La nuit engloutissait toute trace de vie des centaines de mètres autour de la cabane. Le poêle à pétrole faiblissait doucement, le froid s’immisça subrepticement à travers les lattes de bois. Les cris d’oiseaux de nuit et de crapauds couvraient celui des deux amants. Rougi par l’effort, essoufflé par sa performance hors normes, il se releva lentement sans même jeter un regard à sa princesse. Il l’avait pourtant tellement désirée, mais il était conscient qu’elle ne lui suffirait plus. Tentant de contenir ses frissons provoqués par l’écart abyssal de température, il s'habilla prestement.

Le regard vide, il sortit la clé de sa poche arrière, et déverrouilla les menottes fantaisie en forme de nounours. Les mains de sa conquête étaient blanches et maculées de sang. Un contraste saisissant qui le remit aussitôt en appétit. Il se demanda néanmoins si tout cela était finalement une bonne idée. Se secouant la tête pour chasser ses pulsions et doutes, il saisit son sac en toile de jute et reprit consciencieusement son travail.

Plusieurs cabanes peuplaient les chênes à dix mètres de hauteurs, reliées par de nombreux ponts de singe qui n’inspiraient pas confiance. Il savait qu’au beau milieu de l’hiver celles-ci seraient désertes. Il prit alors le temps de bien faire, fourrant chacun des membres de Julia au fond du sac. Elle ne serait plus jamais son esclave, elle avait beaucoup trop servi. Une fois ses traces effacées et le paquet caché au milieu des bois, il se posa sur un petit rocher. Il déverrouilla son smartphone et réactiva son réseau social préféré : il lui fallait vite un nouveau jouet.