite compris que je devais m'habituer à la présence des ailes. Mais d'un côté, je ne voulais pas accepter la mort. J'agissais comme un égoiste. Mais au plus prfond de moi, je savais que c'était de leur faute à tous.

Sous les yeux de la petite fille, j'ai fait bougé mes ailes, les remuant légèrement pour m'habituer. En soi, c'est assez simple. Je les fit battre avant de m'envoler légèrement, savourant la puissance qu'elle me procurait. La brunette me rejoignit et alors que je voulais aller encore plus haut, elle m'attrapa les mains, me faisant rencontrer son regard.

 - Tu ne veux pas savoir pourquoi tu as voulu mettre fin à ta vie ?

J'ai analysé pendant quelques secondes sa phrase et je me suis mis à réfléchir. C'est vrai.. Pourquoi j'avais voulu mourir et quitter mes proches ?

 - Tu t'étais fait quitter par ton petit-ami. Il doutait de ta fidélité. Tu ne l'as pas digéré alors tu lui as demandé de coucher ensemble une dernière fois. Il a accepté, son amour prenant le dessus. Et pour la première fois, tu t'es retrouvé en-dessous. Sauf qu'en plein milieu, tu as réalisé que tu l'avais emmener chez toi et que nos parents allaient bientôt revenir. Tu voulais qu'il arrête alors il a crû que tu prenais plus de plaisir et à continuer plus violemment, ne t'écoutant plus. Sauf que nos parents sont arrivés et vous a retrouvés toi et ton ex petit-ami en plein acte. Et pour eux, c'était de trop. Ils n'avaient jamais accepté notre transidentité alors de te voir coucher avec un homme à tout déclencher. Ils ont commencé à hurler, notre père à jeter ton ex hors de chez nous et après, ça a été pire. Notre père t'a gifflé et nous nous sommes pour la première fois disputés violemment avec maman. Ils t'ont chassé de la maison, hurlant qu'ils ne voulaient plus jamais nous revoir. Tu as beaucoup pleuré et tu t'es décidé à demander à tout des amis de t'héberger. Mais ils ont tous refusés. Tu as commencé à vendre ton corps pour vivre mais ça n'a pas duré longtemps car tu as vite abandonné, te mutilant et prenant des substances douteuses. Et pas plus tard qu'il y a trois jours, tu t'es mis debout derrière la rembarde d'un pont, des passants commençant à hurler et d'avertir les autres. Tu as sauté, drogué et trop affaiblis pour nager. Des sauveurs t'ont ressortis de l'eau et on commencer les premier secours en attendant les ambulanciers. Une fois à l'hôpital, notre famille à été prévenu. Et maintenant tu connais la suite. Regarde en bas, ton ex petit-ami est là. C'est drôle, il pleure mais n'ose pas s'approcher de toi. Alors, veux-tu vivre ? Ou bien t'adonnes-tu à la mort ?

Les larmes dévalaient mes joues, mes souvenirs revenant. J'ai rigolé nerveusement, craquant encore plus. J'ai jeté un dernier regard au corps inanimé que chaque soignants essayaient de ramener avant de me tourner vers mon ancien moi et de lui tendre une main, un sourire sur les lèvres malgré mes larmes.

 - Ne m'abandonne jamais.. Reste à mes côtés et fait moi découvrir ce monde dans lequel tu vis, déclarais-je, acceptant enfin la mort.

La petite fille rendit mon sourire et attrapa ma main et me pris dans ses bras, nos deux corps se réchauffant l'un contre l'autre. Nous sommes partis tout les deux, abandonnant la vie, et nous sommes allés embrasser la mort, enfin en paix et satisfait plus ou moins de la vie que nous avions vécu, avalé par une lumière éblouissante et chaude qui nous embrassa tout les deux avant de nous avaler et de nous emporter loin de cet endroit, les cris et les pleurs de mes proches s'évanouissant peu-à-peu.

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