Chapitre six

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Chelsea ne me répondait pas. J'avais besoin de lui parler mais je ne voulais pas laisser un message sur son répondeur. Je lançai mon téléphone et je ressortis avec un livre. Il faisait encore assez jour pour que je puisse lire dans l'herbe dans le petit bois. Je m'installai tranquillement avec mon sac et mon livre. J'étais entrain de lire quand une bande de mecs arriva juste à côté de moi. Et ils commencèrent à me titiller. Je savais reconnaître une scène de bizutage quand j'en voyais une. J'en avais suffisamment fait dans mon ancien lycée. Ils jetèrent mon livre au sol et je vis rouge. On ne touchait pas à mes livres. C'était sacré. J'en poussai un qui se retrouva contre un arbre. C'est alors que je remarquai qu'ils ne portaient pas l'uniforme du lycée.

-Vous êtes qui vous ?
Et comme par hasard, je n'avais pas pris mon téléphone. Quelle conne ! Ils étaient trois. J'avais deux choix. Laisser mon sac et mon livre et partir en courant ou rester, prendre mes affaires et ensuite partir en courant. 
L'un des mecs me toucha le bras et je me dégageai vivement. Ils n'étaient pas fréquentables du tout. Ce n'était pas le genre de gars que je fréquentais même pour embêter ma famille. Et c'est à ce moment là que je me rendis compte que j'en connaissais un.
-Attends, je te connais toi.
C'était un ami de mon ex, celui qui avait couché avec Chelsea. Ils étaient là pour mon frère et moi. Je butais contre mon livre. Je le ramassai sans le quitter des yeux et je pris mon sac au passage avant de courir. Mais ils me rattrapèrent. Deux me tinrent. 
-C'est pour Bob pauvre conne. Tu diras à ton frère que la prochaine fois, on ne se contentera pas de ça.
L'ami de mon ex arracha mon chemisier. Je mordis le mec qui me bâillonnait et je me mis à hurler de toutes mes forces, tout en me débattant. Je donnai un coup de pieds dans les parties intimes du gars en face de moi. Et j'entendis des bruits de pas. 
-Hey, vous !

Je tombai au sol et je sentis bientôt les bras de mon frère. Il me regarda et courut après un des types qu'il rattrapa par le col. Il le traîna au sol et ses deux amis se retournèrent. Mon frère était fort. Très fort. Des années de boxe l'avaient aguerri. Il distribuait les coups plus qu'il n'en recevait et il les laissa filer à un moment donné. 
-Viens, on va dans le bureau du directeur.
-Non.

-Anna. Ce n'était pas une question. On y va, point. 
Il me redressa, constata que mon chemisier était déchiré et il lâcha un grognement. Il retira son pull et me l'enfila. Sa lèvre était explosée en plus de sa pommette bleuie. 
-Mon pauvre Adam.. ils t'ont massacré la tête. Je te jure que si je croise Bob, je le tue.

-Qu'est-ce que..
-Ils m'ont dit de te dire que la prochaine fois, ils ne se contenteraient pas de ça. C'était un avertissement.. pour toi.
Je n'aurais pas dû dire ça, le visage de mon jumeau se referma. Il plissa des yeux et sa bouche se pinça. Il était furieux.
-Lightwood ! cria-t-il. 
Ce dernier se retourna et nous vit arriver. Il eut un sursaut en voyant la tête d'Adam et moi, je rougis derrière mes lunettes d'intello.
-Où est le bureau de ton père ? Je dois le voir maintenant.
-Je vous y emmène.
Il ne demanda pas ce qu'il se passait. Il avait l'air assez inquiet à vrai dire. Du moins, c'était mon impression. Nous arrivâmes dans une partie de l'établissement que je n'avais pas eu le temps de visiter et il frappa à une porte avant d'entrer.

-Papa ? Tu es par là ?
Monsieur Lightwood arriva par une porte dérobée et avisa de notre présence.

