Chapitre premier

13 minutes de lecture

-Adam ? Tu crois que Papa va mettre sa menace à exécution ?
Je regardai ma jumelle et je soupirai. Je n’en avais aucune idée et elle le comprit. Elle soupira à son tour et se laissa tomber sur les oreillers moelleux de son lit. Elle tendit la main pour attraper son paquet de cigarettes sur sa table de nuit et m’en proposa une.
-Non merci, tu sais bien que j’ai arrêté de fumer. Tu devrais arrêter aussi.
-Mais je ne fume pas, c’est tellement.. comment dit la nouvelle Lady Hamilton ? Tellement vulgaire, tellement prolétaire. En plus ça tombe bien que tu n’en prennes pas, c’est ma dernière.
Elle faisait référence à la nouvelle femme de notre Grand-Père. C’était une pseudo-aristocrate bien pensante qui passait son temps à faire des remarques désobligeantes à Anna. Une vieille peau en somme. Ma sœur se leva et s’assit sur le rebord de la fenêtre. Depuis que nous avions revu le Seigneur des Anneaux, elle essayait de faire des cercles avec la fumée. J’avais l’impression que c’était la seule et unique raison de son intérêt pour le tabac.
-Je n’ai pas envie de retourner au lycée Adam. Refaire une année.. alors que franchement.. on ne va rien apprendre du tout. Qu’est-ce qu’un diplôme hormis un bout papier ?
-Je sais Anna. Mais, Papa avait l’air sérieux quand nous a dit qu’il nous couperait les vivres si nous n’avions pas notre année cette fois. Apparemment deux renvois dans une vie scolaire, c’est trop pour lui. 

Elle tourna sa tête dans ma direction et prit une nouvelle bouffée. Elle ne fumait pas vraiment, elle crapotait. Je finis par m’approcher d’elle et lui prendre la clope des mains. Que ma bonne résolution aille au diable. Je tirai dessus longuement avant de lui rendre.
-Maman ne nous laissera pas sans rien.
-Elle n’avait pas eu l’air ravie de se faire hurler dessus par notre ancienne directrice, cette vieille peau. Heureusement que j’ai un minimum de retenue, je l’aurais frappée. Maman est beaucoup trop douce pour supporter ce genre de choses.
-C’était un véritable affront. Chelsea m’a dit que la directrice était partie en « arrêt » juste après notre renvoi. Je crois que Grand-Père a décroché son téléphone pour appeler le Recteur, ajouta-t-elle en riant.  D’ailleurs, il parait que c’est lui qui nous a dégotés une place à l’institut Crawford.
-Tu me déprimes rien qu’en prononçant ce nom de famille. 

Ma sœur me poussa avec son pied en riant.

-Je propose qu’on se barre dès le deuxième acte ce soir. On pourra rejoindre les autres comme ça. Ils font une méga-fête pour fêter la fin du secondaire. Déjà qu’on a eu interdiction d’aller à la remise des diplômes, je vais pas louper ça !
-Ça me va. Elle va faire quoi d’ailleurs l’an prochain Chelsea ? Elle a été prise à Oxford finalement ?
-Elle attend la réponse. J’espère qu’elle sera prise. Ça ferait les pieds à tous ces connards prétentieux qui se veulent de la haute société. Elle serait la première de sa famille à aller à l’université. Tu te rends compte ?
Les yeux bleus-gris d’Anna brillaient.

-Elle a un plan B ?
-Elle a prévu de travailler et de retenter sa chance l’an prochain et..
On frappa à la porte de la chambre et Anna se dépêcha de prendre une dernière bouffée, d’écraser son mégot avec regret et de le lancer par la fenêtre. L’odeur n’avait pas encore réussi à pénétrer sa chambre. Elle avait eu de la chance.
-Entrez, dis-je d’un ton grave qui fit pouffer de rire ma sœur.
C’était notre gouvernante. Elle nous connaissait depuis notre tendre enfance et dans le fond peut-être était-ce la seule qui nous connaissait vraiment. Nos parents n’avaient jamais été très présents et nous laissaient souvent à ses bons soins. Elle avait commencé en tant que babysitter et était montée en grade. C’était aussi la seule qui pouvait nous supporter. Anna et moi avions usé une bonne quinzaine de nounous pendant les dix premières années de nos vies. Je savais que j’avais activement participé à la démission de sept d’entre elles. Le coup du serpent caché dans le sac à main, ça fonctionnait toujours. 


