Chapitre 2

5 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Kaskade - Never Sleep Alone [House] https://www.youtube.com/watch?v=NQEzap6k0Dg

1er septembre

Comme convenu depuis plusieurs jours, je retrouve Laszlo à la gare de Valence à neuf heures et demie. C’est un excellent ami de prépa et nous sommes tous les deux très heureux de se retrouver dans la même école pour les trois années qui viennent. Notre amitié a assez ironiquement pris naissance un soir de septembre, vers vingt-trois heures, lorsque nous avons décidé de s’attaquer ensemble à un devoir maison de maths un peu trop rebelle, mais elle a très rapidement dépassé le cadre du travail uniquement.

Après quelques heures de train, de RER et de bus, nous parvenons enfin au bout de notre périple, alourdis par nos bagages, sur le campus de l’école. On ne nous a pas menti : l’école se situe vraiment en lointaine banlieue. Derrière les bâtiments de cours et les résidences pour les élèves, c’est la forêt ! Et vu le temps que nous avons mis pour arriver de Paris-Gare de Lyon jusqu’ici, ce n’est sûrement pas tous les jours que nous sortirons en ville.

Je ne m’en plains pas trop, parce que d’après ce que j’ai pu comprendre, il y a largement de quoi faire sur le campus, et par ailleurs, c’est toujours plus agréable d’être situé en bordure de forêt qu’en ville pour aller courir ; ainsi, à peine après avoir récupéré les clefs de nos chambres respectives, que nous avions pu choisir au même étage, et avoir complété quelques formalités administratives, je tente de motiver Laszlo à sortir courir avec moi :

— Tu viens ? C’est toujours amusant de découvrir des nouveaux chemins !

— Mouais, allez, c’est vraiment parce que je t’aime bien, tu sais que ce n’est pas mon point fort… T’as intérêt à m’attendre !

— Mais oui, pas de problème, et de toute façon, si tu veux avoir une bonne chance d’avoir ta place dans l’équipe de handball de l’école, il faudra bien que tu sois endurant !

— Ouais, mais il n’y a pas que ça qui compte, tu sais, hein !

Et en effet, je n’aimerais vraiment pas avoir à défendre contre lui lors d’un match. Avec son mètre quatre-vingt-dix et ses cent kilos, il possède une stature particulièrement imposante. Cela doit probablement provenir des quelques gènes hongrois qu’il a hérités de son grand père…

Alors évidemment, nous nous sommes plus ou moins perdus, ce qui nous a fait rentrer avec pas loin de treize kilomètres au compteur, mais il m’a suivi jusqu’au bout sur un rythme correct, ce qui m’a plutôt impressionné.

Nous occupons ensuite notre soirée à discuter de nos attentes et ambitions en vue de cette nouvelle année. Par ailleurs, nous avons reçu le programme des activités et soirées organisées par les élèves de deuxième année pour notre semaine d’intégration. Avec des soirées presque tous les jours de la semaine, nous ne risquons pas de nous ennuyer, et pour l’instant, pas de cours pour nous embêter !

*

**


Le mardi, c’est jour de présentation des associations de l’école ! À égalité avec le week-end d’intégration auquel nous participerons de vendredi soir à dimanche soir, c’est le moment de la semaine que j’attends le plus. À dix heures, je vais toquer chez Laszlo, lequel m’ouvre torse nu, ses cheveux noirs en pagaille et l’air mal réveillé.

— Allez, grosse feignasse, je te donne dix minutes pour t’habiller !

— Ouais… mais je ne sais pas comment tu fais pour être aussi en forme après la soirée d’hier. T’as fait semblant de boire ou quoi ?

— Non, non, mais je sais me maîtriser !

— Bon ok, laisse-moi un bon quart d’heure, que je sois présentable.

— Adjugé ! À tout à l’heure !