-Mon Dieu, Monsieur Hamilton, que s'est-il passé ?
-Ma sœur vient de se faire agresser dans le petit bois par des mecs qui ne venaient pas de cette école, voilà ce qu'il s'est passé. Moi c'est accessoire. 
-Colin, tu peux aller préparer du thé ? Je vous en prie mademoiselle, asseyez-vous, et vous aussi Hamilton. Racontez-moi ce qu'il s'est passé.
-Je m'étais installée entrain de lire quand ils ont débarqué et ils m'ont couru après et..
Ma voix se brisa malgré moi. C'était trop pour moi. Je sentis pratiquement instantanément les lèvres d'Adam contre ma tempe. Je pris la tasse de thé que me tendit Colin Ligthwood. Son père lui demanda de partir. 
-Et ils ont arraché mon chemisier et Adam est arrivé à ce moment là.
-Est-ce que vous êtes capables de les décrire ?
Je secouai la tête.
-De toute façon, Adam leur a refait le portrait, ils en portent forcément les stigmates. 
-Très bien, monsieur Hamilton, je vais appeler l'infirmière pour qu'elle vienne vous soigner et je vais appeler la police mademoiselle Hamilton. Ainsi que vos parents.
-Je n'ai pas besoin d'infirmière, ça va se soigner tout seul, je vous assure monsieur. 
-Et je suis majeure, je n'ai pas besoin de mes parents pour porter plainte. Je vais les prévenir moi-même. 

L'officier de police arriva peu de temps après et il prit ma déposition. Je n'en avais rien à faire de Bob. Je racontai tout ce que je savais. Adam envoyait des messages avec son téléphone. 
-Et où avez-vous déjà vu ce jeune homme ?
Il parlait de mon agresseur.

-Je ne m'en souviens pas. Je ne peux pas vous dire si c'était au cinéma ou au bowling ou à la sortie de mon ancien lycée.
-Je pense que vous avez assez interrogé ma sœur, elle est bouleversée, vous ne le voyez pas ? Qu'est-ce que ça peut vous foutre l'endroit où elle a rencontré ce connard ? Il a le nez explosé. C'est tout ce qui compte. Vous pouvez rapidement l'appréhender, qu'on passe à autre chose.

-Il va falloir que vous passiez au poste.
-Ce ne sera pas possible, répliqua Adam d'un ton sec. Nous ne pouvons pas vous suivre immédiatement.
-
Et pourquoi cela ? 
-Parce que notre père arrive et nous devons faire un point avec lui. Voilà pourquoi.
-Tu as prévenu Papa, Adam ? T'es sérieux ?
-Il est à cinq minutes d'ici.
Quand mon père arriva, j'en fus soulagée et je me fourrai dans ses bras forts. 

-Mon petit ange. Lightwood, je pensais que votre établissement était parfaitement sécurisé, c'est bien pour ça que je vous ai laissé mes deux enfants.
-Ce n'est pas de sa faute Papa. C'était des amis de mon ex que tu as vu ce matin. Ils doivent préparer leur coup depuis des lustres. Si ça se trouve ils sont restés longtemps par ici. Ce matin, nous avons été courir avec Adam et nous avons vu des mégots de cigarettes... Ils étaient peut-être déjà là.
Mon père serra la main de l'officier sans pour autant me lâcher. Il se fit expliquer la situation. Je me sentais lasse. Je n'avais pas envie d'aller au poste de police et mon père le comprit. Il convainquit l'officier de prendre directement ma plainte et il m'assura qu'il s'occupait de la suite. Ce n'était pas de la faute du directeur et je savais que mon père l'avait compris. Je n'avais plus à m'en faire. Je le croyais. Mon père pouvait être redoutable quand il voulait et je me doutais que Lord Hamilton allait s'en mêler lui aussi. Je ne voulais plus y penser. Mon père s'en alla et je restai avec Adam. C'était l'heure du dîner du soir. Je ne savais pas si Colin Lightwood avait parlé de ma mésaventure à qui que ce soit. Nous nous rendîmes au réfectoire et clairement, je n'avais pas envie de dîner avec les autres filles. Je m'installai à côté de mon frère alors que Gladys était à la table juste à côté. Je n'avais pas faim du tout.
-Anna ? Tu ne vas pas bien ?
Je levai les yeux vers Gladys. Elle avait l'air inquiète.
-Si si ça va.
-Tu t'es battu Hamilton ? demanda une des filles de mon nouveau groupe.
-Non, je suis tombé dans les escaliers.
-Je ne te crois pas, gloussa la fille. 

