Chapitre 28 - Tomber des mues

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— Ça va ?

Consoler Edward était sûrement la dernière chose qu'elle aurait pensé faire, pourtant Saulia ne pouvait pas rester de marbre face à un tel désarroi. Le vampire la regarda d'un air perdu, les mains sur les cendres de Karmeni. Il renifla, puis se leva sans un bruit. Les murs autour du groupe commençaient à se lézarder de plus en plus. Ananko miaula.

Nous devons partir.

— Laisse-lui un peu de temps ! l'apostropha Saulia, mais :

— Le temps est une denrée précieuse. Ne la gaspillons pas.

Ludwig avait parlé. Il prit l'épaule de son ami et le détourna doucement des restes de son passé. Il n'y avait plus rien à faire. Maty leur intima de la suivre, et ils parcoururent les couloirs jusqu'à arriver à la corniche où on les avaient arrêté.

— Plus d'oiseau arc-en-ciel, grommela Ludwig.

— Je vous emmène en bas.

Après avoir dit cela, la rousse en appela à son chat. Un éclair d'ombre fila à sa poitrine, et la fusion fracassa leurs corps pour modeler la bête. Saulia se sentait moins nauséeuse, plus en contrôle d'elle-même. Elle prit Maty et Ludwig sous ses bras velus et puissants, fit un signe de tête en direction du vampire qui acquiesça avant de sauter.

Le cri de Maty se répercuta dans ses oreilles, et elle vit Ludwig fermer les yeux. Comme quoi, être une prophétesse ou un ambassadeur intrépide ne vous épargnait pas les sensations fortes… La chute fut longue, et même si Saulia sauta avec toute la puissance de ses jambes transformés, ils n'atterrirent non pas dans la mer mais près du port. L’atterrissage fut surtout rude pour les tuiles des toits, qui partirent à vau-l'eau. La chatte-garou freina jusqu'à que ses pieds deviennent fournaise, et elle déposa ses camarades. Ils se retournèrent.

Derrière eux, la cité d'Apraxia. Belle, puissante et magnifique… qui s'effondrait petit à petit tel un gâteau à étages trop garni. Les maisons s'écroulaient sur elles-mêmes, les théâtres explosaient sous la pression des eaux courantes, et le palais ainsi que la bibliothèque fondirent lorsque la magie retenue par les sortilèges, les enchantements et autres conjurations s'étiolèrent. Un rayon de lumière jaillit de la salle du trône, projetant gravats et poussières, et explosa dans le ciel en milliards d'étincelles. Ludwig siffla d'étonnement et Maty applaudit, ce qui scandalisa Saulia au point la retransformer en humaine.

— Vous avez détruit tout le savoir d'un pays et ce qu'ils s'étaient échinés à construire, et vous vous extasiez devant un feu d'artifice.

— Oh la belle bleue ! fit Maty comme pour l'agacer.

— Saulia, je viens d'avoir une révélation.

— Oui, Ludwig ? Qu'est-ce qui est plus important que la chute d'une ville ?

— J'ai envie de revoir Laura, et de lui demander sa main.

Maty et Saulia se retournèrent en même temps, avant que la seconde ne lance à la première :

— N'es-tu pas déjà au courant de tout ce qu'il se passe ?

— Seulement dans les grandes lignes ! Et puis quand il est question d'Edward ou de Ludwig, je ne sais jamais à quoi m'attendre…

Elle regarda ensuite Ludwig : dans ses yeux se reflétait l'incandescence restante dans le ciel, mais il y avait effectivement cette ardeur incongrue, celle qui vous donnait la fièvre du sourire, vous empêchait de réfléchir à autre chose qu'à la seule et unique raison de votre existence.

— J'imagine que ça devait arriver, râla la rousse en croisant ses bras.

Ananko se frotta à ses mollets. Elle le prit dans ses bras en contemplant l’œuvre d'un vampire et de trois humains. Vampire qui flotta jusqu'à eux, sa cape aux allures d'ailes de chauve-souris se détachant dans la pâleur du ciel. C'est d'un banal…

— Que faisons-nous ?

