Épilogue :

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Je regardais par la fenêtre les flocons tomber. Noël, enfin le réveillon de Noël, c'était demain. Et on avait choisi le début de l'année pour déménager. Heureusement que l'on avait pratiquement finis les cartons. Avec les réveillons cela aurait été compliqué ! Je balayais du regard ma chambre de la colocation. J'avais vécu des choses dans cette maison et dans cette ville, et partir pour un moment nous rassurait. La porte s'ouvrit et je finis par me retourner.

Nathan avait eu quelque problème à son œil blessé, mais cela allait mieux. Il avait vraiment du mal à tourner la page. Pas qu'il essayait de me convaincre de retourner avec lui, mais plus précisément des gangs. Finalement, il n'était pas parti de ce monde. Il avait aidé Billy par rapport à David et était toujours là pour le soutenir. Il était resté très proche de Vanessa qui habitait toujours son appartement et qui suivait toujours ses études en médecine. Ils se partageaient la garde de Aaron avec Dorian même s'ils n'étaient plus ensemble. Comme moi et Nathan, eux non plus n'avaient pas tenu. Sûrement pour le meilleur.

— Pas de nouvelle guerre des gangs qui menace de se déclarer ? me renseignai-je en enfilant ma veste.

— Non, sourit Nathan. Pour l'instant il n'y a pas de personne comme David. Il n'y a pas de raisons pour qu'une guerre se déclenche.

— Comment va Clément ?

— Il est avec Lorie.

On resta un moment muet. Cela arrivait souvent entre nous. Après tout ce qu'il s'était passé… même après deux ans et demi !

— Alors c'est le grand départ ! déclara Nathan en fixant le petit sac que je tenais d'une main. Je ne t'ai jamais vu aussi heureuse et épanouie.

— Oui, affirmai-je. C'est bien pour l'être totalement que l'on part. On reviendra sûrement, après quelques années. Mais on va vivre nos meilleurs des vies.

— Je suis content pour toi que tu sois heureuse avec lui.

J'acquiesçais tout sourire et lui fis la bise avant de sortir de ma chambre. Enfin, mon ancienne chambre. J'entendis Maëlle et Linda dans la chambre de cette dernière. Elles ne se disputaient pas vraiment, mais elles n'étaient pas d'accord non plus. Comme l'avait dit Lucas, Linda avait dû mal à se faire une place dans la famille. Si les parents de Lucas et Maëlle m'acceptaient et m'adoraient, ils avaient du mal pour Linda, et je ne comprenais pas vraiment pourquoi. Les deux jeunes femmes y travaillaient mais c'était compliqué. Je toquai à la porte et l'ouvris. Linda était assise en taille et Maëlle était allongée, la tête sur les genoux de sa copine.

— Salut, fis-je. Lucas m'a dit que vous vouliez passer pour nous aider à descendre les derniers cartons de l'appartement. Je vous emmène avec moi ou vous partirez après ?

— T'inquiète pas, dit Maëlle en tournant sa tête vers moi alors que Linda enroulait ses cheveux dans ses doigts. On vous rejoindra plus tard ! Laissez-nous des cartons, cela fera l'affaire.

Je hochai la tête et descendis l'escalier et posai mon sac sur la table. Il y avait des cartons aussi, mais ce n'était pas les miens. En effet, Dorian n'était peut-être plus avec Vanessa mais il avait retrouvé une femme. Qui était cool d'ailleurs. Lui aussi il allait bientôt emménager même si cela ne faisait qu'un peu plus de six mois qu'ils étaient ensemble. Dorian semblait heureux, et c'est que j'aimais voir. Il rangeait des affaires dans un carton et bossait en même temps sur son anglais.

— J'espère qu'avec tes révisions tu ne vas pas oublier que l'on doit rejoindre Dylan et Mallo dans leur appartement la semaine prochaine car ils voulaient nous annoncer je ne sais quoi.

— Mallo n'arrête pas de me le rappeler tous les jours par message, donc ne t'inquiète pas… et toi, avec le déménagement, tu ne vas pas trop te faire distraire ?

— Pas de problème… distraire de quoi ?

— Genre tu n'as absolument pas un job sur je ne sais quelle chaîne ?

— Je vais m'en sortir ! Où est-elle Lorie ?

— À l'hôpital psychiatrique.

Je perdis un peu mon sourire. Ce n'était pas Lorie qui y était mais Pola. Elle n'avait pas supporté l'ensemble de pleins de choses et elle faisait une dépression. Depuis deux ans déjà. Cela me faisait mal au cœur de la voir aussi mal, et je ne pouvais pas faire grand-chose pour l'aider. On lui rendait visite de temps en temps avec Lucas. Elle commençait à aller mieux. J'espérais qu'elle allait vraiment remonter la pente. J'ai cru qu'elle allait faire une rechute lorsqu'elle avait appris que Mallo et Dylan emménageaient ensemble. Ça n'a pas été le cas, mais elle n'a pas été hyper heureuse non plus. En réalité sa réaction avait plutôt été une non réaction.

Juste avant de prendre la route, mon téléphone sonna.

— Oui Santiégo ?

— J'ai une super bonne nouvelle ! annonça-t-il.

— Tu sors enfin du monde de gangs ?

— Ça non sœurette. Tu n'avais pas ta place dans le monde des gangs, mais moi si.