-Tu es vraiment idiote ou tu le fais exprès pour impressionner mon frère ? Parce que si c'est le cas, c'est raté.
La fille rougit et baissa les yeux. Bad Anna était de sortie.
-Anna, ne lui parle pas comme ça. Ce n'est pas de sa faute si tu as passé une mauvaise journée.

-Non, c'est vrai, c'est en partie de ta faute.
-Ben voyons, le contraire m'eut étonné.
-Pourquoi tu as été voir Voldemort alors que je ne t'avais rien demandé, sérieusement ? 
J'étais fâchée, contre lui, contre moi, contre tout le monde. Je ne savais pas pourquoi. 
-Tu te fous de moi ? Tu aurais préféré qu'il continue ? 
-Tu n'aurais pas dû le...
-Si tu n'es pas contente tu peux aussi aller te réconcilier avec lui. Je veux dire, il s'est juste tapé ta meilleure amie, pas de quoi en faire toute une histoire, hein ? Et puis, il m'a juste balancé son poing dans la gueule, c'est juste accessoire n'est-ce pas ? Tu as toujours eu un sens des priorités très bizarre Anna. C'est sûrement parce que tu es une petite conne bourgeoise et hypocrite. J'aurais peut-être dû les laisser te foutre à poil, au moins tu aurais compris que ton ex est un enculé. 
Je lui balançai la carafe d'eau au visage avant de quitter le réfectoire. Il avait raison en plus. Je ne comprenais pas pourquoi je me sentais aussi mal et pourquoi j'étais aussi agressive. Je traversai le parc toute seule et je me retrouvai nez à nez avec le directeur.
-Anna, vous n'avez pas l'air d'aller bien du tout. Vous auriez pu rentrer avec votre père.
-J'ai juste envie d'aller me coucher et d'oublier cette journée monsieur. 
-Vous savez.. ça arrive à tout le monde de se tromper de personnes en amour. Quand j'avais votre âge, ma petite amie avait tagué la voiture de mes parents après notre rupture. 
-C'est vrai ?
-Venez avec moi prendre un chocolat chaud.
Je le suivis et il me ramena dans son bureau. Il ouvrit la porte dérobée et je me retrouvai dans un petit salon. C'était un appartement de fonction probablement. Il me tendit une tasse de chocolat chaud. C'était assez réconfortant en réalité. Il me parlait d'autres choses pour m'occuper l'esprit. Il me demanda si je me plaisais ici et ce que j'avais pensé de mes premiers cours. Il me regardait gentiment. 
-Est-ce que vous pensez que votre fils..
-Mon fils sait très bien qu'il n'est pas autorisé à répéter ce qu'il peut entendre dans mon bureau. Il vient parfois se réfugier ici pour travailler ou lire. Il le fait depuis des années même. 
-Il a raison. C'est très cosy par ici.
-Mon épouse a tout redécoré quand j'ai pris mes fonctions ici.

