La contre-utopie : une critique de la société anglaise par le regard de l'autre

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 La critique de la société de Gulliver (et donc de Swift) se fait à travers l’entièreté de l’ouvrage. Cette critique se produit surtout par le biais du regard de l’autre et par le contraste entre les lieux fictifs et la réalité. Ce sont ainsi des outils critique semblables à ceux de l’anti-utopie car la réalité est l’inverse de l’utopie, comme nous avons pu le voir plus tôt. Pour démontrer cela, je ne prendrais que trois exemples qui, pour moi, illustrent parfaitement cette critique.

 Premièrement, la critique de la société peut se voir chez les Houyhnhnms. Ici, la critique se fait non seulement grâce à une inversion des rôles entre les chevaux et les hommes (les Yahoos), ce sur quoi je reviendrais plus tard, mais elle se fait aussi de la part du « maître » de Gulliver en ce lieu : celui-ci critique la raison des humains pour la guerre et pour la constitution (IV, 5) mais il critique aussi l’administration anglaise et la nature humaine (IV, 7).

 Puis, nous pouvons voir Gulliver dans l’Île des Magiciens, dans les chapitres 7 et 8 de la troisième partie. Dans cette île, Gulliver arrive à discuter avec les esprits de morts illustres, comme Hannibal, Jules César et Brutus. Le fait de faire parler les morts permet à l’auteur de dénoncer l’historiographie moderne de sa société, de sa façon de jouer avec les événements historiques. Une partie du titre du chapitre 8 est ainsi explicite quant à ce sujet : « L’Histoire ancienne et moderne corrigée ».

 Enfin, nous pouvons prendre un exemple à Brobdignag, peuplé de géants, au chapitre 6 de la partie II. Ici, Gulliver raconte au roi de ce lieu l’histoire et les « prodiges » de la société anglaise et de la civilisation européenne, lui faisant mille et une louanges, l’adorant... Mais ces « prodiges » ne sont pas si prodigieux pour le roi, qui conclut le chapitre par ces mots (dans la traduction de l’abbé Desfontaine) : « par tout ce que vous m’avez raconté d’abord et par les réponses que je vous ai obligé de faire à mes objections, je juge que la plupart de vos compatriotes sont la plus pernicieuse race d’insectes que la nature ait jamais souffert ramper sur la surface de la terre ». Je ne pense pas qu’il est ici nécessaire d’expliquer la critique tant elle est explicite.

 Il me semble nécessaire de rajouter que le fait que le personnage de Gulliver soit amoureux de sa patrie rend les critiques données par le regard extérieur plus violentes et frappe plus le héros du roman dans ses certitudes, dans son aveuglement nationaliste.

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