Jusqu'à ce jour fatidique. Un après-midi de mai, lorsque je faisais la cuisine et qu'elle lisait.

Le téléphone sonna. Je me précipitais dessus comme j'avais l'habitude de le faire depuis que j'attendais une réponse de Madame Irma qui ne venait pas.

Je lui avais envoyé les photos quelques semaines auparavant, sans aucune réponse.

Je décrochai : c'était Camille.

"Joël, ne régis surtout pas à ce que je vais te dire."

"Joël, je suis vraiment désolée de t'annoncer ça mais... Mireille était une de mes patientes."

Mon coeur cessa de battre. Camille s'occupait de pathologies lourdes en psychiatrie, dans un hôpital sécialisé où les patients non seulement pouvaient être attachés à des lits tellement leur degré de folie et de dangerosité était élevé, mais parfois, il s'agissait de criminels placés car leur niveau intellectuel était jugé trop "décalé" pour bénéficier d'un procès équitable".

"Ah François Henri ! Ecoute je suis ravi de l'apprendre, j'espère que vous vous portez bien !"

"Oui. D'accord. Bon. Je suis encore désolée Joël... Si tu veux on se rappelle quand elle n'est pas dans les parages ? Je t'expliquerai.... J'aurais du tilter, mais elle a changé de nom..."

"Parfait ! on se rappelle plus tard ! "

Je regardais Mireille, de dos, face au Balcon, au téléphone, ses courbes merveilleuses et ses longs cheveux bruns, soyeux, ses mains magnifiques.

Je pensais à tous mes amis et ma famille à qui j'avais annoncé que j'avais rencontré la femme de ma vie, qu'elle était magnifique, et à qui j'avais tu les qualités colériques, maniaques et mythomanes.

Je repensais à ma vanité. Celle dont j'avais fait preuve en mettant la charrue avant les boeufs.

Et je pensais :

"Je me disais bien que c'était trop beau pour être vrai."