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Maman,

Ce simple mot m’écorche les lèvres tant j’ai de mal à le prononcer.

Quelqu’un m’a dit un jour que cela me soulagerait de t’écrire une lettre pour te dire tout ce que j’ai gardé sous silence pendant toutes ces années. La totalité de ma vie serait plus exacte. Enfin jusqu’à ce que je décide que tu n’en ferais plus partie.

Tu es parti, tu as abandonné mari et enfants, même si nous étions grands et parfaitement autonomes avec nos vies respectives.

Sans un regard en arrière, sans le moindre remord tu as tout laissé tomber. Tu ne t’es préoccupée que de ta petite personne.

De mon côté, j’ai décidé que ce départ marquait le premier jour de ma nouvelle vie.

Tu voulais partir, soit, j’allais te laisser faire, mais il ne faudrait pas compter sur moi pour pleurer ton absence. En t’enfuyant ainsi, tu m’as en quelque sorte rendu ma liberté.

Ne plus avoir à évoluer sous ton joug, ne plus devoir me demander si je serais enfin assez bien pour que tu daignes exprimer un peu d’attention à mon égard.

Je ne parle pas d’amour, non, ça je n’ai jamais eu le moindre espoir den recevoir de ta part.

Je n’ai eu droit qu’à ton mépris et ta rancœur.

J’étais ton erreur de jeunesse, le bébé que tu n’aurais jamais dû mettre au monde, celui que tu as regretté et regrette probablement encore maintenant d’avoir désiré.

Je n’ai jamais eu la moindre valeur pour toi. Jamais assez bien, jamais assez docile, jamais assez courageuse, jamais assez comme tu aurais voulu que je sois.

Toujours dans le conflit, toujours à te provoquer, toujours la cause des disputes au sein de ton couple.

À aucun moment, tu ne t’es remise en question. Tu aurais alors vu que je n’étais pas le vrai problème.

Ce n’était pas moi la cause de tout tes tracas, mais ton comportement qui déclenchait ce qui te dérangeait le plus.

Si tu avais remarqué tous les efforts que je faisais pour enfin réussir à me faire aimer de toi.

Si tu avais entendu mes souffrances plutôt que de te focaliser sur les tiennes.

Si tu m’avais vu moi plutôt que le reflet de toi-même que je semblais te renvoyé.

Tu aurais peut-être compris que je méritais ton amour.

Tu sais, un jour je serais mère à mon tour et crois-moi que j’ai passé de nombreuses nuits blanches à m’imaginer capable des mêmes ignominies que toi.

Mais contrairement à toi, je me suis remise en question et j’ai fait la paix avec mon passé.

Je n’ai pas excusé ce que tu as fait. Je ne pourrais jamais te le pardonner. Et puis pour pouvoir envisager le pardon, il faudrait déjà que la personne fautive soit consciente de ses actes, éprouve des remords et s’excuse. Ce qui n’arrivera jamais, j’en suis parfaitement consciente.

Quoi qu’il en soit. Un jour je donnerais la vie et jamais mon enfant n’aura à mériter mon amour.

Je l’aimerais tel qu’il est avec ses failles et ses dissonances.

Je ne prétends pas être capable de devenir une mère parfaite.

La perfection n’existe pas.

Je sais juste que je ne serais jamais une mère comme toi.

Et ce simple constat m’aide à dormir sereinement et à vivre en paix…

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