Prologue

2 minutes de lecture

« Les parents feront tout pour garder l’honneur de leur famille, delà à sacrifier leurs propres enfants. »

***

Au Nord-Ouest de Shanghai dans l’une des chambres du Taohuayua, sur l’île de la côte sud du lac de Sushu dans la ville de Suzhou, je me prélasse dans un bain à la camomille.

Entourée d’une bonne odeur et de bulles, je profite pleinement de mon moment de relaxation lorsque le minuteur sonne. M’annonçant que le temps est écoulé. Alors je me redresse avec précaution et douceur pour ne pas tomber. Mais surtout pour gagner du temps comme je n’ai pas envie d’aller « travailler » car ma soirée se résume à saluer et échanger avec nos invités.

C’est ennuyeux comme toutes les fois…

D’un mouvement lasse j’attrape mon peignoir blanc en enjambant la baignoire, pour ensuite me diriger sans tardé vers ma penderie. En séchant frénétiquement mes cheveux et laissant derrière moi quelques gouttes d’eau sur le plancher.

Dehors depuis quelques heures, le soleil a laissé sa place à son amie la lune pour que cette dernière puisse éclairer de sa lumière et de celle de ses étoiles, la surface de l’eau. Plongée dans la pénombre, j’observe ce spectacle magnifique qui me fait rêver d’un rêve inexauçable…

Après avoir contemplé quelques secondes supplémentaire ce ciel étoilé, je lui tourne le dos et me dévêtis de mon peignoir, en le faisant tomber au sol. Me retrouvant nue. Mon regard ténébreux est attiré comme un aimant sur mes parties intimes que reflètent le miroir de ma chambre.

Maman me répète sans cesse que je suis née dans le mauvais corps et m’oblige à le cacher…

Dites-moi franchement. Pourquoi faire des enfants et le garder quand nous sommes au courant du sexe pendant la grossesse ? Sachant que votre petite-fille est un poids pour vous économiquement, vous décidez tout de même de la garder ? Même si vous savez qu’elle vous déshonneur en se mariant un jour et quittant les siens sans transmettre le nom et le patrimoine de votre famille ? Apparemment...

Mes parents eux ont fait le choix de m’assumer et de ne pas m’abandonner comme ces 45 millions de naissances féminines « manquantes ». Ils ont payé une amende pour que ma naissance soit légale et non illégale. Pour qu’ensuite je sois élevée et éduquée comme un homme, mentant au gouvernement sur le sexe de mon identité.

Prise d’un sentiment de dégoût je détourne le regard et me prépare.

Je ne veux plus y penser.

Comme à chaque présentation je bande ma poitrine d’une bande de compression, avant d’enfiler mon costume noir à trois pièces. Je coiffe mes cheveux mi-longs en demi-chignon et maquille légèrement mes yeux en amande d’un trait d’eye-liner.

Enfin prête. Je me regarde une dernière fois, satisfaite du résultat.

La femme de tout à l’heure n’est plus, mais l’homme est présent.

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