Il s'adressait à Ludwig, sans prendre le temps de se retourner vers la cité qui tomberait bientôt en ruines. Saulia sentait qu'il se retenait. Elle imaginait bien sa souffrance, celle quand on perd un être cher mais qu'on n'a pas le courage de venir le voir une dernière fois. Après un instant de silence, Ludwig répondit :

— J'ai trouvé le responsable de toute cette affaire. Mais je n'ai coupé que la tête immortelle de l'hydre : chaque mournien, chaque mournienne et chaque mourmon viendra se joindre aux Dardants une fois qu'ils apprendront ce que nous avons fait à Apraxia.

— Nous n'avions pas le choix, avança Maty.

Silence encore. Ludwig semblait vraiment peiné. Saulia secoua sa tête, fit la moue et pensa : Oh, au point où on en est… Elle mit la main sur l'épaule de son partenaire… son ami, et croisa son regard en lui faisant comprendre : « Je te sais juste et droit, et te suivrais quelque soit ton choix ».

— Nous devons encore trouver le Tranchecoeur : c'est lui qui est responsable de la situation à Oxford.

— Je peux nous conduire à lui.

Maty s'avança et montra un endroit sur la ville qui arrêtait de s'effondrer. Loin, derrière un mât de bateau, on distinguait un trou. Une bouche d'égout ?

— Bien – Ludwig se tourna vers Edward – Tu me suis ?

— Toujours, mon frère.

Ils descendirent de la maison ébranlée par les secousses de l'atterrissage, avant de traverser les ponts en bois blanc. Saulia sentait la magie saturer l'air, mais ce n'était pas une odeur d'oeuf pourri : c'était de la… vanille ? Elle s'adressa à Ananko, expert de magie selon elle :

— Qu'est-ce qui se passe ?

La magie n'est plus sauvage ou domestiquée : elle est elle-même. Anaturelle.

— « anaturelle » ? Tu veux dire au-delà de la nature ?

— Elle l'a toujours été, intervint Edward en ralentissant le pas pour se mettre à son niveau. Elle ne fait partie d'aucun monde, et ne le sera jamais.

Pourtant, se disait Saulia, la magie sentait la vanille. Pourquoi la vanille ? Et pourquoi sentait-elle l'oeuf pourri lorsqu'elle était sauvage ? Ces questions taraudèrent son esprit jusqu'à qu'elle et les autres parviennent jusqu'à la sortie d'égout : celle-ci dégobillait moult eau de mer à la manière d'une chute d'eau.

— Le courant est trop fort, fit-elle remarquer. On ne passera jamais !

Ludwig acquiesça, mais Edward s'avança. Ses pieds se détachèrent du sol et le vampire flotta juste au dessus du cours d'eau. Puis, il leva la main, doigts écartés : un cercle rempli de runes apparut devant et scintilla dans l'air. L'eau se scinda en deux, libérant le passage ; Maty pouffa.

— Frimeur.

— Après vous, leur proposa Edward en s'inclinant.

— Il est jaloux de Yannis parce qu'il a fait le même coup quand les Juifs ont fui les Égyptiens.

Saulia faillit trébucher. Les Juifs ? Les Égyptiens ? Elle regarda Maty, qui se retourna pour lui faire un petit sourire espiègle. Mentait-elle ? La rousse ignorait si le pouvoir de la blonde s'accompagnait d'un traditionnel défaut tel que l'interdiction de mentir. Soudain, elle sentit Ludwig s'approcher d'elle…

— Ne l'écoute pas. Maty est folle.

— Que… Parle mieux de tes amis !

— Pardon. Mais je souhaitais avoir toute ton attention pour la question que j'allais te poser.

Une pluie de grenouilles ayant toujours moins d'impact qu'une question de Ludwig, Saulia ne pouvait qu'écouter.

— Vas-y. Balance, mon gros.

— Appelle-moi comme ça encore une fois, et le licenciement sera le dernier de tes soucis.

— Pardon.

— Je voulais savoir si tu pouvais envisager le fait que je meurs très prochainement.

— Tu me fais une Yannis ?

— Pas exactement : je suis irremplaçable.

— Attention les chevilles.

— Ce n'est pas par orgueil ou par sarcasme que je le dis ; c'est juste vrai.

— C'est ça, oui… En attendant, vas-tu me dire pourquoi tu penses mourir bientôt ?

