Restaurant

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Quelques jours plus tard, alors qu'Esmé termine un élixir de tourmaline pour améliorer son sommeil, quelqu'un descend l'escalier. Elle est surprise une première fois car personne ne descend sans qu'on la prévienne puis une seconde fois quand elle voit qui arrive dans son antre. Yvan Lorvignol est là. Il est en pantalon de costume gris foncé associé à la veste assortie avec une chemise blanche légerment ouverte. Chic et décontracté.

- Je viens payer ma séance en vous emmeneant au restaurant.

Esmé le regarde intriguée.

- Il est une heure et demi.

- Je sais, mais je n'ai pas mangé et vous non plus.

- Comment le savez-vous ?

- J'ai des informateurs, dit-il en jouant des sourcils.

Elle rit.

- Dois-je me changer ?

Yvan la regarde.

Sa robe bordeau en velour, touche le sol. Mais avec des talons, elle ne devrait pas. Elle fera tout à fait l'affaire pour un restaurant. Son décolleté plongeant laisse entrevoir le début de sa poitrine sans trop en dévoiler. Ses manches longues la protègeront du soleil qui tape aujourd'hui. Quoiqu'il réponde, elle ira comme ça.

- Non c'est très bien, dit-il finalement.

Après avoir recupéré des chaussures, ils partent. Ils se dirigent à pied vers la rue où l'on trouve une grande partie des restaurants de la ville. Comme il est bientôt quatorze heure, beaucoup de ceux-ci ont déjà fermé leurs cuisines. Ils finissent par trouver un restaurant encore ouvert. Ils s'installent à une table. C'est un restaurant de cuisine orientale. La pièce est joliment décorée de grands drapés rouge et orange. Pendant qu'Esmé s'émerveille sur la salle, Yvan commence à lui poser tout un tas de question pour "nourir son reportage". Son vrai prénom, son âge, quand est-ce qu'elle a commencé. Esmé répond simplement, sans mentir. Elle explique donc qu'elle a commencé à se donner complètement à la sorcellerie à la mort de son petit ami, qu'elle a trente-deux ans et qu'Esmé est son vrai prénom car elle aime celui-ci et qu'elle ne voulait pas changer. De la mort de son ami découle beaucoup d'autres questions. Elle répond :

- Je ne considère pas ça comme une religion, ni comme un don. C'est plus comme une ouverture d'esprit. Chacun pourrait le developper. Il s'agit de laisser place à son intuition et de lui faire confiance. Tenter de se connecter avec l'univers, la nature et ce que le monde nous offre. Je pense même que ça peut être associé à une religion.

Yvan la regarde attentivement, les coudes sur la table et les mains jointent sous son mentons. Il ne prend pas de note. Quand Esmé a finit, il ne reprend pas la parole, un silence s'installe. Elle prend les devants :

- Et vous, laissez-moi en savoir un peu plus. Quel âge avez-vous ?

Il sort de son état pensif avec un rictus. Il replace sa serviette qui n'en avait pas besoin et dit :

- Je croyais que mes mains vous avait dit pleins de choses. Et vous êtes voyante, pourquoi je vous donnerai mes réponses ? demande-il en jouant, mal, le doute.

- Je ne suis pas voyante, répond-elle embêtée et consciente qu'il fait exprès, mais je dirai... que vous avez quarante-cinq ans.

- Aïe, quarante-deux.

- Il ne fallait pas me laisser deviner si trois ans de plus vous dérange, le provoque-t-elle gentillement.

Il laisse échapper un rire puis ne dit rien. Ils se regardent, dans les yeux, quelques secondes qui parraissent des minutes. Yvan sort de ce moment en passant une main sur sa bouche comme pour réprimer une envie. Il regarde autour d'eux, et lance :

- Ca fait un moment qu'on attend non ?

- Je vais aller voir, dit Esmé tout en se levant.

Elle en profite pour aller aux toilettes et se passer de l'eau sur ses joues qui lui chauffent le visage. Elle sort rapidement et va au guichet d'accueil où un jeune homme passe son temps sur son téléphone.

- Excusez-moi, ça fait un petit moment que nous attendons, il y a un problème ?

Sans vraiment lâcher son regard du téléphone, il lui dit d'un ton détaché :

- Le chef ne veut pas vous servir.

- Pourquoi ça ? intriguée autant par le comportement de ce soi-disant commercant que parce qu'il vient de dire.

- Votre mari, il dit des saletés sur notre religion et sur notre pays. On sert pas ce type là.

Il explique ça comme il expliquerai pourquoi il n'achète pas des fruits qui viennent de pays éloignés. Un peu agacée, elle ne relève même pas la méprise. Elle comprend qu'il n'y a rien a faire, elle part donc en lâchant un merci qu'elle aurait préféré ne pas dire.

Elle prend son air bienveillant, revient à table et dit à Yvan tout en prenant ses affaires.

- En fait ils ne servent plus. Le jeune s'est trompé tout à l'heure.

Yvan fronce les sourcils.

- Pourquoi il n'est pas venu nous le dire ? demande t-il sans bouger.

- Je ne sais pas, dit-elle rapidement, on y va ? le presse t-elle.

Elle lui tend la main, Yvan la considère intrigué et Esmé s'aperçoit de son geste et se ravise. Il finit par se lever et ils partent du restaurant.

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