-Anna, vous avez encore fumé !
-Non, pas du tout.
Anna eut un sourire innocent et notre gouvernante se laissa abuser comme toujours puisqu’elle tourna les yeux vers moi d’un air mécontent. Bon apparemment, elle pensait que c’était à moi.. je n’allais pas la détromper…
-J’avoue. C’était ma dernière de toute façon, répondis-je. Que vouliez-vous ?
-Votre père vient d’appeler, il ne sera pas là ce soir, il est retenu à Manchester et il compte sur vous pour bien vous tenir à l’opéra.
-Nous ? Mal nous comporter ? C’est mal nous connaître. 

J’entendis un petit rire derrière moi et mon sourire s’élargit. La gouvernante, que nous appelions entre nous Nanny McPhee, leva les yeux au ciel.
-Je suis sérieuse Adam. Vous représentez la famille Hamilton ce soir et vous représentez un peu mon travail aussi. Vous êtes ma vitrine.
-Vous dîtes ça comme si vous alliez nous quitter prochainement, Gloria.
Je sentis ma sœur bouger derrière mon dos alors que le regard de Gloria s’attendrissait.
-Attendez.. vous n’allez pas partir, vous ne pouvez pas nous laisser dans ce monde de dingue ?? s’exclama ma sœur jumelle. Qui va nous apprendre la vraie vie !
-Je n’allais pas rester éternellement, je devais déjà partir l’an dernier mais avec les soucis que vous avez eu, je ne voulais pas laisser votre mère toute seule.
-Vous êtes comme une seconde mère pour nous Gloria.
-Vous êtes des adultes, vous n’avez plus besoin d’une gouvernante. Mais d’autres oui. J’étais juste venue vous transmettre le message de votre père, je vais y aller. Et n’allumez pas une autre cigarette, je vous ai toujours à l’œil.
Elle referma la porte après un dernier regard noir et je finis par regarder ma sœur. Elle était dégoûtée et je ressentais la même chose. Je me doutais que c’était une réaction de nos parents à notre renvoi. Anna passa à côté de moi. Son dos était raide. Elle se retourna et je vis à son air qu’elle avait un plan.
-Je vais chercher mon casque, dis-je simplement.


Je sortis de sa chambre pour me rendre dans la mienne. Anna et moi nous avions une confiance absolue l’un dans l’autre. Elle avait besoin de moi, j’étais là pour elle. J’enfilai mes bottes motardes et j’attrapai mon casque de moto. Ma sœur m’attendait. Elle avait troqué sa jupe contre son jean troué. Elle avait son casque en main elle aussi. Nous avions économisé et attendu nos 18 ans pour avoir les moyens de nous acheter notre Ducatti, nos parents ne pouvaient plus rien nous dire. Je pris mon manteau en cuir et ma jumelle monta derrière moi. J’adorais la vitesse. Le portail de la maison s’ouvrit et je filai sur le bitume. La pluie commençait à tomber. J’entendis ma sœur dans les micros de nos casques.
-On va chez Cartier.
Chez Cartier ? Que voulait-elle faire dans cette boutique de luxe ? Il fallait que j’aille à Oxford Street. Je me garai et je retirai mon casque. Je vis une femme blonde me regarder. J’avais des cheveux longs depuis mon renvoi, ce n’était sûrement pas tous les jours qu’on voyait un grand roux aux cheveux longs retirer son casque dans les plus beaux quartiers de Londres.. surtout accompagné d’une rousse avec la coupe de cheveux de la fille dans Rebelle.
-C’est quoi le plan ? Qu’est-ce qu’on fout là ?
-Aie confiance Adam.

