"En fait, il est plus facile d'écrire quelque chose de court, d'un seul jet, qu'un roman. Les romans ont quelque chose d'effrayant, d'écrasant, de fuyant, aussi, et si l'on peut le maîtriser, c'est magnifique. Je crois bien que l'on devrait inventer une forme complètement nouvelle. Quoi qu'il en soit, il est tout de même agréable de s'essayer à ce genre de textes courts, et un soulagement de n'avoir à faire que ce que l'on aime -- pas d'éditeur à qui donner son manuscrit."

Un roman, c'est long. Très long. Vu de mon fauteuil, le roman que je prépare depuis de nombreuses années maintenant m'apparaît comme une montagne à gravir, dont le sommet est invisible et les sentiers souvent occultés par des nappes de brume.

Mais encore, les idées qui foisonnent dans mon esprit représentent autant de pistes que je voudrais suivre, comme des voix intérieures qui me pressent. Pas le temps, pas le temps !

Travailler régulièrement et avec constance sur un seul gros projet est une gageure. Evidemment, les difficultés des dernières années ne m'ont pas aidées à avancer, mais n'y a-t-il pas autre chose à creuser, dans la façon dont je fonctionne ?

Ainsi, Virginia me donne cette idée : de temps en temps, travailler des textes courts, les jeter directement de mon cerveau sur le papier, sans me poser trop de questions. Ai-je déjà tenté pareille chose ?

Oui, c'est arrivé. Et chaque fois, c'était une porte ouverte sur un nouvel univers, un monde plus vaste que crée mon esprit. Dans ces exercices courts ont émergés la Capitaine Scarlet dans son utopie décarbonnée et Ermina la Peau-de-loup dans les forêts ardennaises...

Ce soulagement de faire ce que l'on aime est, pour moi, une arme à double tranchant...