L'École du libertinage

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 L’École du libertinage est le lieu où se déroulent toutes les actions du roman du Marquis de Sade. Nous pouvons retrouver à l’intérieur toutes les horreurs possibles, toute la noirceur de l’homme : pédophilie, scatophilie, voyeurisme, viol, inceste… et, ce, montant crescendo dans l’infernal, allant à toutes les cruautés imaginables avec les multiples et longues tortures jusqu’aux meurtres. L’œuvre peut être ainsi considérée comme baroque car allant sans cesse dans l’excès (« c’est un génie baroque » comme l’écrivit Philippe Sollers dans son article « De la main de Sade »). Pour tout cela, nous somme dans un seul endroit, fictif : nous sommes bel et bien dans une dystopie où l’homme est déshumanisé, devient un simple jouet sexuel dans cette micro-société, où il est réduit à n’assouvir que ses pulsions pires qu’animales et meurtrières.

 Mais, comme le Royaume de Butua, l’École du Libertinage n’est pas une île : elle est un château, un lieu alors atteignable et réaliste, banal. Nous pouvons alors voir, par ce fait, l’incursion du réel dans la fiction. Mais ce n’est pas la seule incursion du réel.

 En effet, tous les personnage viennent du monde réel (bien que fictionnels) : les jeunes gens soumis aux fantasmes des maîtres et, surtout, les maîtres. Ces derniers tinrent même une grande place dans la hiérarchie sociale (et surtout aristocratique) française, comme ils nous le sont présenté dans l’introduction du roman. Ainsi le Duc de Blangis est un seigneur ayant fait fortune vers la fin du règne de Louis XIV, de même pour l’évêque de…, la réalité historique et topographique nous étant montrée par les titres des personnages et la chronologie précise des événements. Cela est la même chose pour les deux autres maîtres du château : Durcet et le président de Curval.

 Enfin, les incursions de la réalité dans cette dystopie se fait par le biais des crimes. En effet, tout le monde venant dans le château vient de notre monde : les maîtres et, surtout, les victimes de tous les crimes atroces commis en ce lieu. Mais, petite subtilité, toutes les horreurs que décrit Sade dans ce texte ne sont pas perpétrées uniquement dans l’École du Libertinage : un grand nombre de viols et de meurtres inimaginables ont aussi été produits à l’extérieur, en France, dans notre monde, dans notre réalité. En faisant cela, il dénonce les mœurs publics et, surtout, privés de son temps.


La véritable horreur ne se trouve pas dans la fiction, elle se trouve tout autour de nous, semble nous dire le Marquis de Sade à travers son œuvre, ce qui est une très belle façon de subvertir le sujet de la dystopie. Après tout, ce n’est pas pour rien que Pasolini, dans son adaptation du roman qui lui coûta la vie, transporta ce château en Italie de la fin du fascisme, à Salò pour être plus précis, et fit des maîtres du lieu des soldats italiens fascistes, ancrant le récit dans une réalité dure, sale, abjecte, horrible… sadique.

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