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de Image de profil de Nicolas HaarmanNicolas Haarman

Avec le soutien de  Anneh Cerola, Sonio 
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Je suis dans le train, assis face à une fille. Je suis en train de manger une banane et boire un jus de fruits. Il est sept-heures trente du matin. Je vogue vers une journée de travail alimentaire. Une routine bien huilée.

Rien de bien extraordinaire en soit. Je ne suis pas le seul.

Elle, elle dévore un croissant au chocolat. Nous sommes côté fenêtre. Nous observons les décors de notre routine défiler.

Au moment où je la regarde dans les yeux elle fait de même. En une fraction de seconde nous retournons au décor. Comme si le fait d'entrevoir nos âmes à travers nos yeux était de trop. Par timidité? Par conséquences sociales ? Par l'envie de stagner dans notre confort usuel?

Je n'ose pas trop la détailler, cela me semble violent. Pourtant j'en ressens une envie incontrôlable.

Alors mes yeux ricochent sur les reflets de la vitre, se baissent et remontent, esquissant des gestes qui tentent maladroitement d'être naturels. Que cela doit être gros me dis-je.

En la détaillant comme je peux, quelque chose se réveille en moi, une envie que je croyais disparue.La nécéssité de lui parler. Car elle est belle.

Elle est petite, brune, porte des lunettes, un chemisier à pois, et un jean.

Mais je vois sa beauté dans sa manière qu'elle a de porter son croissant à la bouche,dans ses gestes délicats, empruntés. Dans ses mouvements qui semblent épouser le rythme de la vie à la perfection.

De la délicatesse, trop rare.

Tant d'harmonie dans tout cela. Et je suis le seul spectateur. Je m'estime privilégié.

Je descends au troisième arrêt. Peut-être descend-t-elle au prochain?

Je n'ai jamais abordé une inconnue dans les transports publics. D'abord parce que cela me semble agressif. Ensuite parce que si j'étais une fille je ne pense pas que je réagirais positivement.

Alors je m'imaginais un scénario. Je lui dirais: "Bonjour, je m'appelle Nicolas et vous ?"

Après avoir eu son nom avec un peu de chance, je lui dirais: "Voulez-vous jouer avec moi?"

"Jouer à quoi?" me répondrait-t-elle.

"Retrouvons-nous lundi prochain à 18H par hasard à tel bar en nous inventant des prénoms et vies complètement imaginées. Jouons à être autres. Imaginons nos rêves et racontons-les-nous à l'un l'autre."

Je trouvais l'idée excitante et attirante.

Perdu dans ces réflexions, et au moment où je m'apprêtais à prendre mon courage à deux mains, les portes du train s'ouvraient et je la vis s'échapper à mes divergences. Sans un regard en arrière.

Depuis, j'espère la re-croiser un jour. J'espère pouvoir lui proposer de se rencontrer sans être nous-même.

Afin de pouvoir jouer et s'évader. Et renaître.

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