26 janvier 2021

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J'aime vous écrire quand le soleil brille dehors. L'hiver a cette fichue tendance d'entasser tout un tas de choses, et le soleil a ce pouvoir de rendre plus éclatantes les pépites que l'on cherche dans le flot du quotidien.

J'ai quelques pépites à pêcher, qu'il me faudra continuer de prospecter dans les mois à venir. Mon homme prendra bientôt le large pour une mission de plusieurs mois, dans l'Océan Indien. Dans cette perspective, il n'y a rien qui me réchauffe plus le coeur que d'imaginer le jardin reverdir et de souhaiter réussir mes premiers semis.

Mettre les mains dans la terre est une vraie joie. Une joie simple qui ne demande qu'à s'imposer pour un instant, quelques heures, une journée entière. Une joie qui résonne, ensuite, dans les récoltes de légumes, dans l'observation de la vie bourdonnante autour des fleurs.

Mon homme et moi avons installé, pour cette année et les suivantes, trois carrés à cultiver. Nous avons utilisé des barrières en noisetier tressé, du grillage à poules et de la paille, pour contenir la terre et modeler le paysage du potager à notre guise. Au sol, il a étalé du broyat de végétaux à demi composté, à seule fin de ralentir la pousse des adventis déjà en place.

J'ai sélectionné quantité d'espèces pour garnir ces espaces vierges. Il me faut encore en établir le calendrier de semis et de mise en place. Pour mettre toutes les chances de mon côté, Monsieur a même assemblé de ses mains une serre de germination, où les jeunes pousses pourront s'épanouir à l'abri des dernières gelées et surtout à l'abri des escargots.

Tomates, courgettes, aubergines s'étaient senties chez elles, il y a deux ans, dans une terre moins propice. J'ai très hâte d'en voir grossir à nouveau, adjointes de basilic, de coriandre et de menthe. Autant d'aromates pour les accompagner dans l'assiette.

Certaines parcelles sont plus ombragées. Je m'essaierai une fois de plus aux petits-pois et aux haricots, et pourquoi pas au maïs. Ceux-là s'accompagneront de fleurs d'Inde, oeillets et roses. Quant aux capucines, elles garniront assurément chaque carré, voilant les grillages que seule la paille aide à rendre moins disgrâcieux.

Le jardin sera à nouveau une éclosion de couleurs, de formes et de senteurs variés. Un charivari que je rechignerai à couper, à tondre, à tailler, pensant autant au confort de nombreux auxilliaires (abeilles, papillons, passereaux) qu'à mon ravissement et mon exaspération de me voir dépassée par certains pieds de moutarde. Cette année, je réussirai les tournesols, pour encore observer à la dérobée un couple de chardonneret en picorer les graines, une fois la saison finie.

Mon autre pépite, c'est ma fille d'un an et demi, et tous les progrès qu'elle accomplit de jour en jour, un pas après l'autre. J'ai hâte qu'elle marche, pour la couver du regard tandis qu'elle expérimente la terre, les fleurs, l'écorce. J'ai hâte qu'elle parle, pour échanger avec elle sur tout ce qu'elle ne sait pas encore, sur tout ce que j'ignore moi-même. J'ai hâte de chanter en choeur avec elle les comptines qu'elle doit connaitre sur le bout de ses petits doigts.

Mais pour l'heure, elle avance dans sa vie au rythme de sa propre rivière, sans brûler aucune étape. Elle avance dans un jeu permanent, où apprendre est amusant, où tout est nouveauté pour son regard d'enfant. Elle avance dans la répétition appliquée de sons, de gestes, de mouvements, comme pour s'assurer la réussite au moment où elle se lancera dans la marche, dans la parole construite, dans la manipulation d'outils divers.

L'ultime pépite dans le fond de ma rivière, ce sont les mots que je pose ici, pour vous, ou ailleurs, pour d'autres. Dans la solitude de l'absence, ils fleurissent aussi avec le soleil, se cachent ou se donnent à lire.

Je pense souvent à vous, je pense souvent à envoyer des mots. Et je les veux aussi polis, aussi sincères et aussi lumineux que le jour. Ils évaporent l'entassement hétéroclite de l'hiver, verdissent nos intérieurs, y mettent de la musique. J'aime vous écrire quand le soleil brille dehors.

A bientôt,

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