Chapitre 2 - Partie 3

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Notes : Vous voici arrivés à la fin de l'extrait gratuit autorisé par ma maison d'Edition ^^. En espérant qu'il vous ait donné l'eau à la bouche. Vous pouvez retrouver VATIC en broché ou numérique dans toute bonne librairie (à la commande) ou sur vos plateformes de vente en ligne favorites ! 
Merci à tous ceux qui ont apporté leur petit grin de sel à cette histoire, dont les affreux premiers jets sont parus sur Scribay et, mon dieu, y'avait du travail avant de rendre cette histoire potable ! xD Vous m'avez donné la force de porter ce roman jusqu'aux portes de Mix Editions ^^ J'espère que vous serez nombreux à passez un beau moment de lecture avec les aventure d'Horu, Hilaire, Adaman et Erato ! ^^ N'hésitez pas à passer sur mon insta pour en papoter =)

À la revoyure ! 
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En sentant ses poumons se vider de leur oxygène et la peur lui paralyser les muscles, Hilaire s'obligea à chasser de son esprit tous les scénarios terrifiants qui pourraient découler de cette main posée sur son épaule. Il compta jusqu'à trois pour retrouver courage et donner un peu d'assurance à sa voix, puis :

— Je suis le fils d'un sorcier. Laissez-moi tranquille ou je vous balancerai un sort qui vous couvrira la queue de clo... ques...

La fin de sa phrase perdit en vigueur alors qu'il relevait le nez pour s'enquérir de l'identité de l'individu. Le soulagement disputa la place à la surprise.

C'est Horu ! Mais que fait-il ici ?!

Joaillier de la cour, Horu était paré avec tant d'excentricités que n'importe quel malvoyant aurait pu le reconnaître au milieu d'une foule, même en pleine nuit ! Sa tunique sans manches, blanche et chatoyante comme la lune, contrastait avec sa peau cannelle et les bijoux d'or qui lui cerclaient les bras, les poignets et le cou. Ses cheveux violet profond étaient rabattus sur le côté droit de son visage, dévoilant une boucle d'oreille pendante. Une mèche plus longue que les autres venait chatouiller l'angle de sa mâchoire. Il souriait, un peu moqueur, un peu comploteur.

— Mon prince ! Quel langage ! murmura-t-il à l'intention d'Hilaire tout en s'installant à son côté, dos au gros tonneau.

— Je... j'ai eu peur, je ne savais pas que c'était toi, murmura Hilaire plus bas encore.

— J'ai bien vu.

— Et... je me suis dit qu'il fallait que je sois impressionnant pour que l'on me laisse en paix...

— Hm hm.

— Je ne m'exprime pas comme ça d'habitude, tu sais... souffla-t-il sans oser regarder l'homme, les joues rouges.

Il n'était pas rare de croiser Horu lors d'une réception à la Justice, d'un spectacle ou d'un jeu dans les jardins du palais. Sa compagnie était tout aussi appréciée que l'excellence de son travail, et nombre de ses riches clients l'invitaient à les rejoindre lors des mondanités qu'ils organisaient. Hilaire l'avait remarqué à plusieurs reprises – difficile de faire autrement lorsque l'on était confronté à pareil énergumène – mais il n'avait guère eu l'occasion de lui adresser la parole. Il n'était pas très bavard et n'engageait jamais la conversation. Aussi, puisque l'orfèvre n'était jamais venu à lui, il s'était contenté de l'épier de quelques coups d'œil timorés.

Sans jamais se douter qu'Horu faisait de même, bien que plus discrètement.

— Que faites-vous ici, seul et sans escorte, Votre Sainteté ? demanda Horu après un paisible temps de silence.

Sa voix était douce, ne portait ni accusation ni besoin pressant de connaître toute la vérité. Hilaire glissa un regard vers lui, surpris. Il s'était attendu à ce que le joaillier le ramène à l'intérieur des murs de la Haute-Ville sans plus de délais, mais il se tenait tranquillement assis à son côté et semblait enclin à... bavarder ? L'idée de se trouver au centre de l'intérêt de l'orfèvre le fit rougir.

— Ne m'appelle pas comme ça, pas ici ! Et ne me vouvoie pas non plus, je ne veux pas me faire repérer.

— Je ferai comme il te plaît, répondit Horu en ajoutant un « mon Prince » muet, du bout des lèvres.

Toute la gestuelle et les mimiques de l'orfèvre évoquaient la sérénité. Horu n'avait jamais de crainte au coin de l'œil, d'impatience sous les pieds ou de crispation entre les doigts. Souple et paisible, toujours auréolé d'une atmosphère sensuelle et nonchalante. Le voir ainsi, imperméable à tout stress, détendit légèrement l'adolescent.

— Comment m'as-tu reconnu ? Je n'étais pourtant pas si mal dissimulé, derrière ce fût et dans mes fripes de miséreux.

Horu tourna le visage vers lui. Il ne pouvait pas lui répondre qu'il l'avait suivi dès qu'il avait senti sa présence s'éloigner du palais. Il ne pouvait pas non plus lui avouer qu'il l'aurait retrouvé n'importe où, même enseveli sous une dune, avec cette aura verte qui émanait timidement de lui. Non, il ne pouvait rien lui confier de tel, alors...