Ma sœur se fit une queue de cheval rapide et poussa la porte du magasin. Les gens nous fixaient bizarrement. Ma sœur se rendit avec assurance vers un des vendeurs.
-Bonjour monsieur. Je viens chercher un collier qui a déjà été payé.. Je ne sais pas à qui je dois m’adresser.
Je venais de comprendre. Nous avions surpris la veille une discussion entre notre Grand-Père et notre père où il disait avoir acheté un collier à la nouvelle Lady Hamilton. Elle voulait harponner le bijou pour parader avec ce soir-là, devant cette vieille harpie. C’était une idée de génie. Elle allait détester avoir un collier qui avait déjà été porté par sa petite-fille par alliance.
-Veuillez me suivre, répondit le vendeur en nous regardant bizarrement.
Il nous emmena plus loin, comme s’il voulait nous extraire des autres clients.
-Voilà, c’est la commande de Lord Hamilton, un collier. C’est tout ce qu’il m’a dit.
-De Lord Hamilton, dîtes-vous ?
-Je suis sa petite-fille, Anna Hamilton. Regardez, voici ma carte d’identité.
Anna était repassé en mode ange. Je me devais d’être le démon. Il était toujours suspicieux. Je le fusillais du regard.
-C’est ridicule, Anna. Je vais appeler Grand-Père, et vous allez sauter mon gars. J’espère que vous avez mis des économies de côté. Lord Hamilton avait rendez-vous avec le Premier Ministre, je suis certain qu’il sera ravi de recevoir ce coup de téléphone en plein milieu de la réunion.
Je pris mon téléphone et je cherchai le numéro de Grand-Père. Je fus interrompu par une voix que je connaissais. C’était le directeur de l’établissement. Il me serra la main et me demanda comment allait ma mère.
-Très bien, je vous remercie, vous vous souvenez de ma sœur, Anna, je suppose.
Anna rosit. Elle était parfaite dans le rôle de l’innocente jeune femme.
-Puisque vous êtes ici, pouvez-vous confirmer notre identité à ce monsieur, il semblerait que nos cartes d’identité ne suffisent plus. Je trouve cela très.. regrettable. Ce n’est pas la première fois que je viens ici mais ça pourrait très bien être la dernière.
J’avais imité le ton froid que prenait mon père pour parler à ses collaborateurs récalcitrants. Le directeur blêmit et s’occupa directement de nous. Quelques minutes plus tard, nous avions le collier en main et un bracelet également, dont le prix était soudainement devenu ridiculement petit. Nous l’avions fait mettre sur la note de mon père.
-Elle va criser quand elle va voir que tu as porté son cadeau. J’ai envie d’un milkshake !
-Viens, on va s’arrêter là. J’espère bien qu’elle va criser la vieille bique.
J’éclatai de rire et je lui payais son milkshake en même temps que le mien. Mon téléphone vibra. C’était Chelsea.
-J’arrive pas à joindre ta sœur. Passe-la moi.
-Qui te fait croire que je suis avec elle et pas en rendez-vous galant ?
-Très drôle Adam. Passe-moi ta sœur, m’ordonna-t-elle.
Je tendis mon smartphone à Anna et elles commencèrent à bavasser au téléphone. Il n’y avait qu’avec Chelsea que ma sœur se lâchait autant qu’avec moi. Ça m’avait fait bizarre la première fois d’ailleurs et j’avais compris. On a la famille qu’on se choisit. J’en avais parlé avec Anna et elle m’avait avouée que ça lui avait fait aussi bizarre quand je m’étais rapproché de Rick. Nous n’étions plus tous les deux, il y avait d’autres personnes dans notre cercle. Le téléphone d’Anna sonna. En parlant du loup…
-Rick.
-C’est bien ce que je pensais, ta sœur a encore taxé ton téléphone. Vous venez ce soir ?
-Ouais, mais on sera en retard. On doit passer à l’opéra mais on va partir avant la fin. De toute façon, c’est madame Butterfly. Tout le monde sait comment ça se finit. On doit emmener un truc ?
-Ta tête de taré, la jolie bouille de ta sœur et ça va suffire.
-Ben voyons, moi je suis le taré et elle est la jolie. Ne te laisse pas abuser par ses grands cheveux roux et son air avenant.
Anna me donna un coup de pieds sous la table.
-On sera là, en tout cas. Je ramènerai une bouteille de la réserve de Lord H.
-Ça marche, il a toujours de bonnes bouteilles.
Mon meilleur ami raccrocha et je rendis son téléphone à ma sœur. C’était l’heure de rentrer à la maison. Ma sœur était une fille après tout. Il lui fallait du temps pour se préparer, en plus, je mourrais d’envie d’un bain depuis plusieurs heures. 


