Chapitre 57 : La charge des Highlanders

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- Ils nous bloquent.

Le visage du général Henry Havelock était soucieux. Installé à un coin de rue, alors que les maisons alentours venaient tout juste d'être sécurisées par ses hommes, il appuya d'une main sur la feuille qui menaçait de s'envoler, posée devant lui sur un tabouret. C'était un plan de la ville.

- Ils sont beaucoup plus nombreux que nous ne le pensions et bien armés, fit James Outram, debout à ses côtés.

Le regard du général se portait vers les murs de la ville. Ils avaient rencontré des difficultés à franchir le canal, puis l'avancée à travers les rues s'était faite assez aisément. Jusqu'à ce qu'ils débouchent sur la grande avenue qui traversait Lucknow. Là, ils se trouvaient désormais face au gros des troupes rebelles.

- Nous allons les contourner, dit encore Havelock. Nous allons remonter jusque sur les rives de la Gomti. Ainsi, nous n'aurons à combattre que sur un seul flanc et non sur deux si nous nous engageons plus au-delà.

- Permettez, mon général.

La voix de William MacLeod s'entendit nettement et les deux commandants tournèrent la tête vers lui.

- Mes hommes et moi passerons tout droit. Vous pourrez les contourner, comme vous le suggériez. Ainsi, leurs troupes resteront plus concentrées sur nous et vous avancerez plus aisément.

- Ce serait vous exposer peut-être inutilement, Major, fit Havelock. Nous n'avons pas à gaspiller des hommes...

- L'idée est intéressante, Henry, intervint Outram. De plus, une fois sur les rives, même si la distance à parcourir pour atteindre la Résidence est plus longue, nous devrions ainsi progresser plus vite.

Henry Havelock hésitait. L'idée soumise par William méritait qu'on s'y arrête. Il connaissait l'homme depuis peu, mais sa réputation l'avait précédé : un fonceur. Mais un homme qui savait aussi se jouer du danger, sans pour autant mettre en danger ses hommes. S'il estimait pouvoir passer...

- Major, j'accepte votre suggestion, finit-il par trancher. Mais à une condition : si vous vous rendez compte que vous ne pouvez pas avancer, que c'est trop difficile ou que vous risquez de perdre trop d'hommes, vous vous repliez et vous nous suivez.

- A vos ordres, mon général. Je vais organiser mes troupes.

Et William repartit aussitôt vers son propre régiment. Si la situation n'avait pas été aussi périlleuse, il aurait demandé à Sammy de jouer de la cornemuse, pour donner du cœur à ses soldats. Mais cela risquait aussi d'attirer les feux ennemis sur lui et William ne voulait exposer inutilement aucun de ses hommes. Il réorganisa rapidement ses troupes, plaça ses Highlanders à l'avant, suivis par les Sikhs et le reste du régiment. Lui-même irait à l'avant. Et il attendit l'ordre du haut commandement.

**

En donnant l'ordre aux siens d'avancer tout droit, William ajouta :

- Nous serons les premiers !

Puis il pensa, au plus secret de lui-même : "Alex, Nagib, si vous êtes encore là... Puissiez-vous avoir raison, mes frères, que je serai toujours quarante pas en avant !"

Ce fut comme une percée à travers la ville, les couleurs écossaises tranchant net avec les murs des palais. Ce fut aussi une ruée indescriptible, un combat furieux. Si les Indiens étaient résistants et défendaient une cause qui leur était chère, les Ecossais ne manquaient ni de courage, ni de volonté. Tous se ralliaient aussi au cri qui galvanisait les troupes depuis un terrible jour de juillet : "Souvenez-vous de Kanpur !".

Les troupes de William et celles menées par Havelock se rejoignirent à peu de distance de la Résidence. Là, les combats s'annoncèrent acharnés, mais grâce à la percée du régiment MacLeod et au contournement du reste de l'armée, une grande partie des soldats rebelles avait été prise en tenaille et ils s'étaient soit rendus, soit avaient été tués ou blessés. Tout un quartier était désormais aux mains de l'armée britannique. Le général Outram suggéra de s'arrêter là car la fin du jour approchait et les hommes étaient fatigués, mais les murs de la Résidence semblaient si proches au général Havelock qu'il voulut continuer. William l'appuya en ce sens.

Mais cette dernière distance allait être franchie au prix de la vie d'un quart de l'armée libératrice, malgré les renforts apportés par les assiégés de la Résidence qui, voyant arriver enfin leurs libérateurs, avaient rouvert la porte Bailey et étaient venus prêter main forte aux soldats d'Havelock. D'autres, massés sur les murailles, continuaient à tirer sur les rebelles qui arrivaient toujours de l'ouest. La bataille dura plusieurs heures encore, jusqu'à la tombée du jour, et l'armée d'Havelock put enfin atteindre le quartier de la Résidence.

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