Les jours s’étaient succédé et Shayla avait l’impression que les sept dernières années avaient été balayées d’un revers de main tant discuter avec Lucia lui semblait naturel. Elles parlaient, rigolaient et se chamaillaient comme elles l’avaient toujours fait. Au début, il arrivait quelques fois que la rousse se sente gênée lorsque la blonde était trop près, les souvenirs de leur séparation lui revenant en mémoire, mais elle avait fini par s’habituer à cette présence lumineuse et pétillante dans son quotidien. Il fallait dire que Lucia faisait tout pour qu’elles passent du temps ensemble comme avant et retrouve leur complicité d’antan. Pas une seule fois, elle n’avait fait référence au baiser ou à leur dispute. Pas une seule fois, elle lui avait fait sentir qu’elle lui en voulait pour l’avoir rejeté aussi froidement.

— À quoi tu penses assise là à regarder le vide ? demanda-t-on dans son dos, coupant court à ses réflexions.

— Rien de particulier, je me disais juste que c’était étrangement calme aujourd’hui.

— C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup de visiteurs pour le moment, nota Lucrécia en s’asseyant à ses côtés sur le banc.

— Et tous les animaux semblent aller au meilleur de leur forme. Je suis donc libre jusqu’à nouvel ordre.

— Que dirais-tu de faire le tour du zoo comme on le faisait quand on était petite ? Ça nous occuperait en attendant que nos obligations respectives ne nous rappellent à l’ordre.

— Pourquoi pas ? En plus, ça fait longtemps que je n’ai pas profité d’une bonne balade au zoo sans avoir à m’occuper d’animaux blessés.

— Alors allons-y ! s’enthousiasma Lucia en tirant Shayla pour qu’elle se dépêche.

La blonde ne perdit pas une seconde et les guida vers l’enclos le plus proche. Shayla remarqua que ses magnifiques yeux marron brillaient comme ceux d’un enfant devant une sucette. Et son sourire aurait pu éclipser le soleil tant il était lumineux.

Elle se figea dans son observation. Que venait-elle de penser exactement ? Voilà qu’elle se remettait à penser à sa meilleure amie comme une fille devant son crush. Il fallait vraiment qu’elle arrête avec ça. Surtout que Lucia semblait être passée à autre chose et n’attendait visiblement plus rien d’elle.

— Shayla, dépêche-toi, sinon on n’aura pas le temps de tout voir, la pressa l’objet de ses pensées.

— J’arrive, ne t’inquiète pas.

Sur ces mots, la rousse la suivit dans tout le zoo, s’extasiant parfois devant son enthousiasme et sa bonne humeur bien malgré elle.