Orgueil et Préjudice Jardinier partie 4

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Lydia fit la grimace mais s’exécuta néanmoins. La sensation était étrange. Elle avait foncièrement horreur du sucre dans le thé, et celui-ci était davantage un sirop de sucre avec un peu d’eau pour le délayer à ce stade, mais à mesure que le liquide coulait dans sa gorge, elle se sentait revivre. Alors qu’elle reposait la tasse sur la table, la porte du pub s’ouvrit en grand. Le sergent Macbeth traina sa carcasse fatiguée à l’intérieur, et piqua directement vers la table où Lydia était assise, suivis de près par les Gardeners, plus rouges que leurs tomates de compétition. Entre eux deux, solidement ferré par les mains des deux retraités sur ses épaules, marchait un garçon d’une douzaine d’année, le nez résolument rivé vers le sol et les joues aussi pâles que s’il avait passé sa vie sous terre – ce qui était quelque chose, même en Angleterre.

- Je crois que je vais aller jeter un œil à ma moto, déclara Anne. Je me suis garé un peu n’importe comment, et il y a déjà eu assez d’accidents pour aujourd’hui.

Elle se leva d’un mouvement fluide et disparut presque immédiatement derrière les nouveaux arrivants. Lydia ouvrit la bouche, mais son remerciement resta en suspens. Le sergent Macbeth venait de s’immobiliser juste devant elle et l’observait de son œil gris. Instinctivement, Lydia referma la bouche et baissa le regard. Le détective avait ce genre d’effet sur les gens.

- Miss Lydia, commença-t-il, sa voix de basse grondant au travers du bar. Je crois que vous connaissez déjà les Gardeners. Mais je ne crois pas que vous ayez rencontré leur dernier petit-fils, William.

Lydia hocha la tête. Elle ne savait pas trop si l’état de choc revenait ou si l’approche du sergent était par-dessus les moulins, mais elle n’était pas exactement sûre de comprendre ce qu’une entrée en matière aussi sociale avait à voir avec sa vitrine.

- Heu… Non ? hasarda-t-elle.

- William, reprit le sergent, sa voix tellement dure qu’on aurait pu casser des noix avec, s’avère être à l’âge où les enfants sont fascinés par les shows télévisés mettant en scène des « héros » du passé…

- D’accord ?

Répondre semblait la chose à faire, puisque le sergent avait laissé un blanc, mais vraiment, la libraire en perdait le latin qu’elle n’avait jamais eu. Elle chercha un soutien du regard, mais les Gardeners écoutaient le policier avec le même sérieux que s’il étant en train de présenter la rubrique nécrologique.

- Et il se trouve qu’un de ces show télévisés – à la manière dont il prononçait cela, le sergent Macbeth n’approuvait pas les shows télévisés – met en scène un groupe de hooligans spécialisés dans le vol de matériel automobile…

Les pièces du puzzle commençaient à s’emboîter les unes dans les autres. Lydia hocha doucement la tête. Elle n’était pas sûre de si elle devait répondre ou non. Heureusement Shawn, le barman, se matérialisa à côté de la table et déposa quatre mugs de thé fumant, ainsi qu’une théière pleine sur la table, lui évitant d’avoir à prendre une décision.

- Le jeune William, ici présent, a, dans un esprit d’amusement, à ce que je comprends, voulu rejouer une scène de ce show télévisé et a donc dévissé les enjoliveurs de la voiture de ses grands-parents. Etant de bonne volonté, d’après ce que j’ai compris, il a réinstallé les pièces une fois son jeu terminé, mais il semblerait qu’il ait présumé de la force avec laquelle il a resserré les boulons, ce qui a eu pour résultat que l’un des enjolivers s’est détaché alors que le véhicule de monsieur et madame Gardener arrivait au niveau de l’église. L’objet a alors dévalé la pente et est allé se loger dans votre boutique, brisant la vitrine au passage.

Là-dessus, le sergent s’écarta de la table très exactement d’un pas, et les Gardeners poussèrent devant eux un William toujours aussi pâle.

- Je crois, ajouta le sergent avec un regard appuyé vers le garçon, que William a quelque chose à vous dire.

- Je suis désolé, murmura le garçon, à peine assez fort pour que Lydia l’entende. Je n’aurais pas dû jouer avec la voiture.

- Ce n’est rien… enfin… si, c’est quelque chose, il va falloir que je répare ma vitrine, mais ce que je veux dire – décidément, pensa la libraire, elle n’avait pas de chance avec les mots, aujourd’hui – c’est que ce ne sont que des dégâts matériels. Personne n’a été blessé et c’est l’important.

Elle passa une main devant ses yeux. Soudain, elle n’avait plus qu’une envie : retourner se coucher.

- Nous apprécions votre gentillesse, déclara monsieur Gardener en posant à nouveau une main sur l’épaule de son petit-fils.

- Il va sans dire que nous prenons en charge le remplacement de cette vitrine, ajouta Mrs Gardener. Et que nous punirons William de manière appropriée.

- Ecoutez, c’est très gentil, mais…

Lydia se redressa à moitié et le monde chancela autour d’elle. Avec douceur, la main du sergent se referma autour de son bras et la guida à nouveau vers son siège.

- Merci, dit-elle, un peu penaude. Je disais : c’est très gentil à vous, mais je ne pense pas qu’une punition supplémentaire soit nécessaire. Le pauvre William a l’ai de regretter ce qui s’est passé et il n’avait pas l’intention de causer du tort à qui que ce soit.

Le garçon secoua violemment la tête de gauche à droite pour appuyer ses paroles. Il se souviendrait sans doute de cet incident jusqu’à la fin de sa vie ! Il ne restait plus qu’à espérer que dans quelques années, et Lydia et lui puissent raconter l’histoire comme une histoire incroyable qui leur était arrivée.

- Si cela ne vous dérange pas, continua Lydia, je pense que je vais aller voir comment protéger les livres, et ensuite, je crois que j’irai m’allonger un peu.

La main du sergent Macbeth se présenta devant elle, l’invitant à la prendre comme un soutien.

- Bien évidemment, dit-il d’une voix radoucie. Permettez-moi de vous raccompagner. Nous pourrons nous occuper des détails demain.

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