Elle désigna du pouce Edward et Maty qui marchaient derrière.

— Tes amis sont là. Moi aussi. Et même ceux qui ne sont pas présents en ce moment-même te protègent d'une certaine manière.

— Mais qui te dit que leur protection est infaillible ? J'ai eu mon lot d'aventures…

—…qui n'est pas près d'être terminé…

—…et je ne peux pas penser que tout ira bien jusqu'à la fin. Les choses ne sont pas écrites à l'avance, elles évoluent. Parfois, je sens ces choses-là ; des émotions éparses, humaines et pourtant si lointaines qu'elles sont inaccessibles pour le commun des mortels. J'ai l'air fou ?

— En l'apparence. Pour moi, non.

— Merci. Cette présence… elle me guide. Et je suis sûr que c'est pareil avec Edward, Maty, Yannis, toi et Laura. Et ça l'était sûrement pour Orbas ou Karmeni.

Saulia frissonna. Cette idée l'oppressait.

— Tu crois qu'il s'agit de Dieu ?

— Non. Un dieu contrôle par essence. La présence nous laisse voguer à notre aise.

— Mais elle nous guide. Elle trace notre chemin… C'est une forme de contrôle.

— Peut-être… Ça t'effraie ?

— Un peu.

— Je le ressens.

— C'est bizarre.

— T'es pas la seule à le penser… On arrive, constata Ludwig.

Une porte circulaire immense, d'un blanc laiteux : de l'ophobalérium. Ici, l'air scintillait de magie, et le métal vibrait d'un éclat surnaturel. Saulia sentit Ananko se réfugier dans son ombre ; il n'aimait décidément pas la magie dite « domestiquée ». L'odeur qu'elle dégageait, un lourd parfum de lilas, attaquait les narines de la jeune fille. Elle porta sa manche à son nez.

— On y est.

Après cela, Edward s'approcha de la porte, leva son poing par dessus son épaule… et s'effaça un instant. Un coup de tonnerre retentit dans le couloir, et la porte se brisa en deux. Saulia se promit de ne jamais boxer avec le vampire…

— Qu'est-ce que ! toussa une voix de jeune homme.

— Frère ! Attention !

Saulia réagit au quart de tour, sans être gênée par sa transformation. En un battement de cils, la voilà monstre qui bondit sur l'ombre à travers la poussière, toutes griffes dehors. Le Dardant n'eut même pas le temps de crier. L'odeur du sang.

Des cris et des éclairs. Le combat débuta, et Saulia esquiva une sphère brillante qui sifflait. Le lanceur hoqueta lorsqu'elle le percuta de tout son poids, l'envoya s'écraser contre un mur. Elle ne perdit pas une seconde et lui trancha la gorge. Une mournienne cria de terreur, mais Saulia la fit taire. Le goût du sang.

Un autre Dardant. Il était immense. Son masque luisait dans la pénombre des torches de la pièce, qui se révélait progressivement : octogonale, des statues à chaque sommet tenant différentes armes. Une table au centre de la pièce, détruite par le déchaînement de la rousse et des sortilèges ennemis. Derrière les débris, trois mourmons : un vieil homme et deux jumeaux blonds. Les Tharakson, comprit Saulia.

— Tue-le, Alphinz ! hurla le vieil homme avant de tracer des Runes sur le sol.

Ils tentaient de s'échapper. Saulia s'élança, mais le mournien géant lui barra la route avec une hache qui manqua de la décapiter. La chatte-garou recula et feula.

— Sale engeance des Anciens, tu vas goûter à ma lame !

Le guerrier fonça sur elle en faisant des moulinets avec sa hache. Saulia dansa autour de lui pour le narguer, ses puissantes pattes de chat lui permettant de faire des bonds jusqu'au plafond. Elle allait si vite que l'air sifflait à ses oreilles. Le mournien ne pouvait pas la suivre. Saulia lui griffa l'épaule, puis la jambe gauche.

Soudain, la hache racla le sol et projeta une lumière violette en forme de croissant. En plein air, elle ne put que croiser les bras pour se protéger du sortilège. Sa fourrure mystique absorba le gros du choc, mais Saulia ressentit une douleur si vive que le lien entre elle et Ananko fut coupé. Elle rebondit sur un mur pour s'écraser au sol.