-Elle n'est pas ici ? 
-Elle est dans notre maison. Peut-être que vous la verrez ici de temps en temps, elle est médecin et s'occupe de nous lorsqu'il y a des maladies ici. 
-Je..
La porte s'ouvrit dévoilant un Colin Lightwood tiré à quatre épingles. Ce gars était trop propre sur lui. C'était une caricature de mec. Même ses cheveux ne dépassaient pas. 
-Oh, tu es occupé Papa. Je vais repasser, ça peut attendre demain.
-Non non, reste, je vais y aller. Merci monsieur pour le chocolat. C'était gentil de votre part.
-Colin, raccompagne mademoiselle Hamilton à son dortoir. 
-Je suis capable de..
-Colin.
-Suis-moi. Je connais des chemins de traverse, tu y seras plus vite.

Je ne voulais pas plus que le jeune Lightwood mais il me suivit.

-Tu n'es pas obligé de me raccompagner, retourne avec ton père.

-Vous êtes compliqués vous autres les Hamilton. Mon père me dit de faire quelque chose, je lui obéis. Point. Et en plus c'est ton directeur aussi. S'il te dit que je te raccompagne, je te raccompagne et tu n'as rien à dire.
Il ne dit rien pendant de longues minutes et finit par se tourner vers moi.

-Je ne voulais pas être brusque. Excuse-moi. Tu n'as pas eu une journée facile. Ton frère te cherche. Je crois que ça l'a affecté cette journée aussi. Mais vous réagissez tellement bizarrement que je ne sais pas trop comment me comporter. 
Je ne répondis pas. Que pouvais-je répondre à ça ? Il continua à marcher à côté de moi et s'arrêta à la porte du dortoir des filles. Ses cheveux blonds semblaient presque blancs à la lueur de la lune. 

-Bon, et bien.. bonne nuit Anna Hamilton.
-Bonne nuit Colin Lightwood, murmurai-je. 
Je trouvai les filles en conciliabule dans ma chambre. 
-Oh, vous êtes là ?

-Que s'est-il passé ? 
Je savais que je devais leur dire. Je soupirai et je leur racontai l'histoire en soft, tout en me mettant en nuisette. Elles étaient horrifiées. 
-Oh ma pauvre. Tu devrais aller te réconcilier avec ton frère, me dit Camilla. On te couvre. On n'a plus le droit de sortir à cette heure-ci mais tu devrais aller le voir. 
Gladys acquiesça. 
-Je ne sais pas.. si je me fais prendre, je n'ai pas envie d'avoir des ennuis.

-Je pense que le directeur comprendra. Vas-y. 
Je me levai et je regardai par la fenêtre, la chambre d'Adam était illuminée.

-Merci les filles, je vous revaudrais ça.
J'enfilai juste mon gros gilet, des chaussures et je descendis sur la pointe des pieds l'escalier pour ne pas me faire prendre. Une fois dehors je courus jusqu'au dortoir des garçons. Je me rendis derrière le comptoir pour voir le numéro de chambre de mon frère. Et je filai à l'étage. Je voyais la lumière sous la porte de la chambre. Je grattai la porte en bois et j'ouvris. Il n'était pas seul. Il y avait certain des garçons qui étaient à table avec lui. Ils étaient entrain de jouer aux cartes. Je retirai mes chaussures et je m'installai sur le lit de mon frère. Il était adossé au matelas et je lui fis un bisou sur la joue. 
-Vous jouez à quoi ?
-Au Président. 
J'hochai la tête. Ils finirent la partie et nous laissèrent tous les deux. Je vis un gars brun regarder mes jambes nues avant de fermer la porte.
-Je suis désolée, avouai-je une fois seule avec mon frère. Je n'aurais pas dû passer mes nerfs sur toi. Tu n'as rien fait du tout si ce n'est me défendre. 
-C'est pas grave Anna. Vraiment. C'est pas grave. Fais pas cette tête. J'ai abusé moi aussi. 
-C'est juste que.. je ne me sens vraiment pas bien Adam. Toute cette histoire c'est de ma faute parce que j'ai fait un peu confiance à la mauvaise personne. Alors qu'il n'y a qu'en toi que je peux avoir confiance. Pourquoi les autres garçons ne sont pas comme toi Adam ?
Il se pencha vers moi et m'embrassa le front.
-Envoie un message à ta coloc pour lui dire que tu restes dormir ici cette nuit. J'ai un second lit. Il semble être fait pour toi ma belle. 
-Ou pour toi..
Adam sourit. Nous parlâmes une grande partie de la nuit et quand je me réveillai le lendemain, ce ne fut pas par la main de mon frère. 
-Allez debout Hamilton.
-Quoi ?
Je sortis la tête des couverture et je vis un mouvement de surprise. Je me frottai les yeux et je vis le métisse aux yeux verts. Seth ou quelque chose comme ça. 
-Toi tu n'es pas Adam.

