Chapitre 25 :

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Il reçut des coups, sûrement des griffures aux bras et aux visages et je luis mordis la main jusqu'à le faire saigner puisque je reconnus le goût métallique du liquide dans ma bouche. Et il ne criait pas et continuait à m'emporter je ne sais où. Il poussa une porte avec son pied et me poussa dedans avant de la refermer avec lui à l'intérieur. Je me relevai rapidement et fonçai à l'opposer même si je me heurtai à plusieurs obstacles qui devaient sûrement être des meubles que je ne cherchai pas à deviner. J'étais certaine d'une chose : je m'étais prise un coin de table pointu sur le côté droit. La salle s'alluma et je me retournai en me collant au mur que j'avais atteint. Je devais sûrement avoir un regard de proie qui regardait hagard où il pouvait s'enfuir, mais je ne pouvais pas m'enfuir. Et je le fixai. Lucas saignait du nez, sûrement le résultat d'un de mes coups acharnés, mais il ne faisait rien pour l'arrêter de couler et m'observait. Sur le moment, il me faisait penser à Nathan. Nathan saignait souvent du nez avant, et cela n'avait plus l'air d'être souvent le cas heureusement. Il n'y avait aucun rapprochement à faire entre Lucas et Nathan. Il commença à s'approcher et je ne pouvais même plus reculer pour tenter d'esquiver son approche. À la place, je restai obnubilée par son nez en sang et les griffures sur son avant-bras, et son index ne saignait plus heureusement. Il s'arrêta à un mètre de moi mais je n'osai pas regarder son visage et encore moins lire son regard. Qu'allait-il m'arriver maintenant que j'étais aussi prêt d'un ravisseur présumé ?

— Je ne suis pas venue te livrer à mon gang Laurianne, je voulais juste de parler.

Est-ce que je pouvais vraiment lui faire confiance ? Il était vrai que l'on était loin du quartier de son gang, et il était seul et non accompagné, mais il faisait partie du gang qui me traquait. Il avait tout intérêt à me prendre à partie pour me livre à son gang. Néanmoins, pendant quelque temps j'avais appris à connaître Lucas. Il avait été gentil avec moi, et intéressé aussi. Je ne pouvais pas me résoudre à croire qu'il n'avait pas été honnête et sincère avec moi. Il m'avait semblé si naturel, si lui-même. Finalement, peut-être que je ne pouvais pas juger de cela. Je ne le connaissais pas vraiment, il avait très bien pu faire une bonne impression alors quand réalité ce n'était pas vraiment lui mais une façade qu'il se donnait pour m'amadouer. Mais au début, ce n'était pas pour savoir si je connaissais Nathan, si Linda avait parlé de Nathan et moi, il n'aurait pas tenté cette approche avec moi. Il n'était pas au courant au départ que j'étais l'ancienne petite-amie de l'homme le plus détesté par son gang.

— J'ai toujours été honnête avec toi. Et, dans la position délicate dans laquelle tu te trouves, je comprends que tu ne m'aies pas dit la vérité. Je voulais juste que tu saches que je ne compte pas t'emprisonner pour te laisser à mon gang.

— Pourtant, n'es-tu pas censé prouver ta loyauté et me livrer à eux ? s'enquis-je.

— Je ne suis pas en phase de test, Laurianne. Je suis un membre à part entière de mon gang. Si je suis censé te livrer à eux, c'est seulement parce que j'ai affirmé haut et fort mon opinion que cette fichue règle était stupide.

