Le Festin

2 minutes de lecture

 Un calme absolu régnait sur la ville. Les cheminées s’allumaient progressivement, tandis que les lumières mourraient une par une par les fenêtres. Les serres froides de la nuit se frayait peu à peu un chemin dans les rue étroites et la petite bourgade s’endormait paisiblement, en tentant d’oublier le triste personnage venu apporter les mauvaises nouvelles le matin même. Cela avait mis toute la ville en émoi, assez pour piquer ma curiosité. C’était toujours plaisant de voir les hommes s’agiter, courir partout, surtout au son des cors : ils étaient toujours annonciateurs de bonnes nouvelles.

 Je pousse un cris rauque, et d’autres viennent me rejoindre. Ils n’ont jamais ignoré mon appel, car ils savent que je ne me déplace jamais pour rien. Ma cour se réunis autour du bourg, sensibles aux fumets de fin de repas qui s’échappent des chaumières. Les restes de leurs cuisines n’ont plus rien d’intéressant, je ne m’en contente plus. Une fillette m’aperçoit, perché sur les restes d’une petite muraille qui ceinturais autrefois l’endroit, et tire la manche de sa mère. L’air inquiet de la femme qui se mue en effroi m’amuse. Je me fendrait bien d’un sourire narquois, mais je craint que mon visage ne soit pas aussi expressif que le leur. Je lance donc un rire grave en direction d’elles et prends mon départ. Le soleil tombe enfin dans le vide de l’horizon et la terre est recouverte du voile glacé de la nuit. Il faut se montrer patient, les festivités ne commenceront que demain à l’aube. Notre assemblée se sépare, à l’orée d’un petit bois, mais je sais qu’ils reviendront. Ils reviennent toujours vers moi.

 Le soleil s’est redressé, comme chaque matin, et il est désormais haut dans son domaine. Il est le seul au dessus de moi, tandis que je contemple le champ au contrebas. Ce champ est près à être récolté, ses fruits bien mûrs coulent et nourrissent la terre. Il était temps de s’y mettre, des coquelicots envahissaient déjà l’endroit. Je descend de mon arbre et me rend au sol, suivis de près par ma cour, piaillant d’excitation. Il faut agir vite, avant d’être chassés. Nos voisins n’aiment pas beaucoup que nous volions le prix de leurs efforts, mais ce serait gâcher que de laisser pourrir ce repas.

 Un silence de mort régnait sur la ville. La moitié des cheminées ne laissent que le vent putride du soir entrer alors que les fenêtres laissent faiblement échapper les plaintes de ceux qui sont encore là. Je suis de nouveau sur cette ruine de muraille et j’observe la fillette de la veille pleurer dans les bras de sa mère. Son père ne rentreras pas à la maison, il est partis pour ne jamais revenir. Je ris et mon rire prends forme de croassement dans ma gorge. Les hommes ne comprennent jamais que, peu importe la raison pour laquelle ils se battent, ils ne seront jamais gagnant dans l’histoire. La fin d’une guerre n’apporte ni honneur, ni paix. Seulement les pleurs des petites filles et le rire gras de corbeaux repus.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Raven jr ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0