Devant mon miroir, j’observai mon corps. Je portais encore les traces des bleus de la boxe. Mon père n’avait pas été spécialement tendre. Quand nous étions sur le ring lui et moi, plus rien ne comptait. Je n’étais plus son seul fils, il n’était plus mon père. Et c’était tellement libérateur. C’était le seul sport que j’avais vraiment choisi. Ce n’était pas pareil avec l’équitation ou l’escrime. Déjà Anna était meilleure que moi dans les deux, et je n’aimais pas être le second. C’était plus que ça. Je n’avais jamais été aussi éprouvé, mon corps n’avait jamais été fatigué. C’était juste démentiel. 

-Bon.. tu.. tu es toujours pas habillé ? T’es vraiment nul Adam. Et après c’est moi la fille qui ne suis jamais prête à l’heure.
Je voyais le reflet d’Anna dans le miroir. Elle avait lissé sa folle tignasse à la Mérida dans Rebelle et portait une robe bustier courte.
-Tu as eu de la chance, c’est tout. Passe-moi ma chemise.
Je la boutonnais rapidement. Ma sœur me noua mon nœud papillon alors que je me faisais un bun. Elle venait de le choisir dans ma collection. Il était en satin bleu marine, comme la couleur de sa robe. 

-Elle est jolie cette robe. Je ne la connaissais pas.
-Moi non plus. Elle était sur mon lit avec un message de Maman. Elle fait vraiment bourgeoise, tu ne trouves pas ? Je pense que Chelsea va l’adorer.
-On devrait y aller.. tu n’as pas le collier ? Ah oui, je suis con, il est là.
J’ouvris l’écrin et les diamants brillaient de milles feux. Je sentis Anna fondre à côté. Elle avait beau prétendre le contraire, je savais que dans le fond, devant des diamants, elle était comme toutes les filles : complètement gaga. D’ailleurs ce collier lui allait parfaitement. Nous prîmes un Über pour y aller et il nous arrêta devant les portes de l’opéra. Nous devions rester seulement deux heures mais c’était déjà trop. Je n’aimais pas ça, les mondanités. C’était juste barbant.
-La morue est là.. GRAND-MAMAN, s’écria ma sœur plus fort.
J’affichai un grand sourire. La vieille peau arriva vers nous et son regard s’attarda sur le cou d’Anna. Elle nous fit la bise dans le vide. J’avais horreur de ça. Pourquoi mon Grand-Père avait voulu se remarier déjà ? Ah oui.. stratégie politique. Toujours et encore le paraître. Et là, je commençais à en avoir assez de Lady Hamilton.
-Vous êtes sûre que vous allez bien ? demandai-je d’un air pseudo inquiet.
-Hum, oui, me répondit la vieille morue.
-Vous allez l’air fatiguée.. Ça se voit au niveau des cernes. Grand-Père ne doit pas vous laisser une minute la nuit. J’ai lu quelque part qu’il avait un appétit insatiable. Remarquez.. J’avais aussi lu une rumeur comme quoi vous aviez trouvé une crème miracle anti-ride. Et visiblement c’est faux. Ne serait-ce pas le fils du premier ministre ? Je vais devoir aller le saluer. Nous nous voyons dimanche, je suppose. 