Ses muscles et articulations criaient à son cerveau de passer en mode veille. Le rire du Dardant et le crissement de la hache sur le sol résonnèrent à ses oreilles, déformés par la fatigue soudaine. Le contrecoup de la fusion… J'aurais dû y penser ! se maudit la jeune fille en frappant le sol de son poing, rageuse. Le pouvoir l'avait élevé, mais dure avait été la chute.

— C'est fini, sale humaine, haleta le mournien en levant sa hache.

— Affronte quelqu'un de ta taille.

Edward, immense comme jamais, s'éleva en ombre menaçante au dessus du mournien qui blêmit. Le vampire… s'allongea sur lui, et comme une nappe que l'on étend sur le sable, il n'y eu aucune bosse. L'ombre se reforma en un Edward de taille normale. Aucune trace du mournien.

Gbytr Nruty Vraaj !

Tandis que le vampire aidait Saulia à se relever, le vieux Dardant finit son sortilège ; la terre trembla. Puis, les débris de table et de statues en miettes se rassemblèrent sur le cercle Runique qui brilla avant de disparaître sous une masse grandissante… qui devint un géant de pierre et de bois. La chose ouvrit un semblant de bouche et lâcha un gémissement de caillou ligneux.

— Tue-les ! crachota le vieux en toussant. Tue-les t… ARRRGLH !!!

Le géant se dissolut dans l'instant. Sous les regards horrifiés des deux Tharakson, le vieil homme se recroquevilla. L'un des deux, le mournien, s'approcha pour l'aider, mais l'ancien le repoussa en gargouillant :

— Partez… Vite…

— Je ne peux pas vous abandonner ! sanglota le jeune homme.

— Comme si on allait vous laisser faire, gronda Edward en s'approchant à grands pas de l'invocateur.

Sa main griffue fut presque sur lui lorsqu'un globe de lumière apparut. Des étincelles, et le vampire siffla en reculant ; sa main fumait. Derrière la protection magique, Layla Tharakson avait la main et le visage tendus par l'effort. Saulia, malgré son ressentiment certain pour cette mournienne, sentit une pointe de respect à son égard : elle protégeait farouchement les siens.

— Vas-y, Lewis ! hurla-t-elle à son frère.

Qui hésita un instant. Implorant devant sa sœur, puis plein de pitié devant le vieillard qui se tordait au sol. Saulia comprit quand elle le distingua à la lueur de la protection : son visage se couvrait d'écailles. Il « s'orbasifiait », retournait à l'origine de sa propre nature de bête magique. Mais en perdant peu à peu sa conscience, son être… son âme, frissonna-t-elle. Aucun destin n'était pire.

Lewis finit par partir, et Edward bondit. Layla hurla, et son bouclier enfla pour stopper l'élan adverse. Mais Saulia vit que la mournienne n'avançait ni ne reculait ; son sort avait un point faible. Elle croisa du regard Edward, qui opina du chef après avoir compris. Il recula, laissa la rousse s'avancer. La mournienne ricana.

— Sale hybride ! Tu crois que tu peux me défier ?

— Gagner du temps ne te servira à rien, répliqua Saulia. Vous avez perdu.

— Perdu ? (soudain, la magicienne chancela et son nez commença à saigner ; son pouvoir ne tarderait pas à être tari) Je vois… Tu crois que je gagne du temps pour mon frère ? Ha ! Je vois à ton regard que tu penses que je suis trop affaiblie pour être une menace. Mais je vais te tuer, petite humaine… Oh oui ! Puis ce sera le tour de cette saleté de skaldnjól. Les deux autres sont faibles, je ferais juste s'effondrer le plafond sur eux, oui…

— Arrête de te faire des films, puis Saulia se transforma.

Et donna un coup de griffe formidable.

La puissance de son attaque fut telle que la magicienne et sa protection, Edward et les autres furent balayés par une tornade miniature, soufflant tous les hurlements d'étonnement, de souffrance. Saulia rattrapa ses amis humains dans les airs dans un saut, et courut sur les murs dans le sens du tourbillon. Quelques secondes plus tard, les débris et la poussière cessèrent leur farandole et retombèrent. La rousse fit de même, lâchant ses amis et sa transformation.