Ayant la chance d’avoir nos résidences à seulement trois minutes à pied des bâtiments de l’école, nous y débarquons vers dix heures et demie. Et je dois dire que nous avons l'impression d'être plongé d'un coup dans une fidèle reconstitution de la rue du souk de Marrakech : des dizaines de stands sont installés dans l’entrée du bâtiment principal, chaque association étudiante rivalisant de créativité et d’artifices pour attirer le regard des nouveaux venus.

Normalement, pour trouver les mecs de l’association de sono, il suffit de déterminer d’où vient la musique; effectivement, je ne mets pas longtemps à les repérer. Et qui vois-je en train de tenir le stand : une fille absolument magnifique, qui porte un joli pull noir marqué « Mila, Présidente », avec le logo de l’association, le « Nightfader », brodé juste en-dessous. Ni une ni deux, oubliant ma timidité, je m’adresse à elle :

— Hey, ça marche comment pour s’inscrire ?

— Salut, tu m’as l’air bien enthousiaste ! Tu peux rentrer ton nom et ton adresse mail sur le fichier Excel ici, mais je peux aussi te présenter ce qu’on fait !

— Heu, oui, bien-sûr, réponds-je passablement troublé, et ayant un peu de mal à soutenir son regard. Du coup, ça se passe comment chez vous ?

— Alors d’abord, les premières semaines, on organisera quelques apéros, ça sera l’occasion de discuter, de vous montrer un peu comment on utilise le matériel, et de partager nos goûts musicaux.

— Et il y aura des sélections ?

— Normalement, il n’y en aura pas vraiment besoin. Il y aura sûrement beaucoup de personnes intéressées au début, mais ensuite, la sélection se fera plus ou moins seule, seuls les plus motivés et investis resteront au final.

— Ah parfait, de toute façon, moi, je serai toujours là !

— Eh ben, ça fait plaisir de voir ça, ajoute-t-elle. À la semaine prochaine alors, si tu n’as pas d’autres questions ! Je t’ajoute tout de suite sur la conversation whatsapp de l’asso, tu auras toutes les informations nécessaires. Je le rappellerai, mais surtout, n’oublie pas une clé USB avec tes morceaux téléchargés !

— Ok, merci ! conclue-je un peu sous le choc de son regard torride qui me toise chaleureusement.

À peine reparti du stand, une grosse bourrade s’abat violemment sur le haut de mon dos. Je sursaute, et me retourne, trouvant Laszlo, avec un sourire en coin, qui me lance :

— Mais quel rapace ! Tu n'as pas tardé pour repérer ta proie ! C’est vrai qu’elle est pas mal du tout, la préz' ! Prêt à fondre dessus ?

Je me contente de lui sourire simplement d’un air sage, mais ça ne serait évidemment pas de refus si je pouvais me la taper ! L’objectif semble complexe et requerra probablement un niveau de planification comparable à celui du débarquement de 44, mais peut-être qu’en m’intégrant bien à l’asso, il y a une chance…

Le mercredi matin, je me réveille en sursaut à l'aube, et après m’être rappelé ce qui vient de se passer, je me mets à trembler de tout mon corps. Non ! Ce n’est pas possible ! Et ce n’est pas la première fois que ça m’arrive ! Je n’ai pas le droit ! Pour tenter de me calmer, j’enfile dans la précipitation mes chaussures de course, un short, puis un t-shirt, que je mets d’abord à l’envers, me saisis de ma clef, claque furieusement ma porte à en réveiller tout l’étage, descends les escaliers deux par deux, et respire profondément l’air frais de la nuit de septembre avec un bonheur intense.

Je pars à fond sur le même chemin que celui que nous avons emprunté avant-hier avec Laszlo. J’espère que comme d’habitude, l’effort physique me permettra d’oublier ce rêve complètement stupide ! Faire l’amour à un mec, merde ! Je sais bien que j’aurais tendance à virer bisexuel si je me laissais aller, mais ça ne se passera pas comme ça ! Jamais je ne ressemblerai à ces mecs complètement efféminés qui ne pensent qu’à se faire prendre par le premier venu !

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