20. L'histoire de Mademoiselle S

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Mélina s’est absentée pendant un certain temps puis je suis parti en vacances en famille à la toussaint... elle me manquait, je lui ai envoyé une histoire par mail. Pour qu’elle sache que je pensais bien à elle. L’aventure imaginaire de Mademoiselle S :

Mademoiselle S. pénètre avec une certaine appréhension dans le hall de l’hôtel. Il n’est pas grand mais la décoration intérieure lui donne l’impression de rentrer dans un cocon douillet : meubles patinés, murs peints en crème avec de grandes tentures pourpres, tapis épais qui étouffent les pas. La voici rassurée. Le choix du lieu semble idéal. Elle demande la chambre n° 7 :

- Vous êtes attendue, Mademoiselle, lui répond la femme derrière le comptoir en bois foncé.

C’est une grande blonde avec un sourire accueillant. Mademoiselle S. croit surprendre un peu de malice au coin de son œil. Mais non, c’est son imagination, c’est une belle femme et c’est son métier d’accueillir les gens en souriant, voilà tout.

L’ascenseur la fait monter doucement au 7ème étage. Elle se rappelle l’appartement où habitait son premier amoureux. Une chambre de bonne dans un immeuble haussmannien aux confins du 16ème arrondissement. Un ascenseur antédiluvien avec une porte en fer forgée et une protection en croisillons de bois qui se déployait comme un accordéon. Un petit banc recouvert d’un velours vert passé et usé. Le temps infini qu’il mettait pour monter. Puis cette enfilade de couloirs sombres recouverts d’une moquette défraichie. Dès qu’il lui ouvrait sur la porte, ils tombaient sur le lit, la chambre était si petite. Il la déshabillait, elle se laissait faire, elle regardait le ciel par la lucarne. Elle se souvenait de sa douceur. Mais plus vraiment si elle avait ressenti du plaisir… Plus tard elle s’était mariée. Et maintenant, qu’est ce qui la poussait à venir chercher des plaisirs interdits ? Mademoiselle S n’osait se l’avouer complément, mais sa vie de couple l’ennuyait, elle voulait vivre plus. Pour autant elle ne se sentait pas Madame Bovary. Elle se sentait elle-même en train de s’affranchir, de s’épanouir.

La preuve, elle ressent à peine une pointe de culpabilité en franchissant la porte de l’ascenseur. Ici, d’épaisses moquettes dans le couloir haut sous plafond. Ses pas assourdis par leur moelleux. Au fond à gauche, chambre numéro 7. Elle déglutit. Elle ne devrait pas hésiter mais pourtant elle hésite. C’est elle qui a suscité ce rendez-vous, et qui a insisté pour réaliser cette rencontre. Et qui en a accepté le déroulement. Selon son scénario à lui.

Elle frappe à la porte. Elle entend un pas qui se rapproche. La porte s’entrouvre sur une main qui tient un foulard. La main est plutôt fine, avec ses longs doigts. Elle reconnait les lunules aux courbes presque parfaites qui lui avait plu sur ses photos. C’est bon signe. Car elle ne l’a vu qu’en photo jusqu’à présent. Ses mains donc, belles selon elle, et sa silhouette, mince et musclée. Avec un loup sur son visage qu’elle a trouvé avenant malgré tout. Et à part les nombreux échanges qu’ils ont eu sur ce site de rencontres, ils ne se sont jamais parlé en réel…

Elle prend le foulard qu’il lui tend et le bande sur ses yeux. Ainsi aveuglée, elle a le droit de rentrer dans la chambre. La main de l’inconnue attrape la sienne et la guide dans la pièce. Elle sent sa chaleur agréable et la douceur de la peau. En même temps elle sent sa force et la volonté de la mener là où il le décidera.