— Ta nervosité t'agitait tant qu'elle en faisait trembler le tonneau. Les barriques ne bougent pas toutes seules ; je suis venu voir ce qu'il se passait derrière et... c'était toi, mon Prince. Maintenant, me diras-tu ce que tu mijotes ici, tout seul ? Ne me dis pas que tu projettes de fuir le palais de la Foi, car je serais obligé de t'en dissuader, sourit-il, l'air léger.

Hilaire soupira en ramenant plus encore ses jambes contre lui et leva le nez vers la caravelle.

— Je ne suis pas tout seul. Mon frère est venu aussi.

— Ton frère. Le prince Erato ? ...

— Chut ! Oui... il voulait aller voir la caravelle du capitaine Adaman. Je voulais lui faire plaisir...

La révélation manqua de décrocher la mâchoire d'Horu.

Les deux princes héritiers se sont échappés de la Haute-Ville. Cornelius serait prêt à raser le quartier pour moins que cela...

— Et où est-il ?

— Eh bien... là-haut.

— Là-haut ?

— Là-haut, quelque part sur le bateau. Je l'ai vu monter sur le pont... répondit Hilaire, la nervosité regagnant sa place dans ses membres et dans sa voix à mesure qu'Horu se décomposait.

Les deux princes étaient hors de toute surveillance, sans défense et dans l'anonymat le plus complet. L'un d'eux était livré au bon vouloir d'un homme peu friand d'intrus sur son navire et loin d'être réputé pour sa tendresse et sa bienveillance. L'autre était caché derrière un tonneau, penaud comme un chiot sous la pluie... À portée de ses mains...

— Ça commence à faire long, maintenant... chouina Hilaire en se tordant les phalanges.

Horu réfléchissait à sa réponse lorsqu'il vit la silhouette bien connue du capitaine se présenter au bastingage et... jeter un petit corps par-dessus. Un petit corps qui gesticula et cria comme un diable – au moins était-il encore en vie – avant de tomber à l'eau. Il se débattit en hurlant de plus belle et en avalant beaucoup d'eau.

Hilaire étouffa un cri avec ses mains, les yeux écarquillés d'horreur.

— Horu ! Horu, fais quelque chose, il va se noyer, on n'a jamais appris à nager ! Horu... !

Horu s'était déjà levé et, d'une belle poussée sur les derniers pavés qui délimitaient le quai, il se jeta à l'eau.

***

À peine la masse glacée et huileuse se referma-t-elle sur lui qu'Erato battit des bras et des jambes comme un forcené. Comme s'il avait pu impressionner toute cette eau et la convaincre de s'éloigner de lui ! Il ne savait pas nager et ses mouvements étaient rendus encore plus laborieux par sa cape qui s'enroulait autour de ses membres et les alourdissait. Après deux cris aigus et autant d'immondes gorgées d'eau de mer, Erato coula. La panique lui figea le corps et saccada sa respiration alors qu'il tombait de plus en plus profond. Bientôt il s'enliserait dans une couche de vase goulue qui aurait tôt fait de l'engloutir.

Mais après quelques secondes de stupeur immobile, Erato se rendit compte qu'il n'avalait plus d'eau. Il respirait aussi bien qu'en surface, même si l'air était vicié.

Trop choqué par ce constat pour s'horrifier encore de bientôt disparaître dans une épaisseur de vase d'où plus personne ne pourrait le tirer, il ouvrit les yeux. Quelle stupeur quand il ne sentit ni eau ni sel venir lui brûler les rétines ! Quelle incompréhension quand il observa, tout autour de lui, la fine bulle d'air qui éloignait l'eau de sa peau ! Il ouvrit la bouche, et le son de sa voix lui parvint aux oreilles de la même façon que s'il avait été à l'air libre.

— Quelle est cette sorcellerie ? ...

Il bougea les doigts, les bras, les jambes, et l'air qui s'était réuni autour de lui bougea en même temps, suivant ses mouvements. Il en fut si abasourdi qu'il en oublia sa terreur et, lorsqu'un bras fort se referma autour de sa taille, il ne pensait à rien d'autre qu'au chant aquatique que produisaient les craquements du Maelstrom. Et puis il y avait aussi...

Sa tête blonde perça l'opercule graisseux de la surface. La quiétude sous-marine fut immédiatement remplacée par les cris d'Hilaire et la rumeur inquiète du peuple du port. Loin de se soucier encore de toutes les recommandations de discrétion qu'il lui avait faites, Hilaire hurlait son prénom à s'en arracher les cordes vocales. Autour de lui, hommes et femmes s'attroupaient pour observer la scène.

Erato regarda tout cela sans y réagir, encore hébété par l'expérience qu'il venait de vivre, ballotté par le rythme de la brasse qu'effectuait l'homme qui le ramenait à quai. Lorsque ce dernier le poussa dans les bras de son frère, il ne s'était toujours pas défait de sa mine abasourdie. Autour de lui, l'agitation allait croissante : Hilaire pleurait et des soldats tentaient de disperser la foule dans un fracas de métal et d'injonctions autoritaires...

Au milieu du chaos, Erato ne portait d'attention qu'au souvenir de la voix grave qui, alors qu'il coulait, lui avait assuré que jamais il ne devrait craindre l'océan. 

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