Je relevai lentement ma tête et je croisai son regard. Je n'y lisais aucune haine, aucune pitié mais de la compassion. Pour quoi exactement, je ne savais pas, mais j'avais la sensation qu'il me disait la vérité : il ne me voulait aucun mal. J'examinai son nez qui saignait toujours, et cette fois il pressait un doigt contre une narine et je fis un sourire crispé quand je remarquai sa main imbibée du sang écoulé. Je pouvais vraiment être très violente des fois… J'avais assez honte de l'avoir mis en sang, il ne voulait pas mon mal, juste gagner ma confiance. J'eus un pincement au cœur en l'observant, guettant une quelconque réaction de ma part. Une réaction que je ne donnais même pas. Je fouillais dans la poche de ma veste et sortie un paquet de mouchoir que je laissais tomber lorsque j'en sortis un. Je me mis sur la pointe des pieds pour l'apporter jusqu'à son nez et sa main en sang quitta brièvement son nez pour appuyer le mouchoir, effleurant par la même occasion ma main. Je ne lassais pas paraître que j'étais déstabilisée et je le regardais risquer un petit sourire en grimaçant. Il devait sûrement se rendre compte qu'il perdait pas mal de sang, et qu'il avait aussi très mal au nez. Je me baissais pour ranger le sachet de mouchoir dans ma poche.

Il n'avait pas fermé la porte, et il était très occupé à attendre que son nez arrête de saigner. J'aurais très bien pu partir avec une chance qu'il ne tente pas de me rattraper, mais pour une raison que j'ignorais et qui m'échappait totalement, je ne le fis pas. Je restai.

Je fis quelques pas sous son regard inquiet et pris une chaise pour monter m'asseoir sur la table. Je n'allais pas m'enfuir, je lui devais bien cela, et si cela pouvait lui faire du bien... Le sang s'arrêta enfin de s'écouler et il s'assit de la même façon que moi à mes côtés. Il y eut un blanc pendant un moment, pourtant je savais pertinemment qu'on avait certaines choses à se dire. Elles ne sortaient juste pas de nos bouches et cela formait une atmosphère lourde et gênée.

— Écoute... Je sais que je t'ai cachée qui j'étais réellement, et j'aurais peut-être dû te faire confiance, mais je ne pouvais pas risquer cela. Au début je n'étais pas au courant de tout cela, et j'ai juste compris que tu étais en mauvais terme avec Nathan. Après j'ai appris pour toutes les histoires de gangs, et c'est devenu compliqué. Ce n'était pas contre toi mais je tenais à ma sécurité.

— Oui, je comprends tout à fait. Tout le monde souhaite une sécurité et encore plus quelqu'un qui n'avait rien à voir avec tous ses conflits. Je suis désolé que tu sois obligée de subir cela.

— Mais, je ne comprends pas. La dernière fois, avant que je parte, tu semblais déterminé à mettre la main sur l'ex copine de Nathan, donc moi. Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis tout d'un coup ?

— Toi.

— Moi ?

— Oui, toi. Il y avait un truc entre nous, et je sais que tu l'as ressenti.

— Un truc entre nous ?

Mon visage devait sûrement trahir ma surprise parce qu'il ne resta pas de marbre. Néanmoins il n'affichait pas une mine déçue. Il paraissait presque prêt à recevoir cette réaction de ma part mais je voyais dans ses yeux que cela le blessait profondément, et pour une raison inconnue cela me rendit triste.

— Arrête... peut-être que toi tu ne t'en étais pas rendue, mais y avait un truc qui se passait entre nous. Et je le ressens toujours, et je sais que je ne me fais aucun film là-dessus.

— Quoi ?

J'étais tellement sidérée que je n'arrivais même plus à parler. Il y avait-il eu des moments où je l'avais pu faire espérer pour rien ? Ou alors avait-il raison ? Impossible, il y avait Nathan, et je l'aimais corps et âme. Certes Lucas n'était pas le genre de personne qui laissait indifférent, et je me sentais bien avec lui, mais rien ne s'était passé. Pas à ce que je sache dans tous les cas.

— Tu es dans le déni, soupira Lucas en passant la main sur son nez pour jauger la douleur. J'aurais dû m'en douter, et ne rien espérer. Mais tu finiras par te rendre compte que si Nathan n'était pas revenu dans ta vie, on aurait vécu des choses tous les deux.