Il la fait asseoir sur le lit. Elle se met à respirer un peu plus fort qu’elle ne le voudrait. Mais l’homme s’éloigne du lit. Il chuchote : « ne bougez pas, j’arrive »

Elle entend la porte qui s’ouvre puis se referme.

Elle ne bouge pas. Ella a accepté ce jeu et ce n’est pas maintenant qu’elle va s’y soustraire. Elle sent une chaleur monter en elle, depuis son ventre jusqu’à sa poitrine. Une petite perle de sueur se forme sur le bord de sa tempe droite. Elle se force à respirer calmement. Elle se lève légèrement pour lisser sa jupe sous ses cuisses, quand ses doigts frôlent l’arrière de son genou, elle se trouve chaude et se rappelle qu’elle est seule dans une chambre avec un inconnu qu’elle ne connait que par mail et qu’elle n’a pas de culotte sous sa jupe…

Mais quand même, elle n’a jamais vu ce type ! Et si c’était un malade mental sous ses airs de garçon poli et bien élevé… Oui d’accord, ils ont échangé des mails et il écrit plutôt bien, elle a déjà éprouvé des sensations, des papillons dans le ventre, rien qu’à lire ses envies couchées sur le papier, enfin sur l’écran de son ordinateur plutôt… La dernière fois, c'est-à-dire il y a deux jours à peine, elle a même ressenti un désir si subit avec un brutal pic d’intensité, qu’elle a cru jouir sans même s’être touchée… c’est retombé aussitôt, il n’empêche, elle en est encore toute chose.

Mais tout de même, si c’était un psychopathe ! Il l’aurait appâté ici, pour assouvir son fantasme soi-disant, mais en réalité pour assouvir son désir à lui, pour le plaisir de faire souffrir, pour le goût du sang, ou l’envie de tuer, comment savoir avec les déséquilibres de chacun ?

Mademoiselle S. peut encore rentrer chez elle et retrouver son mari et le confort de sa vie conjugale. Il lui suffit de retirer son foulard, de se lever et de sortir par la porte. Mais alors elle ne saura jamais si ses papillons sortiraient vraiment de leur chrysalide…

Non, s’il avait été malade, il ne serait pas parti ainsi alors qu’il venait de la ferrer, et qu’elle était à sa disposition enfermée dans une chambre. Et si au contraire, il avait fait exprès pour la laisser se détendre et faire tomber ses défenses, la laisser croire qu’il n’était pas fou ; la preuve, elle avait toujours le choix de partir…

Elle raffermit son courage. Non, c’est moi qui lui ai donné cette idée quand la seule fois que je l’ai aperçu sur skype, il portait un loup sur ses yeux, qui le rendait terriblement plus attirant que si elle l’avait réellement vu. Il était élégant et semblait charmant, avec une silhouette sportive et des mains fines et puissantes à la fois. Il avait laissé la caméra une dizaine de secondes, mais elle avait senti une force en lui, mais aussi un charme, qui lui avait fait proposer ce rendez-vous où elle viendrait les yeux bandés.

Il est trop tard de toutes façons, Mademoiselle S. entend la porte se rouvrir et un pas pénétrer dans la chambre sur la moquette épaisse. A moins que… non, ce ne soient deux pas sur la moquette, deux démarches différentes. Elle a l’impression de ressentir deux vibrations différentes sur le sol, deux poids différents... mais ce n’est sans doute que son imagination…

Au moment où elle pose sa main sur son bandeau pour le retirer, elle sent la chaleur de sa paume sur sa main à elle. « Ne vous inquiétez pas, c’est moi », murmure-t-il à son oreille. Assise au bord du lit, elle se laisse faire, alanguie.

Il pose ses lèvres dans son cou et en imprimant une légère poussée avec son corps, il la bascule contre le lit, où elle se laisse aller troublée. Il met son visage au-dessus d’elle, mais à l’envers, en lui attrapant les deux bras fermement. Il l’embrasse. Elle, le torse allongé, les jambes pliées touchant encore le sol, lui à l’envers, à moitié allongé, les mains explorant, son cou, sa poitrine, et son ventre, déclenchant des vagues de sensations montantes.

