117

4 minutes de lecture


Lundi 18 mars 2019


Hans et Alice débarquèrent à neuf heure pétante chez la chancelière, dans son appartement du quartier de Champel. La mère de trois enfants leur ouvrit la porte. Habillée en simple training et débardeur.

- Bonjour, fit-elle, visiblement surprise.

Les trois s'installèrent à la table de la cuisine.

- Ça tombe bien, madame, fit Hans en faisant claquer ses mains sur la table. Et si vous faisiez carte sur table?

- Sur table ?

Hans et Alice s'étonnèrent de la placidité de ton de la chancelière. Elle savait que Patrick Cheland était dans le coma, qu'il était grièvement atteint dans sa santé, qu'il risquait de mourir. Et elle ne semblait pas plus perturbée que ça. Même qu'elle ne semblait pas se douter de la raison de leurs présences.

- Patrick Cheland. Vous avez couché avec lui à Madrid lors de votre voyage au mois de janvier?

- Oui.

Il y eut un silence. Hans et Alice étaient franchement surpris par la réponse immédiate et sans hésitation de la chancelière. Hans finit par acquiéscer donc :

- Bien. Comme ça, ça c'est clair. Votre mari le sait?

- Bien sûr que non.

- Bien. Vous êtes au courant que Sabina Cheland est pour l'instant soupçonnée de tentative de meurtre sur son mari. Suite à la découverte de message équivoque échangé entre vous et le conseiller d'état.

- Non. Vous me l'apprenez, inspecteur.

Alice et Hans relevèrent alors la première perturbation dans son comportement. Une gêne.

Alice poursuivit:

- Vous deviez tout de même être parfaitement consciente des problèmes que cette liaison pouvait engendrer.

- Nous étions tous les deux parfaitement en accord avec ce que nous faisions...

Il y eut un silence. Elle avait avoué. Et puis ? Alice et Hans semblait se poser cette question : «  Et puis ? Maintenant ? »

- Vous faites du yoga ? demanda alors Alice. Elle avait remarqué le tapis de gym, par terre. Et la tenue de la chancelière était tout-à-fait celui que l'on met quand on fait du yoga.

- Oui. La salutation au soleil.

- Moi aussi, je la fais de temps en temps.

Anna se tourna vers Hans :

- Et vous, vous faites du sport ?

- Euh...de temps en temps, je cours un peu...

La suite de l'entrevue avec la chancelière fut des plus étrange. Ils parlèrent de tout et de rien. Comme si les deux inspecteurs s'étaient retrouvés un peu bête et penaud après l'aveu d'Anna Paguel de Widen.


Ils prirent congé de la chancelière, s'engouffrèrent dans le tout petit ascenseur, s'installèrent à bord du gros 4x4 de Hans. Sans échanger le moindre mot. Et puis, Hans dit à Alice :

- Et si « E », c'était la chancelière ??!!

Alice eut un éclat de rire étonné.

- Non mais ! T'es sérieux là ?!

- Hum...écoute...c'est pas impossible. Elle revendique un changement, non. Elle veut que les choses bougent. Que les jeunes suisses prennent leurs destins en mains. Alors pourquoi est-ce que elle ne serait pas en désaccord avec la gestion de l'emploi du gouvernement. Et pour Amir Bendi ! N'avait-t-elle pas elle-même le dossier en main. Et elle est la mieux placée pour être au courant des manies et habitudes des conseiller d'État, par exemple que Jean Delcourt est un fou de la commande via internet...

Alice se montra tout-d'un-coup intéressée. Et elle pensa que Hans avait peut-être effectivement un don. Peut-être voyait-t-il des choses que les autres ne voyaient pas ? Cependant :

- Mais Hans. Concrètement. Comment aurait-elle procédé ?

- ... ?...je sais pas...de toute façon, je pense qu'elle a un complice...

- Non mais, t'as l'air sûr de toi là ! Tu ne parles même pas au conditionnel...

- Non mais, c'est une façon de parler, Alice ! Prenons par exemple, l'agression sur Patrick Cheland. Il faut vérifier si elle a bien été à Copenhague. Et même si elle y a été, c'est son complice qui a pu œuvré, lui donnant un parfait alibi...

- Mais Hans, de toute façon, est-ce qu'il n'aurait pas fallu être deux ? Il y a eu quelque chose d'étrange, rappelle-toi. La golf repart à toute vitesse direction Versoix, et une voiture veut la prendre en chasse, et comme par hasard, un véhicule qui était stationnée là, s'intercale entre lui et la golf, et maintient une vitesse de 30km/h, qui est d'ailleurs la vitesse autorisée sur ce tronçon à cause des travaux sur la route Suisse. Et vu qu'il n'y a qu'une piste, encore à cause des travaux, malgré les klaxons du poursuivant, la voiture n'accélère pas, la personne qui voulait rattraper la golf est coincée...

- Ouais, je vois ce que tu veux dire. Cela pourrait signifier que la voiture qui respecte les 30 km/h est un complice, pour permettre à l'agresseur de s'échapper.

- Ouaips !

Hans avait mis sa carte de démarrage en place, mais n'appuyait pas encore sur le bouton « ON » pour démarrer le moteur.

- On met la chancelière sur surveillance H24. C'est Nicolas qui s'y colle...

- Il va être ravi...

Hans sourit.

- T'es sérieuse là ?

- Oui. Anna Paguel de Widen est diablement agréable à regarder...

- Hum...ouais...c'est pas faux...

- Et vu que c'est l'activité préférée et number One de Nicolas...

Hans appuya sur « ON ». Mais on entendit à peine le puissant moteur.

- ...Et toi, Alice, tu...aimes bien la regarder, la chancelière ? Tu veux prendre la place de Nicolas ?

- Oh dis donc, Diae a été choqué aussi, tu vas pas t'y mettre...


Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Dam Filip ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0