J’entrainai Anna avant qu’elle éclate de rire et nous montâmes les marches nous menant à notre place. Il n’y avait pas le fils du premier ministre, ce petit con, mais ça avait réussi à faire diversion.
-Tu as vu la tête de la morue ? Grand-Père va te filer des coups de canne.
J’attendis que ma sœur s’asseye dans le fond de la loge pour m’asseoir. Madame Butterfly. Lors du premier acte, j’avais envie de me suicider. Anna dormait et sa tête se relevait de temps en temps. Moi je jouais avec mon téléphone. À la fin du premier acte, Anna se réveilla et applaudit.
-On se barre ?
-Ouais grave.
Je pris la main de ma sœur et je partis en courant. Elle riait comme une folle. J’hélais un taxi et nous nous fourrâmes dedans. Nous avions tout prévu. L’enveloppe pour remettre le collier, le dépôt dans notre boîte aux lettres, et la fête avec nos véritables amis. 


D’ailleurs quand nous arrivâmes, elle était déjà bien commencée, je vis un ancien camarade vomir dans les plantes devant la maison. Bienvenue en enfer. Je souris. C’était ça que j’aimais. Faire la fête jusqu’au bout de le nuit. Sauter, danser, hurler à ne plus avoir de voix. Boire et embrasser des inconnus. Refaire le monde avec une bouteille à la main, le chemise ouverte, debout sur une table. Être avec mes amis. C’était tout ce que j’aimais. Anna était avec Chelsea. J’étais avec Rick. C’était une soirée étrange, elle signifiait la fin de l’enfance pour eux, et bientôt une nouvelle année de lycée pour nous. J’avais envie de me vider l’esprit. Je pris une des bouteilles et portai le goulot à ma bouche. Je ne sentais plus mon œsophage après cette gorgée. Mais je m’en foutais. J’étais majeur, je pouvais faire ce que je voulais.
-Hey.. vous savez quoi ? fit Rick.
Je me tournais vers le petit blondinet qui me servait d’ami. Il était aussi petit que moi grand, aussi blond que moi roux, aussi flasque que moi musclé, mais Dieu que je l’aimais ce gars. Il était mon opposé et pourtant.. il était mon meilleur ami. Mon seul ami. Et Anna l’avait accepté comme j’avais accepté Chelsea.
-On devrait faire un truc de dingue pour fêter ça, sourit mon ami.
-Un truc plus dingue que se saouler ? hurla ma sœur par dessus la musique, une bouteille de rouge à la main.

Rick sourit et nous entraina à sa suite. Je lui faisais confiance. Je ne devais pas être en pleine possession de mes moyens et Anna non plus, sinon nous ne serions pas montés dans la voiture de Rick alors qu’il avait bu. C’est aussi ce que je me dis en voyant l’aiguille du tatoueur sur la peau de ma sœur et en sentant l’aiguille dans ma propre peau. Nos parents allaient nous tuer. Même si ce n’était qu’un tatouage temporaire qui ne durerait que 6 mois. Le résultat chez ma sœur était impressionnant. Le dragon était imposant et magnifiquement bien exécuté. Le tatoueur avait une excellente réputation, c’est pour ça que je m’étais laissé tenté par un tatouage éphémère. Le frère de Rick en avait fait un chez lui et un an plus tard, il n’y avait plus de trace… J’avais l’impression de sauter dans le vide. J’étais excité comme une puce. Je vis un sourire sur le visage d’Anna et je savais que j’avais le même. Les rebelles de la très noble famille Hamilton, c’était nous. Et j’étais ultra fier d’avoir cette place. Vraiment fier. 

-Vous êtes des malades. Vous les Hamilton vous ne faites pas les choses à moitié, s’esclaffa Chelsea.
Même Rick était impressionné par l’énorme Scorpion que j’avais désormais sur le côté droit de mon corps. Chelsea et lui s’étaient contentés d’un petit tatouage. En sortant de la boutique, je me sentais libre de toute entrave. J’avais l’impression que je pouvais être qui je voulais et que le monde était à mes pieds. Plus rien ne pouvait m’atteindre. J’étais libre, comme l’elfe Dobby.

Mais clairement j’avais oublié où j’allais recommencer ma dernière année de lycée…

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