Contre nous

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Nous n’avons pas su voir ce que ces envahisseurs irriguaient par leur seule présence : notre renaissance.

Dans notre force nichait la plus grande des faiblesses. Nous avons voulu être efficaces contre les visiteurs comme nous l’étions en tout. Puisque nous ne pouvions pas les comprendre, nous avons voulu les bannir. Avec la même efficacité que celle que nous mettions à courir. Et le même résultat.

Nous avons convoqué des trésors d’ingéniosité pour endiguer l’invasion, éradiquer la menace extraterrestre. Nous en avions les moyens. Notre volonté s’est fortifiée dans ce dessein glorieux.


Ceux qui étaient prêts à se battre pour notre mode de vie d’alors sont partis au combat. Partout la colère et la peur grossissaient les rangs de nos soldats. Nous les avons entraînés, armés, commandés, puis envoyés se battre. Nous avons façonné leurs esprits pour qu'ils n'aient plus peur de risquer leur vie et mettent leur conscience en sommeil. C’était juste, légitime. C’était notre droit, sur notre Terre.

Les envahisseurs grandissaient et allaient devenir les géants que vous connaissez, plantés au cœur de nos villes ou de nos exploitations. Il fallait les détruire, même au risque de détruire nos biens, pour les prendre de vitesse.

Les bombes, les sapes, les rayons, les agents chimiques, les ondes sismiques… rien n’y fit. Nous ne les avons même pas égratignés.

Mais eux nous ont écrasés.

Pas en se défendant, pas comme nous l’avions craint. La peur cache souvent le vrai danger.


Nous avons mis longtemps à comprendre leur mode d'action. Nous ne savons pas comment, mais ils ont évalué, sélectionné et retourné contre nous nos meilleurs combattants. Les plus agressifs, les plus aguerris, les plus efficaces.

Nous avons pris cela pour des erreurs ponctuelles sans voir que nous devenions notre propre adversaire. Peut-être l'avions-nous toujours été.

Nous avons d’abord été sidérés par cette menace interne. Puis nous avons réagi, adapté nos stratégies. Mais il était trop tard, l’adversaire était déjà dans nos rangs. Chaque soldat pouvait à tout moment devenir un ennemi. Nos héros perpétraient soudain des massacres imprévisibles. Un pilote de drone, que nous croyions bien protégé à distance des envahisseurs, a ainsi largué le feu nucléaire sur l’une de nos capitales. Le mot « capitale » n’a plus de sens de vos jours, mais sachez qu’il s’agissait d’un des plus vastes rassemblements pérennes d’êtres humains qui ait jamais été, et qu’il n’en est rien resté. Rien d’autre que les quelques Voisins qui s’y étaient enracinés et ont prospéré là, sans souci du souffle, de la chaleur et des radiations de l’atome.

La force appelle la force. Pour nous protéger de nos propres hommes, nous avons recruté plus de guerriers, plus de stratèges, plus d’armuriers. Dans la panique, nous avons tout essayé. Nous les avons armés avec toujours plus de puissance et toujours plus sauvagement entraînés. Nous avons fait d’eux les porteurs de tous nos espoirs. C’était la vérité !

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