-Sans déconner. Il a fallu que tu arrives en terminale pour te rendre compte de la différence entre les hommes et les femmes ? Il est dans l'autre lit. 
-Ta gueule Anna, grogna mon frère depuis l'autre lit.
Je ramenai la couverture sur ma tête. Il m'avait réveillé alors que je faisais un rêve superbe. Je me redressai et il me regardait toujours. Je remis la bretelle de ma nuisette qui était tombée et je me redressai en m'étirant le cou. Je posai délicatement mes pieds au sol et je soulevai la couette sous laquelle mon frère dormait après avoir remis mes fausses lunettes. 
-Connasse. 
-Lève toi, porteur de testicules. Ton pote m'a réveillée, c'est de bonne guerre. 

Je m'étirai tout en baillant et quand je rouvris les yeux, je vis Colin Lightwood entrain de me fixer depuis le couloir. Comme par hasard, je portais la nuisette la plus môme que j'avais. Il y avait Minnie dessus et elle était remontée très haut sur mon corps. Je rougis et il détourna le regard brusquement. Je repris mon manteau, mes chaussures et je piquai un élastique dans la trousse de toilettes d'Adam. Je filai rapidement en dehors de son dortoir en frôlant le garçon pour rejoindre le mien. Gladys dormait toujours. Je pris mes affaires sport et je filai sous la douche. Je n'allais pas courir aujourd'hui mais faire du yoga. Je croisai Camilla et April.
-Je vais faire du yoga dehors, vous voulez venir ?
-Ouui ! Tu nous attends ?
Nous nous installâmes dans le parc et je regardai le bois avec inquiétude.
-Personne ne viendra Anna. Ils l'ont fait une fois, pas deux, me rassura April.
Nous nous étirâmes.
-Je crois que tu es la première que je vois qui fait du yoga dehors. En général, les garçons courent mais les filles ne font pas de sport, me dit Camilla.

Cette dernière m'avait plutôt plu hier quand elle m'avait dit d'enfreindre la règle.
-Et bien ce n'est pas normal. Je pense que je vais en faire dehors tous les matins tant qu'il fait encore beau. À la fin de l'automne, je demanderai si on peut prendre le gymnase pour continuer. Je fis la position du corbeau et les filles me regardèrent avec de grands yeux ébahis. 
-Tu es d'une souplesse de dingue ! 
-C'est l'habitude.

Nous fîmes une bonne heure de yoga et quand je me redressai je vis l'un des nouveaux amis de mon frère entrain de me mater. 
-Qui est-ce ? 
-Brent Fitzwilliam. C'est le fils d'un général de Sa Majesté. C'est notre bad boy à nous.
Je jaugeai le garçon. C'était ça le bad boy de l'école.. Et bien, Adam n'avait aucun souci à se faire.
-Tu devrais aller lui parler Anna. Il te regarde vachement.

-Moi ? Oh non, il doit sûrement être entrain de regarder comme ça. Ce n'est pas moi qu'il regarde.