Il se leva et je fis de même. J'aurais voulu pouvoir le réconforter, lui dire de s'enfuir de cet univers de gang, qu'il méritait mieux que tout cela, mais je ne connaissais pas tout ce qu'il avait vécu pour en arriver là. Puis de toutes manières, sur le moment, je n'étais pas la mieux placée pour le réconforter de quoi que ce soit. Je restais tourmenter parce qu'il me disait et cela allait rester dans mon esprit pendant un moment. Il me dit que je pouvais y aller et je me dirigeais vers la porte, il me suivit et s'apprêta à m'ouvrir la porte mais arrêta son geste pour se pencher vers moi et me regarder dans les yeux.

— Je ne sais pas si un jour j'aurais la chance de vivre quelques choses avec toi. Mais que cela arrive ou non, je t'attendrais.

Il me déposa un baiser sur la joue et m'ouvrit la porte pour de bon et je m'en allais, restant sceptique. Je me demandais dans quel état j'avais pu le mettre, si je devais culpabiliser, si je devais lui expliquer qu'il s'était fait des films. Sauf qu'il s'était tellement persuadé du contraire que je ne savais même plus moi-même si cela avait été la réalité ou non. Je restais un moment coller à la porte à regarder le mur d'en face, immobile. Qu'étais-je censée faire au juste ? Je soupirai et je repartis dans la rue. Je mis un bon moment à rentrer à la colocation, et le retour n'avait pas été très agréable, la discussion que j'avais eu avec Lucas me hantait, parole par parole, chacune se répétait dans ma tête s'en en ressortir. Rentrée à la maison, elle presque vide. Clément faisait une pause dans ses révisions.

— Ça n'a pas l'air d'aller, constata-t-il.

— C'est juste que je suis un peu fatiguée, c'est tout, rassurai-je en me prenant un jus d'orange.

— Je vois... si tu n'as pas envie de m'en parler rien, fais comme tu veux. Et si tu ne peux ou veux vraiment pas en parler à Nathan, parle-en à quelqu'un en qui tu as confiance. Je ne lui dirais rien.

Clément était vraiment un chic type. Intelligent, travailleur et compréhensif. Je comprenais totalement comment lui et Nathan pouvaient si bien s'entendre. Je ne lui avais jamais vraiment beaucoup parler, mais je savais que c'était quelqu'un de confiance. Mais pour ce qui venait de se passer, ce n'était pas la personne à qui je devais parler. À Nathan non plus d'ailleurs, il ne devait pas apprendre ce qu'il s'était passé. Il n'y avait plus aucun lien à faire entre moi et Lucas. Je fixai d'un air dépité la feuille que Clément lisait.

— Tu devrais reprendre tes révisions malgré l'histoire des gangs. Je crois qu'on ne t'encadre pas trop pour tes études, et ici on sait tous que tu as les capacités pour réussir. Puis, tu as ta voie, tu as juste à aller au bout pour obtenir le métier que tu souhaites. Cela serait idiot de rater cela.

— Nathan m'a dit que tu l'avais encouragé à poursuivre ses études, je vois que tu ne fais pas ça que pour lui.

— Tu es aussi sa petite-amie, murmura-t-il. Et tu as du mérite. C'est normal que quelqu'un soit là pour t'aider, encore plus en ce moment.

— C'est gentil, soufflai-je.

— C'est censé, rectifia-t-il.

Je souriais et le remerciai avant de remonter dans ma chambre. Je ne comptais pas étudier immédiatement, j'avais beaucoup trop de choses dans ma tête pour réussir à me concentrer. Je retournai dans ma chambre et m'effondrai littéralement sur mon lit. Je tournai sur moi-même et attrapai mon oreiller et le serrai dans mes bras. Mes journées devenaient vraiment beaucoup trop intense. J'avais envie de dormir mais j'avais trop de pensées dans ma tête.

