III. Deuxième réveil

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Une barre de fer dans la tête. La tête dans un étau.
Son esprit, encore embrumé par quelques volutes d’alcool, peinait à mettre de l’ordre dans ses souvenirs de la soirée d’hier.

Un homme… ou deux ?
...Ah. Oui. Le gros chauve.
Son fils, aussi. Complètement con… comme son père.


Pff. Quelle flemme.

Affalée sur le lit précaire d’une chambre exiguë, elle était seule, courbaturée, et avait encore trop bu. 
Elle esquissa un geste pour retirer les longs cheveux gris et emmêlés qui lui recouvraient le visage, puis se ravisa. Le larbin n’était même pas encore passé, elle devait bien avoir cinq minutes… 

Des coups timides à sa porte.

Ah.

Elle jura une nouvelle fois.

Bon. Courage.

Elle souleva ses paupières à demi, et sentit les rayons du soleil agresser violemment ses yeux verrons.

Allez. Tu vas survivre.

Elle roula lentement jusqu’au bord de son lit, et réussit non sans efforts à s’asseoir. 

Après deux minutes de convalescence, elle trouva la force d’inspecter son état.
Ses cheveux étaient dans un état déplorable. Sans parler de son mascara qui avait coulé, bafouant son visage élégant. Ni du fait qu’elle avait dormi en tenue de travail.

Elle fronça les sourcils. 

Glissant l’une de ses fines mains dans son décolleté, elle y découvrit un petit boitier en métal stylisé. Un sourire se dessina sur ses lèvres ourlées.
Souvenirs du fils du Gros Chauve, complètement abruti par l’alcool, glissant son paquet de cigarettes dans son soutien-gorge en tremblant, comme s’il s’attendait à voir le tout exploser. 

P’tit puceau, va.

Elle s’alluma une cigarette, se leva, puis se dirigea d’une démarche peu assurée vers un lavabo séquestré au coin de sa chambre.
Nouveaux coups à sa porte. Plus prononcés cette fois.

Super, encore en retard.

Retrouvant un brin de lucidité, elle se contempla rapidement dans un miroir délabré, constatant l’étendue des dégâts. 

Oublions la coiffure.

Elle opta pour une queue de cheval faisant tomber ses cheveux - pourtant en désordre - gracieusement le long de son dos. Un jet d’eau glacée sur le visage et un coup de rouge à lèvre carmin feraient l’affaire, elle n’avait pas le temps de se changer de toute manière. Pour une fois que ses clients ne lui renversaient pas d’alcool partout sur ses fringues…

Une voix basse et nerveuse se fit entendre derrière la porte :

  • Kat… tu as un client ce matin, alors si tu veux déjeuner…

Fichus princes qui me font bosser le matin. Vite, mon café.

Mettant en vitesse ses talons et sa veste de costume, elle écrasa sa cigarette au sol et sortit de sa chambre d’un pas tonique et faussement assuré.

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