Je rougis pour la forme. Il avait les yeux rivés sur moi. Mais les jeunes filles innocentes ne remarquaient pas ce genre de choses. Je rangeai mes affaires et après avoir revêtu l'uniforme de l'établissement, nous rejoignîmes le réfectoire. Adam était entrain de rire. Les bleus et les cicatrices qu'il avait sur le visage lui donnait un air tellement plus.. adulte. J'avais son pull dans mon sac et je lui tendis.
-Merci sœur. Parait que tu as fait du yoga ce matin et que Brent n'a pas arrêté de mater ton cul. Du moins c'est ce que David prétend.
-Je ne l'ai pas maté, grogna Brent en levant le sourcil.
-Oh. Et bien, je ne vois ce qu'il y a « mater » en plus. Comment on fait pour demain pour le restaurant, on y va en taxi ? On rentre chez nous avant et on se rejoint là-bas ? demandai-je.
-Quel restaurant ? demanda l'une des filles.

-Adam paye le restaurant demain. Il a eu la main heureuse au jeu parait-il. Du moins c'est ce qu'il m'a dit, mais bon, peut-être qu'il a vendu du crack à des enfants de primaires.
-Mais non. Tu sais très bien que je ne leur vends que des caramels au haschisch. Je crois que le père de Colin vient vers nous. Qu'est-ce que tu as fait encore Anna Banana ? Excès de pudibonderie ?
Même Colin se mit à rire devant l'air narquois de mon frère. J'aurais bien voulu lui répliquer quelque chose de manière cinglante, mais le directeur arriva. 
-Mademoiselle Hamilton, puis-je vous parler quelques minutes ? 
-Bien sûr monsieur le directeur. 
Je le suivis. Il m'annonça que mes trois agresseurs avaient été retrouvés. Quelque part j'en fus soulagée. Très soulagée même. Il me montra leurs photos. C'était eux.
-Est-ce que je peux emprunter votre téléphone pour appeler mon père ? Je n'ai pas le mien avec moi.
-Bien évidemment mademoiselle. 
Il me laissa et je composai le numéro de mon père. C'était son répondeur.
-Merci, merci, merci, merci, merci. Je me sens.. soulagée. Je sais que je ne t'exprime pas souvent ma gratitude mais voilà, je voulais le faire aujourd'hui. Je t'aime.
Je savais que le directeur n'était pas loin. Je raccrochai et j'appelai Mr Lightwood en le remerciant. Il rouvrit la porte et je retournai au réfectoire. Adam tenait mon sac.
-Tu as mis quoi dedans, un chat mort ?
-Non, des livres de cours. Tu sais ? le truc que tu n'ouvres jamais.
Il éclata de rire et je rejoignis les filles pour aller en cours. Nous commencions par littérature étrangère avant d'enchaîner sur de la chimie. L'après midi, 3h de sport. C'était une mauvaise journée. Je le sentais. Et j'avais raison. C'était long, c'était ennuyant - du moins pour le cours de chimie. Adam faisait le pitre dans le fond de la salle et je voyais les garçons faire leur possible pour ne pas rire autour de lui. J'aurais aimé être à leur place.
-Mademoiselle Hamilton, c'est cela ? Vous paraissez dans les nuages. 
-Excusez-moi monsieur. 

Il venait de m'interrompre dans ma pensée et il en profita pour me poser une question. Je sentais que j'allais le haïr. C'était un prof sadique, le genre de professeur qui vous interrogeait au moment où vous vous mouchiez. Et là, il resta sur moi. Je remontai mes lunettes et je continuai de répondre. Même Gladys en fin de cours, me confia qu'il avait été particulièrement lourdingue. Étrangement, j'avais l'impression qu'il voulait apprendre mes limites. Il allait avoir du boulot pour le savoir. J'aimais beaucoup la chimie. Vraiment beaucoup. 

