Chapitre 1.2

5 minutes de lecture

C’est peu après midi qu’une ville se dessina à l’horizon. L’espoir lui apporta une bouffée d’énergie et elle pressa le pas. Sativa n’avait eu qu’une miche pain à peine sèche et un pauvre morceau de fromage pour calmer sa faim et elle n’avait plus d’eau non plus. Elle avait besoin de soins et de nourriture. C’est lorsqu’elle ne fut qu’à une centaine de mètres de l’entrée de la bourgade que les sens de la pirate l’alarmèrent. Des sons métalliques et des cris résonnaient non loin. Poussée par son instinct de conservation, Sativa se cacha derrière un arbre et se concentra sur sa vue. Ses yeux vert émeraude lui révélèrent alors un affrontement violent. À moins de trente mètres de l’entrée de la petite ville fluviale, une douzaine d’orques affrontaient la milice locale mais aussi des individus plus atypiques, sûrement des aventuriers.

La jeune pirate sût ce qu’elle avait à faire : si les orques entraient dans la ville ses chances de survie seraient réduites à néant, elle devait aider les défenseurs. Sativa dégaina son sabre et camouflée dans la végétation s’approcha du combat. Lorsqu’elle arriva au niveau des orques, trois d’entre eux et deux gardes étaient morts, il fallait passer à l’action.

Un orque armé d’un gourdin recula vers la lisière de la végétation, l’elfe noire saisit sa chance et, jaillissant des broussailles, elle embrocha le monstre de part en part. L’effet de surprise de son attaque ne dura pas bien longtemps : un second orque sauta à la gorge de la pirate au moment même où son confère expirait. Armé un d’un large espadon, le peau-verte tenta de trancher son adversaire en deux d’un large coup. L’ennemi était certes fort, mais il était lent, et cela l’elfe noire ne manqua pas de s’en servir. Elle se baissa juste à temps pour éviter l’assaut et puisant dans ses dernières forces frappa l’orque à l’abdomen, la lame du sabre s’enfonça jusqu’à la garde. Sativa était exténuée, ses muscles et ses blessures étaient en feu. Un troisième orque approchait déjà, armé d’une hallebarde, le monstre abattit son arme visant la tête de la drow. Sativa ferma les yeux, attendant la mort.

Mais au lieu de ressentir la douleur, elle entendit un brutal son métallique suivi d’un râle. La pirate, exténuée, ouvrit les yeux. Le guerrier orque était au sol, baignant dans son sang, la poitrine transpercée et devant Sativa se tenait un jeune humain, un peu plus jeune qu’elle à première vue. Le jeune homme était torse nu, vêtu d’un pagne en cuir et d’un harnais en cuir, d’une cape rouge et d’un heaume d’acier. Il était également armé d’une lance courte et d’une rondache d’acier.

Le jeune guerrier s’approcha de l’elfe noire en plissant les yeux, puis d’une voix pleine de surprise il dit :

 — Sativa ?

L’intéressée aurait bien répondu, mais la fatigue eut finalement raison et elle sombra dans l’inconscience.

Les voix et les sons du combat lui parvinrent pendant quelques secondes avant qu’elle ne sombre complétement. La dernière chose que Sativa perçut fut le visage du jeune guerrier.

Sativa n’était pas morte, elle le savait car son corps lui faisait un mal de tous les diables. Elle ne parvenait pas à soulever ses paupières tant elles étaient lourdes. L’elfe noire percevait des paroles indistinctes et des mouvements flous non loin d’elle. Quelqu’un déposa un tissu humide sur son front. Sativa tenta de parler mais avant que le moindre mot ait pu sortir de sa gorge, la fatigue resurgit et le sommeil l'engloutit à nouveau.

Plusieurs fois, la pirate émergea pendant quelques minutes avant de replonger. Elle prit peu à peu conscience qu’elle était dans la cabine d’une barge étendue sur une couche la jeune drow était couverte de bandages. Le moindre mouvement tirait sur ses plaies, la faisant souffrir atrocement. Étrangement les voix qu’elle entendait lors de ses moments de lucidité la rassurait, comme si elles lui étaient familières.

Un matin, la jeune pirate s’éveilla. La chambre était vide, mais elle sentait encore la sensation familière du léger balancement, causé par l’eau sous le navire. Enfin lucide, Sativa prit le temps d’observer l’endroit où elle se trouvait. La cabine était modeste, meublée d’un petit bureau où plusieurs flacons médicaux et bandages étaient entassés.

Sur une chaise, les affaires de la patiente avaient été soigneusement pliées et lavées. Sativa réalisa qu’elle n’était vêtue que de ses bas, le haut de son torse, et ses seins, étaient nus et en partie couverts de bandages. Sans plus rougir de cette situation, la jeune elfe noire enfila ses vêtements. Bien que ses plaies ne la fassent plus souffrir, tous ses muscles semblaient aussi raides que du bois. Cela venait plus de sa perte de sang et de sa longue inactivité que de ses blessures en elles-mêmes. Après avoir chaussé ses bottes et lacé son plastron, l’attention de Sativa se porta enfin sur sa sacoche posée à même le sol au pied du bureau.

Poussée par son instinct de pirate quelque peu matérialiste, elle s’empressa de s’assurer que ce qu’elle avait sauvé du naufrage y était encore. Lorsqu’elle souleva la besace, elle prit alors conscience de son poids, plus élevé que dans sa mémoire. Aux dernières nouvelles il n’y avait là qu’une bourse de quelques pièces d’or, trop peu d’après elle pour atteindre le poids qu’elle sentait dans le sac. Elle ouvrit donc ce dernier et à côté de la bourse qu’elle avait récupérée, un étrange cylindre y reposait également. L’elfe noire vit alors des initiales cousues à l’intérieur de la besace : K-M. Sativa sut tout de suite à qui cette sacoche avait appartenu, il s’agissait de Korra Malte, son ancienne capitaine.

Sativa s’empara du cylindre afin de l’inspecter plus en détail. Il était en métal, couvert de symboles et divisé en trois sections distinctes. La pirate fit tourner l’objet entre ses doigts, elle sentit alors l’un des segments bouger : ils pouvaient tourner autour du cylindre. Les parties amovibles étaient composées de trois faces distinctes, sur chacune d’elles les mêmes symboles se répétaient : une pieuvre, un taureau et un oiseau.

Sativa tenta d’ouvrir le cylindre, mais l’objet resta plus hermétique qu’une huître. À chaque fois qu’elle déplaçait les segments, la pirate entendait les sons presque indistincts de minuscules rouages. L’expérience acquise chez les « Tigres de Sel » lui fit très vite comprendre qu’elle avait intérêt à être prudente.

Ce mécanisme pouvait aussi bien ouvrir le cylindre que déclencher un piège qui la priverait d’un de ses doigts, ou bien d’un œil. Alors que l’elfe noire s’interrogeait sur le sens des symboles, des bruits de pas et des voix se firent entendre de l’autre côté de la porte. Paniquée, Sativa rangea le cylindre dans la sacoche et s’assit sur sa couche en toute hâte.

La poignée de la porte tourna et s’ouvrit. Deux silhouettes se dessinèrent dans l’encadrement, puis une voix masculine résonna, qui en dépit de son ton grave dévoilait la jeunesse de l’individu :

 — Bonjour Sativa. Bien dormi ?

Annotations

Vous aimez lire Hunter of Shadow ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0