Les pieds de Layla Tharakson dépassaient d'un tas de gravats. Ananko trotta jusqu'au petit tas, le renifla avant de se tourner vers sa maîtresse pour lui faire comprendre ce message : morte. Saulia fut soulagée, quoi qu'un peu sonnée par tout ce qui venait de se…

— ATTENTION !!!

Edward la plaqua au sol, puis elle vit du sang gicler sur son visage, ainsi qu'une vision de cauchemar :

La tête du vieillard avait été à moitié déformée sur le côté gauche, s'allongeant pour ressembler à celle d'un reptile. Sa langue était transformée, s'échappant en sifflant pour laisser couler des filets de bave. Et la main du vieillard, métamorphosée en patte puissante, écrasait Edward qui écrasait Saulia.

Elle suffoquait. Dans quelques instants, l'orbasos mangerait la tête du vampire et passerait à elle. Ferait-elle un bon amuse-bouche ? Elle en doutait, mais peut-être un bon digestif, vu toutes les tasses de thé qu'elle s'enfilait à la volée depuis sa plus tendre enfance ! Arrête de penser comme une vieille et bats-toi ! Mais sa vision d'horreur s'élargit en se tournant vers Ananko : le chat se débattait, étranglé par la queue de l'orbasos. Pourquoi ne s'échappait-il pas ?

Il est… sauvage, je ne… peux… pas le… déjouer !

— Il est fort ! grogna Edward en frappant la gueule qui devenait de plus en plus reptilienne pour l'empêcher de le dévorer.

— Yaaahaa !

Derrière, une chaise s'écrasa sur le crâne allongé avec force. L'orbasos lâcha un sifflement et sa prise sur Edward, qui en profita pour se dégager et lui filer un coup de pied qui éloigna le monstre. Ludwig bondit sur le côté pour ne pas se faire renverser, les pieds brisés d'une chaise à la main.

Des larmes apparurent aux coins des yeux de Saulia lorsque son ami blond, les joues rouges, haleta cette réponse en lui tendant sa main :

— Avec moi, ça marche.

Il faisait référence à sa tentative pour le sauver de la sirène dans la bibliothèque. Elle en était presque émue, tiens ! Saulia prit la main et se releva, faisant front uni avec Ludwig, Edward et Maty face au mournien déformé.

— Ananko !

Le chat siffla de fureur alors qu'il plongeait de nouveau en elle. Le contrecoup fut difficile à supporter, mais la fusion fut d'autant plus facile et rapide. Cette fois, les muscles de Saulia gonflèrent d'autant plus, et des volutes d'ombre s'échappaient de sa gueule alors qu'elle grondait. Elle s'élança vers le mournien.

Edward était moins fort qu'elle. L'orbasos le ressentit en grognant de surprise, alors qu'elle lui agrippait les deux mains. Les deux jaugèrent leurs puissances respectives quelque instant, tels deux lutteurs gréco-romains. Soudain, l'orbasos se fit dominer, ses doigts se tordant le sens inverse sous la poigne formidable de Saulia.

Il tenta de se dégager à l'aide du torsion, mais les bras velus gonflèrent d'ardeur. Les écailleux se rompirent net. L'orbasos hurla de douleur. Il s'écarta, ébranlé. Saulia lui catapulta son poing dans le visage. Un bruit spongieux se fit entendre aux travers de craquements. L'orbasos tournoya, tituba, s'effondra.

Il ne bougea plus.

Ananko sortit et le corps de Saulia reprit forme humaine. Elle expira tout l'air de ses poumons. Ses muscles tremblaient si fort qu'elle finit par s'effondrer, évitant de toucher le sol seulement parce que Maty la réceptionnait.

— Merci, sourit Saulia.

— Non, merci à toi, répondit aussitôt la devineresse. Ed n'avait aucune chance.

— Tes critiques déguisées sont inutiles, intervint le vampire. Mais elle a raison : merci.

— Tu auras juste besoin d'un peu d'endurance, souligna Ludwig. Des séances de footing te feront le plus grand bien !

— Ha ha… Tu es juste triste parce que tu es obligé de courir seul – Saulia retrouva enfin le contrôle de ses membres, et montra le couloir sombre – Attrapons-le.

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