Avant-propos

2 minutes de lecture

La roulette russe, vous connaissez ?

Le principe est simple.

Prenez un revolver type Smith&Wesson modèle 686 International, calibre 357 Magnum avec barillet six coups. Insérez une seule balle au hasard dans l’une des chambres. Faites tourner le barillet un instant puis refermez-le d’un coup sec du poignet. Pointez le canon sur la tempe de votre choix, gauche ou droite, cela n’a plus d’importance à cette étape du jeu (cependant il est conseillé de privilégier la main dominante). Armez le chien. Actionnez lentement la détente jusqu’au départ du coup. Soit la chambre est vide et un simple « clic » vous le fera comprendre, soit il y a la balle et là… je vous laisse imaginer la suite.

Cette épreuve suicidaire et stupide m’est revenue en tête hier vendredi, le 26 Octobre 2018 exactement. Il devait être quatorze heures quand le toubib a pointé le canon sur ma tempe. Le coup est prêt à partir et la balle est dans la chambre. La vie est comme la roulette russe, suicidaire et stupide.

Je préfère donc vous prévenir dès le début.

Je suis très énervé.

Je vous rassure, ma colère n’est pas spécialement dirigée contre vous. Vous n’y êtes pour rien. Personne n’y peut rien d’ailleurs, c’est bien là le problème.

Cela dit, ça ne m’empêche pas d’en vouloir à la terre entière.

Aux riches, aux pauvres, aux vieux cons, aux vieilles rombières, aux jeunes branleurs, aux mythomanes, aux zoophiles, aux pédophiles, aux banquiers, aux politiques, aux garagistes, à la couche d’ozone, au réchauffement climatique, à la pollution, aux réseaux sociaux, à la Silicon Valley, aux IPhone, à Amazon, à mes parents, à Benjamin, à Franck, aux enfants mal élevés, à Dolto, au Professeur Poireau, à Nolhembec, à la maladie, à Louisa, à Arthur, à Sarah et surtout à moi-même.

Dans mon cas, comme dans beaucoup d’autres, on a tendance à rechercher un coupable sans jamais le trouver. C’est assez énervant de se dire que personne n’est responsable de ce qui vous accable. On a beau entendre « ça aurait pu arriver à n’importe qui » ou encore « vous n’y êtes pour rien, la vie est mal faite », tout ça n’est pas très rassurant.

Peu importe ce qu’on me dit, l’évidence est là, sous mes yeux, et je ne peux pas l’ignorer. C’est comme une enclume, un fardeau qu’on ne peut pas poser, un boulet qu’on traine au pied. Une étrange sensation de vide.

C’est pour cette raison que je suis énervé. Je ne cherche pas d’épaule sur laquelle pleurer. Je ne veux aucune pitié de votre part, je n’en aurais pour personne. Je veux juste être énervé. Ça me fait du bien. Ça calme mes douleurs. Ça allège ma conscience.

Ça permet de me sentir encore vivant.

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