Elle enroule avec délice la langue de son amant mystérieux autour de la sienne, et adore ces picotements qu’elle ressent partout en elle, tout ce flux de sang qui parcourt son corps en entier et la fait se sentit vivante, si vivante, tellement pleine et entière dans le monde.

Soudain, elle sent une autre main toucher sa cuisse à travers l’étoffe de sa jupe. Elle se contracte et émet un petit cri étouffé par la bouche de son amant.

« J’ai invité une amie, ne vous inquiétez pas, comme prévu, comme vous aviez dit aimer les surprises… elle est très douce, laissez-vous aller »

Mademoiselle S se raidit et son corps se fige. Elle se sent comme la fois où, adolescente, elle s’était retrouvée debout sur le rocher, au-dessus de la mer, avec ses les autres qui criaient. Elle y était montée par défi, et une fois là-haut, elle s’était pétrifiée. Incapable de reculer. Incapable de sauter. Pareil ici, elle voudrait pouvoir réagir mais elle ne peut pas. Elle ressent le contact de cette main de femme comme une intrusion. Elle n’a jamais eu de relation charnelle une femme, à part un petit baiser volé sur la bouche avec une copine à 20 ans, lors d’une soirée étudiante. Elle en a désormais 29, et elle comprend soudain qui est cette invitée surprise, la réceptionniste bien entendu !

Elle la visualise. Elle ne lui a jeté qu’un coup d’œil à la dérobée, et croyait n’en avoir aucun souvenir, mais elle se remémore une silhouette fine et longue. Sa blondeur bien sûr et son sourire innocent, faussement innocent… Un petit pendentif en or qui attirait nécessairement le regard, il brillait entre ses deux seins dans un décolleté très échancré. Et ce qu’elle avait vu était une jolie poitrine galbée et soyeuse. Elle doit être un tout petit plus jeune qu’elle. Sans doute 22 ou 23 ans, elle doit finir ses études, des études longues, oui ça lui plait d’imaginer que cette jolie plante soit aussi une fille intelligente : mens sana in corpore sano.

Contre toute attente, et presque malgré elle, elle sent son corps se relâcher entièrement et se détendre. Une vague de chaud venue de l’intérieur de son ventre se répand tel un tsunami le long de chaque partie d’elle-même. Et exploser comme des bulles à la surface, sur chaque millimètre carré de sa peau. Elle comprend, non pas avec son cerveau, mais avec ses sensations, qu’elle a perdu toute appréhension. Elle sait qu’elle peut se faire confiance et se laisser aller entre leurs mains. Comme cette fois-là dans la mer Méditerranée, où elle avait fini par sauter dans l’eau les yeux fermés, en hurlant avec un sentiment d’immense libération.

Alors, Mademoiselle S, les yeux bandés par un foulard, ne pense plus. Elle écarte les bras et plonge. Les yeux fermés, elle sent son corps s’enfoncer dans les eaux chaudes d’un océan de plaisir, dans lequel elle fusionne.

L’inconnue pose sa deuxième main sur son autre cuisse pour l’écarter légèrement. Ses mains sont chaudes, elle a les doigts incroyablement doux et leur contact l’électrise. Mais quand sa bouche frôle la peau de ses cuisses, elle ne peut retenir un petit cri. Son amant l’embrasse tout en caressant sa poitrine.

Elle sent d’autres mains caressent ses jambes. Elle ne sait plus qui est qui, et adore cette sensation nouvelle, quatre mains et deux bouches qui la parcourent… elle a envie de feuler déjà, des vagues chaudes soulèvent sa poitrine par intermittence. Son amant remonte son petit top moulant vers le haut et découvre la peau de son ventre. Elle a conservé un joli soutien-gorge noir élégant mais sans fioriture.