Depuis que j'étais arrivée, j'avais l'impression que je ne faisais que manger. C'était impressionnant. Quand j'étais chez moi l'an dernier, je passai parfois le petit déjeuner mais là.. j'allais prendre 15kg avant la fin de l'année. J'appris que les garçons et les filles étaient séparés pour le sport. Génial. Nous allions passer le trimestre à faire du lacrosse. J'avais l'impression d'être dans Wild Child sérieusement. Quand Adam allait apprendre ça, il aurait de quoi rire pendant au moins un bon mois.

Je me pris la balle dans la tête deux fois. Ça faisait super mal. Je n'aimais pas trop les sports d'équipe. J'aimais la danse. J'aimais l'escrime. J'aimais l'équitation. Je n'aimais pas le lacrosse. J'allais me taper une sale note. À la fin du sport, j'étais crevée, j'avais mal aux jambes et à la tête. Et en plus, j'avais froid. Je portais avec le petit short de l'uniforme de sport. J'allais devoir mettre de grosses chaussettes à l'avenir. J'allais avoir un look dégueulasse. 

Mais pour le moment, j'étais sous la douche des vestiaires, sous le jet puissant d'eau chaude. Mes cheveux étaient mouillés mais je m'en fichais. Ils allaient boucler. Mérida allait revenir.. Je gardais mes cheveux lissés, ça faisait plus petite fille modèle. Je les essuyai, les séchai rapidement et je repris l'élastique d'Adam pour me les nouer. 

En sortant des vestiaires, je bousculai quelqu'un et je faillis tomber mais une main me rattrapa.
-Et bien, je tombe toujours sur toi apparemment. 
Colin Ligthwood.
-Apparemment. Merci.
Mon sac était éparpillé au sol. Ma trousse, certaines de mes feuilles et quelques tampons. C'était.. humiliant. D'autant plus que le jeune homme les ramassa et les remis dans mon sac.
-Pourquoi étais-tu si pressée ?
-J'ai un livre qui m'attend, dis-je. Il me reste 10 pages avant de le finir.
-Lequel ? Ah oui.. Jane Eyre.
Il ramassa le livre et regarda où j'étais rendue avec le marque-page. J'en profitai pour l'observer.. Il avait des cheveux blond cendrés et des yeux verts comme son père. Mais si on le regardait attentivement, il avait le teint très pâle. Comme un vampire. Il avait des lèvres fines et quelques boutons. Ses yeux étaient rapprochés de son nez. Et il n'était pas très musclé. On sentait que le gars restait plus volontiers assis dans un fauteuil que sur un terrain de foot.
-Tu l'as bientôt fini..

-Et je n'ai pas pris d'autres livres. C'est bête n'est-ce pas ? Je n'ai pas encore repéré où était la bibliothèque.
-Elle est sur mon chemin. Suis-moi. J'ai un peu l'impression d'être le guide personnel des Hamilton en ce moment.
-C'est très gentil de ta part. Tu n'es pas obligé.
-Non, c'est vrai, mais je crois que s'il t'arrive encore autre chose ici, mon père me décapitera. 
-Tu le crois plus sévère qu'il ne l'est.
-Je le connais très bien en fait. C'est mon père. 
J'avais envie de lui répliquer que je le savais très bien et qu'il n'avait rien compris mais je ne voulais pas me fâcher avec lui. 
-Vraiment. Si ça te gêne, je trouverai toute seule.
-C'est sur mon chemin, comme je te l'ai dit. La bibliothèque, c'est mon royaume. Je ne laisse pas entrer n'importe qui dans mon royaume. Couloir de droite et tu pousses la grande porte à gauche. Voilà Mademoiselle Hamilton. 
-Merci.. Monsieur Lightwood. 

Je ne savais pas trop quoi penser de ce mec. Il était horripilant mais en même temps assez serviable. Ma grande question était : était-il manipulable ou pas ? Il me faudrait un peu plus de temps pour le savoir. Je poussai la grande porte et j'arrivai dans la bibliothèque. Au moins, il ne m'avait pas mené en bateau, cette fois.


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