Histoire d'amour et urgence

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PDV Edmond

« Bonjour Edmond, comment ça va ? »

 Je tournai la tête vers le son, qui provenait de la porte. C’était Marie-Françoise. Cela faisait une semaine qu’elle était venue, j’en gardais malgré moi très peu de souvenirs. Mon infirmière, sa fille, tous les jours me contait sa vie avec Marie-Françoise, ce qu’elle savait de moi, c’était fort agréable d’avoir de la compagnie. Je répondis, hésitant :

« … Bonjour, qui est-ce ?

- C’est moi, Marie-Françoise.

- Marie… Françoise ? Cela me dit vaguement quelque chose.

- Je suis venue il y a deux jours, ma santé le permettant, tu te souviens ?

- Il y a deux jours ? Oh, oui, je crois bien vous avoir déjà vue il n’y a pas longtemps, souriais-je. »

 Marie-Françoise m’avait apprit être atteinte d’un cancer du sein, ce qui m’attristait beaucoup.

 Chaque fois qu’elle venait, elle devait bien sûr me rappeler qui elle était, mais sa compagnie était très agréable. Elle m’avait dit, dans le peu de souvenirs restants, qu’il lui restait peu de temps avant de s’éteindre. Avec compassion, je l’avais regardée et avais dis :

« Je ne sais quoi dire…

- Il n’y a rien à dire, rassure-toi. J’ai fais mon temps, et malgré la positivité de Laurie… je suis prête.

- Prête... à partir ?

- Tout à fait, Edmond. Ma vie a été bien remplie, notamment grâce à toi, car j’ai pu avoir ma fille, pardon, notre fille.

- Je comprends… je suis désolé de ne pas me souvenir, cela doit être douloureux de me parler sans cesse de vous… de toi, si je puis me permettre ?

- Oh… Je dois dire, c’est un peu douloureux, mais je vis avec une constante douleur dans mon corps, ce qui est bien pire. Tutoie-moi donc, nous sommes amis, non ? »

 Amis, voilà un mot que j’appréciais beaucoup. Je n’en ai pas eu beaucoup, d’amis, dans ma vie. Marie-Françoise parla de nouveau, me sortant de mes pensées :

« Dis-moi, as-tu eu d’autres femmes, dans ta vie ?

- Oh, heu… oui, une, une seule, répondais-je en craignant sa réaction.

- Ne t’inquiète pas, le temps des jalousies est passé, rigola-t-elle, comment s’appelait-elle ?

- Elle s’appelait Edith, et… je ne l’ai vue qu’une fois, mais cela a suffit pour me faire tomber amoureux. Je sais que j’ai cette maladie, là, mais je n’arrive pas à l’oublier. Elle est comme ancrée dans ma mémoire, si profondément, que je sais que je ne l’oublierai jamais.

- Ton regard pétille, ton amour doit être si fort, sourit-elle.

- Si tu savais…Et toi ?

- Moi ? J’ai eu plusieurs hommes, mais il y en a un qui a retenu mon attention pendant quelques années. Il était militaire, comme toi. Il s’appelait Josh, et c’était le plus bel homme, après toi, que j’ai rencontré. Le fait que j’ai une fille ne l’a jamais dérangé, il était si attentionné. Je dis, il était, car… il a été tué quelques années après notre mariage, renversé par une voiture. C’était bien triste, sans lui. Heureusement, Laurie était là. Elle m’a soutenue, a pleuré avec moi, m’a tenu compagnie comme elle le pouvait. C’est une femme merveilleuse que nous avons eu.

- Oui, elle est bien gentille. »

 Je ne savais que dire de plus, faire la conversation n’avait jamais été mon fort. Je la regardais, elle faisait de même, cela suffisait.

 Alors, sans prévenir, une toux me prit, assez violente. Je me pliais en deux, et tombais par terre. Elle cria, du mieux qu’elle put, après avoir été quelques secondes sous le choc :

« Edmond !!! Edmond, tiens bon, Edmond ! »

 Elle se précipita le plus vite possible vers le bouton pour appeler les infirmières, tandis que j’avais la respiration coupée, et la toux qui continuait toujours.

Je me sentais mal.

 J’avais peur, peur de mourir…

 Je sentis alors que l’on me retournait, me soulevait, pour vite me placer sur mon lit. Je pouvais à peine apercevoir Marie-Françoise, que l’on fit sortir pour éviter de me voir comme ça.

 Les larmes aux yeux, elle me promit de revenir rapidement. On enfonça une seringue dans mon bras, et je sentis le sommeil me gagner, lentement, je fermais les yeux…

 Je m’endormis sans m’en rendre compte. Mais j’étais mieux, mon Edith était là, avec moi, elle me parlait et me tenait dans ses bras, souriante…

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