La réceptionniste effleure sa peau en faisant des ronds sur l’intérieur de ses cuisses, des spirales qui remontent toujours plus hauts, plus hauts. Elle a soulevé sa jupette et la maintient de ses doigts sur son ventre : elle ressent une sensation de chaleur intense sur chaque attouchement de ses doigts sur elle. Elle n’est plus un corps mais une onde multiple qui ondule.

Mademoiselle S. veut toucher les cheveux de cette jolie blonde en manière de remerciement, mais l’homme lui retient les bras, et elle aime encore plus cela, cette sensation d’être dirigée, de ne rien pouvoir faire d’autre que de prendre du plaisir et d’offrir son corps à d’autres.

Elle aimerait que cela dure toute la journée, toute une vie, elle pourrait rester ainsi, et que jamais ne finissent ces caresses où elle s’abandonne.

Elle sent une petite pression humide, son amante a sorti sa langue et la lèche comme si elle dégustait un met délicat. Elle remonte sur chacune de ses cuisses, l’une après l’autre, et cette mouillure la brule de désir. Mademoiselle S. se cambre, et l’homme en profite pour lui dégrafer son soutien-gorge.

La femme prend bien soin de contourner la fente luisante qui irradie comme un petit soleil, de façon à l’énerver, à la faire languir, à faire monter encore et encore son désir. Mademoiselle S. se cambre, elle voudrait bien qu’on la mange.

Son amant, prend un téton en bouche et le titille, et le suce comme un bonbon. Avec ses mains, Mademoiselle S. essaye de toucher son sexe durci dans son pantalon, mais il la repousse.

- Laissez-vous faire, donnez-vous, ne pensez pas à notre plaisir.

- Mais j’aimerai aussi sentir votre désir.

- Soyez patiente.

Elle se lâche et s’offre entièrement. La femme, enfin, pose ses lèvres sur sa fente toute emmiellée. Hmm. Et sa langue s’immisce, touche le petit bouton rosé plein de rosée, chaud et tressaillant, le torture doucement, tout doucement.

Mademoiselle S. a le sentiment de décoller… Elle surfe sur une vague de plaisir, elle voudrait que cela dure le plus longtemps possible. La langue de la réceptionniste, s’infiltre dans la fente humide entre ses lèvres verticales et elle l’accueille, la reçoit en grand comme il convient aux invitées de marque. Elle est une offrande, un bonbon sucré, une sucrerie et son invitée a le droit de la manger à son rythme.

Elle ne pense plus à rien, elle embrasse son amant inconnu qui porte un loup et la langue d’une jolie réceptionniste lui fait monter des cris d’extase de ses entrailles.

Maintenant la langue se concentre uniquement sur son petit clito tout bombé de fierté, opérant de lents mouvements de bas en haut, faisant des pauses soudaines, pour l’obliger à implorer Encore. Et elle miaule encore, comme une chatte en chaleur : « Encore ». Avec la fin de la syllabe qui se perd dans des sonorités chantantes, des vocalises, qui s’arrêtent un instant quand la langue reprend son mouvement.

Elle voudrait que ça dure toujours, mais elle sait qu’elle ne peut plus se retenir. Elle halète, elle griffe le dos de l’homme, de ses talons posés sur le lit elle pousse pour monter sa chatte vers la bouche de sa tortionnaire de plaisir. La réceptionniste saisit son bouton entre ses 2 lèvres et le suce comme si c’était un petit sexe d’homme. Elle adore et aucun homme ne lui avait jamais fait cela aussi agréablement.

Elle sent qu’elle va… Oui, elle va… elle vient, la vague monte, monte et l’emporte, elle vient avec elle, en criant de joie.

Quand elle atteint l’orgasme, elle feule comme une vraie chatte. Mais elle est la seule à avoir atteint le plaisir, et les deux autres ont toujours pleinement envie.

… A suivre

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