— Ne te met pas en danger, fis-je. Bon… c'est quoi ta nouvelle super méga hyper génial ?

— Papa est sorti d'affaire, totalement.

Cela me rendit totalement le sourire. Je savais que cela commençait à être positif pour mon père mais je tentais de ne pas m'emballer. Et j'ai eu peur quand il avait insisté pour que l'on passe Noël chez mes parents, mais finalement, s'était pour une bonne nouvelle. Les fêtes de fins d'années ne seraient pas pesantes cette fois, vraiment pas. Je discutais un petit moment avec Santiégo et il m'informa que Raoul qui avait déménagé en Guadeloupe devait revenir pour les fêtes avec Inès et sa femme. C'était presque les seules occasions où il revenait. Bien évidemment qu'on se parlait par téléphone, mais ce n'était pas tout à fait la même chose.

L'appartement que nous avions pris avec Lucas, six mois après la mort de David, ne se trouvait pas très loin de la colocation et du café que ses parents tenaient. Deux ans et demi après la guerre, on voulait définitivement s'éloigner des gangs. Certes on partait dans une autre ville, mais elle n'était qu'à trois heures d'ici. J'arrivais jusqu'à l'immeuble où il y avait le camion de déménagement. Je montais jusqu'au troisième étage. Je n'eus même pas besoin de sortir la clé de l'appartement puisqu'elle était ouverte. Je posais le sac dans le salon alors que Jimmy fermait un carton.

Il avait repris des études. Dans je ne sais pas quel domaine d'ailleurs, mais je savais que comme Lucas il avait repris. Enfin, pendant six mois Lucas s'était préparé et avait obtenu le concours pour rentrer à l'école de gendarmerie. Et il y a un an, douze mois après, il avait terminé la formation. Il savait déjà qu'il voulait soit se spécialiser dans la police judiciaire ou alors dans le GIGN. Je l'aimais tellement et j'étais si fière de lui, même si j'avais peur pour lui. Bien évidemment qu'il tentait d'apaiser mes craintes, mais ce n'était pas si simple. Je ne voulais pas le perdre, je ne voulais pas ressentir cela encore une fois.

— Je vous aie laissé la chambre, déclara Jimmy en relevant la tête. Il reste encore quelques cartons aussi et…

— Maëlle et Linda viendront pour s'en occuper ! On est en fin d'après-midi et tu es là depuis ce matin. Tu devrais te reposer et rester manger. C'est la moindre des choses que l'on puisse faire pour te remercier de ton aide.

— Je n'ai pas envie de m'imposer, minauda-t-il. Puis vous serez sûrement fatigués en plus.

— Bon, soupirai-je. Tu demanderas à Lucas mais je sais qu'il sera d'accord. Tu nous as beaucoup aidé pour le déménagement.

Le jeune homme hochait la tête et s'assit sur le canapé. Il était encore maussade, je savais qu'au fond de lui, il ressentait encore une culpabilité même s'il commençait lentement à tourner la page.

— Tu ne vois plus le psychologue, devinai-je.

— Je ne pouvais pas lui raconter tout ce qu'il s'était passé. Cela ne servait à rien…

— Alors parle nous. À moi, à Lucas, ton frère tes amis. Nous, on a connu ce monde, on peut t'aider. Tu peux nous parler.

— Lucas et toi vous partez ! objecta mon ami.

— Oui, mais on reviendra voir tout le monde de temps en temps, assurai-je. Et il n'y a pas que nous en qui tu peux avoir confiance. Sois en sûre.

Je partis dans la chambre pour remplir un carton. Je vidais les derniers tiroirs. Si je rangeais mes doudous qui ne me servaient plus puisque je ne dormais plus seule, je trouvai un objet très sentimental pour Lucas. Ce n'était pas une peluche mais un jeu que je connaissais. C'était un cercle en bois avec un labyrinthe et trois billes à mener au centre. Il m'avait confié que c'était un cadeau de sa mère et qu'il y jouait souvent lorsqu'il était seul à l'école. Il y tenait beaucoup, mais depuis quelque temps il ne le retrouvait plus.

Je sentis des bras entourer ma taille et Lucas enfouit sa tête dans nuque et y déposa un baiser.

— Tu l'as retrouvé, souffla-t-il. Tu es la meilleure.

Je me retournai pour l'embrasser et posai le labyrinthe miniature sur le lit. Lucas venait de rentrer, il était encore en habit de fonction.

— Jimmy reste manger ici, assura Lucas en coinçant une mèche de mes cheveux. On l'aidera à oublier ça, et nous aussi on passera totalement à autre chose. C'est fini les gangs.

Je secouai la tête et posai ma tête contre son torse en fermant les yeux. Oui, on voulait vraiment pouvoir vivre nos vies tranquillement.

— Hey tu sais quoi ? commença Lucas en souriant alors que je relevai la tête. Je t'aime plus que tout.

— Moi aussi je t'aime, Lucas, répondis-je en l'attirant un peu plus vers moi.

— Et il est pour quand le mariage ? cria Jimmy à l'autre bout.

On éclata de rire et Lucas prit le carton que j'avais rempli. Je plaçai le jeu labyrinthe et je l'accompagnai jusqu'en bas avec un autre carton.

Oui, j'étais heureuse dans ma vie et il n'y avait aucune part d'ombre. Et j'avais la certitude que c'était fait pour durer.

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