J'avais raté quelque chose dans ma relation avec Lucas. Je ne savais pas quel était ce détail, mais j'avais effectivement dû faire quelque chose où il était possible qu'il l'ait mal interprété. Et son histoire de réaliser... je ne comprenais pas du tout ce discours-là. Je ne comprenais pars ce qu'il pouvait bien penser pour me dire cela. Mon portable vibra dans ma poche et je rechignai à vérifier mes notifications avant de me morigéner à regarder. Je le sortis et plissai les yeux face au destinataire : inconnu. Souvent, lorsqu'un numéro inconnu m'envoyait des messages, je regardai rapidement et répondais vite fait mais poliment que le destinataire s'était trompé. Sauf qu'un aussi long message ne pouvait pas être une erreur. Pas du tout même. Je l'ouvris et me mordillai la lèvre anxieuse :


Laurianne, tu sais qui je suis. En tout cas tu comprendras. Me demande pas comment j'ai eu ton numéro de téléphone, cela aussi tu comprendras. Je voulais juste m'excuser si je t'ai fait peur, ou que je m'y sois mal pris tout à l'heure. Je voulais juste que tu saches que je tiens à toi et que je te protégerai coûte que coûté, quoi qu'il m'arrive. Je ne m'attends pas à une réponse, mais je serais toujours là si tu veux me voir. Je t'attendrais.


Comment pouvais-je ne pas savoir qui c'était ? Le pire, c'était que je ne pouvais pas lui en vouloir et qu'il n'était même pas un forceur. J'aurais voulu m'excuser moi aussi pour lui avoir donné une illusion, j'aurais voulu lui expliquer qu'il c'était fait des idées. Mais je n'en avais absolument pas le courage. J'étais perdue. J'aimais Nathan, et je l'aimerais toujours. Certes Lucas me troublait, mais c'était juste un ami. Je me prenais la tête pour rien, mais je n'aimais pas être dans une situation comme celle-ci avec des gens, avec n'importe qui. Lucas ne méritait pas cela. Il ne me méritait pas. Je commençai à marquer un message de réponse malgré tout, cherchait une phrase, effaçait, remettait une phrase, effaçait encore une fois. Finalement, à force de faire cela, je n'eus plus le courage de faire quoique ce soit. J'effaçai tout mon message et supprimai la discussion. Si Nathan était tombé sur cela, cela aurait été compliqué. Je ne voulais pas lui parler de ce qu'il s'était passé. Mais d'une manière, un jour il le saurait, sauf que j'avais peur que cela ait un impact sur nous, surtout s'il me voyait dans cet état.

Je n'avais même pas penser à noter le numéro de Lucas sur un papier. Peut-être un signe que je ne le voulais plus dans ma vie. Peut-être un signe comme quoi il avait tort et qu'il n'y avait jamais rien eu entre nous. Néanmoins, je ne pensais pas que c'était la signification. Et j'allais devoir travailler sur moi pour comprendre ce que je ressentais envers Lucas.

— T'as pas l'air dans ton assiette ! Ne me dis pas que cela se passe déjà mal avec Nathan, s'inquiéta Linda en fronçant les sourcils.

— Non ! Tout va bien entre nous, c'est juste que je suis très fatiguée.

— Cela se voit… c'est dingue qu'après autant de temps vous vous soyez remis ensemble ! J'ai presque du mal à le croire. On sait tous que tu as eu du mal à passer à autre chose. Mais lui… il était assez mystérieux. En plus, cela avait l'air de fonctionner entre toi et Lucas. Je suis surprise qu'il n'est pas réussi à aller plus loin avec toi. Vos caractères sont hypers compatibles.

— Eh bien, tu vois, il y a des choses qui nous étonne dans la vie. Je crois que j'étais la première étonnée de remarquer que Nathan m'aimait encore. C'était… comme inattendu mais génial à la fois !

— Je vois ce que tu veux dire ! me répondit Linda en souriant. Et, as-tu des nouvelles de Lucas ? Il ne m'a pas rappelée depuis un moment…

— Je croyais que c'était juste un plan cul pour toi ?

— Oui, mais régulier, puis cela me dérange pas d'être amie avec lui. Alors, tu as des nouvelles de lui ?

— Non, désolé. Je ne l'ai pas vu depuis un rendez-vous au café.

— Je vois, il faudrait que je lui envoie un message…

C'était certainement Linda qui lui avait envoyé mon numéro. Je ne lui en voulais pas, elle croyait bien faire. Dylan déboula comme cela avec une mine paniquée

— Tu dois absolument m'accompagner chez Pola !

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