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Hans tourna la clé dans la serrure de la porte de son appartement à 19h30. Il enleva ses chaussures de ville, sa veste, défit sa cravate, attrapa une bière dans le frigo. Et s'écroula de fatigue dans le canapé en cuir bleu du salon. La journée avait été si riche en événements, qu'il aurait bien souhaité pouvoir commander une pizza napolitaine et se la faire livrer. Puis la manger devant un programme de télé si possible un tant soit peu divertissant. Malheureusement, l'endroit où il nichait se trouvait juste un peu trop loin pour la société PizzaHome. Il buvait par gorgée régulière sa Heineken et tentait de lâcher un peu ses pensées pour qu'elles le lâchent, lui. Le laisse un moment tranquille, retrouver un peu de force d'esprit pour affronter le coup de téléphone auquel il ne pourrait se soustraire. Et auquel il avait pensé ce matin, dès le « j'accepte » sorti de sa bouche...

La nuit tombait. Il pouvait deviner depuis la baie vitrée de son salon, et à travers la haie de bambous du jardin, les montagnes qui lentement s'effaçaient, absorbées par l'obscurité, et les lumières de la ville qui apparaissaient. Il posa sa bière, il en restait encore un peu, par terre sur le tapis et sélectionna un nom sur son samsung : Klara. Trois sonneries plus tard, on décrocha à l'autre bout de la Suisse.

- Allô Hans chéri, fit une chaleureuse voix féminine. En suisse-allemand.

- Salut Klara, répondit Hans. Tu vas bien ?

- Oui, ça va ! Peter veut te dire quelque chose.

- Alors passe-le-moi !

Quelques seconde après, le fils de 3 ans de Hans et Klara, posa sa question d'une voix timide :

- Papa, quand-est-ce que tu rentres.

Hans éclata de rire, avec toutefois un petit petit pincement au cœur.

- Peter ! Toi tu sais poser les bonnes questions ! Il rit encore et se disait que c'était comme dans ces mauvaise séries américaines. La classique scène vue et revue mille fois où le père absent converse avec son enfant et où ils finissent tous les deux se par dire, invariablement, qu'il s'aiment. Et cette scène qu'il critiquait gaiement à chaque fois qu'il en avait l'occasion, en cet instant, il la vivait !

- Alors Peter, c'est un peu compliqué... mais ce sera pour bientôt... (un week-end sur deux, Hans le passait en Thurgovie)... dans 10 jours exactement...

- Mais quand c'est que tu reviens vraiment pour de vrai ? Son père attrapa de sa main gauche la canette posée sur le tapis.

- Ce ne sera pas pour tout de suite, Peter, mais un jour je reviendrai définitivement, je te le promet...maintenant est-ce que tu peux me passer maman. Hans voulait rentrer dans le vif du sujet, mais évidemment pas avec son fils.

- Je t'embrasse fort Peter, fit-il encore. Mais Peter ne fit pas comme dans les séries américaines, il ne répondit rien du tout et donna le téléphone à sa maman.

- Oui, Hans, qu'est-ce que tu veux me dire ?

- Mon chef m'a proposé de me mettre sur une nouvelle affaire...et... j'ai accepté... Il y eut un silence en Thurgovie, puis, Klara, légèrement agacée :

- Tu as accepté d'être sur une affaire ???

- Oui. - Mais c'était pas prévu !! Tu devais faire un stage de six mois et revenir le 1er novembre !!

- Oui mais.... - Et cette affaire ! C'est quoi ??!! Un truc qui sera vite réglé ???!!!

- Euh...peut-être. - Hum ! Oui alors là, je la sens pas du tout ! Hans, t'as deux enfants de 3 et 5 ans qui t'attendent, attendent un père à la maison...

- Mais Klara !... - Pas un père deux fois par mois, et toi tu acceptes une affaire... ??!! - Mais c'est quelque chose de vachement important pour moi...

- Plus important que tes enfants !? Plus important que moi !? (Hans finissait sa bière) Plus important que la construction d'une famille !!?? Alors, tu as intérêt à classer cette affaire rapidement...

- Des menaces ?! Laisse moi au moins dire deux mots !

- Je t'écoute !

- C'est une affaire qui peut-être importante pour moi, c'est une impression, un sentiment, une intuition que j'ai, et je sens que mon chef a une grande confiance en moi et...

- Foutaises ! Il t'a flatté et t'as pas sut résister ! L'inspecteur Hans Pfäfi ! Tu te vois déjà dans les journaux ?! Tu sais que j'en ai rien à foutre de la célébrité, de la carrière...

- T'en as rien à foutre de ma carrière ?? Il y eut un temps mort des deux côtés.

- Ta carrière ne doit pas empiéter sur l'équilibre de ta vie et de ta famille ! Hans ! Cette phrase fit figure de conclusion à l'échange fougueux entre les deux époux. Hans ne savait pas quoi dire, mais savait qu'il ne reviendrait pas sur sa décision.

- Je te rappelle demain, Klara. Peut-être que nous y verrons plus clair demain au poste.

- Ok !...Tchüss... Hans posa le portable sur la table basse et soupira profondément. Mais finalement se dit-il, les choses s'étaient pas trop mal passées. Il connaissait Klara, et savait que le ton sur lequel elle avait prononcé ses derniers mots était un ton malgré tout. Constructif.

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