Chapitre 19 :

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— Tu te fiches de moi ! Tu veux vraiment me prendre pour une conne et recevoir mon poing en pleine figure ! Tu te fiches de moi, de nous, avec Vanessa. Genre, complètement !

— Laurianne…

— Mais tais-toi ! La ferme, parce que Lucas m’a expliquée le gros de ce qui s’est passé quand tu es parti. Pour toi, pas pour moi. Dans quoi tu te mêlais, de quoi tu faisais partie, ce que tu as fais. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour Vanessa mais…

Je n’eus pas le temps d’en dire plus avant qu’il étouffe ma voix avec sa main et qu’il me tira avec l’autre alors que Vanessa devenait livide. Il me tira dans la chambre. Mallo et Dorian commencèrent à protester et ils se levèrent pour m’attraper le bras et m’entraîner vers eux. J’avais l’impression d’être une poupée de chiffon toute fragile. Nathan me broya littéralement la main pour m’emporter, de l’autre côté, c’était mon poignet qui prenait. Je tentais de me libérer de l’emprise de Nathan sans succès et à part l’empêcher de m’emporter dans la chambre, mes amis n’arrivèrent à rien.

— Stop ! Cela suffit ! hurla Vanessa qui recouvrait les voix des trois hommes qui commençaient à se disputer. Lâchez là, sinon vous allez lui refiler des entorses et je ne pense pas que nous avons très envie d’aller l’accompagner à l’hôpital.

Je ne remerciai même pas Vanessa même si j’aurais dû. Mes bras retombèrent bringuebalants et je frottais mon poignet gauche et mon bras droit. Les garçons se fusillèrent du regard et je lançai un regard noir à Vanessa plutôt que de la reconnaissance. Je sentis Nathan qui me serrait doucement l’avant-bras. Je réprimai un frisson mais je ne tentais pas de me défaire. Je devais ressembler au statut de cire du musée Grévin. A l’exception près que je n’étais pas une star.

— Vous n’allez pas nous cacher d’autres choses, je refuse. Je ne suis pas un idiot et je ne veux pas être pris comme tel. Vanessa, je suis le père de ton fils. Tu n’as pas le droit de me cacher des informations aussi importantes au sujet de ton passé. Même si c’est difficile. Vous êtes une partie intégrante du passé de tout le monde, et surtout du mien, et celui de Laurianne. Vous n’avez pas le droit de réapparaître comme des fleurs comme si tout allait bien.

— Pourtant ils l’ont fait, grognai-je.

— Ces informations-là sont dangereuses pour nous, mais surtout pour vous alors que vous n’êtes pas impliqués. Si on vous le dit, ce ne sera pas un choix prit à la légère.

— On est déjà en danger de toute manière, en tout cas moi oui, soufflai-je en les regardant mal.

Nathan et Vanessa ne protestèrent pas et acquiescèrent même alors que Dorian et Mallo les regardaient, totalement outrés par la vérité que je venais de leur dire. J’aurais bien voulu continuer sur ma lancée, car eux aussi méritait de savoir, mais la réaction de Nathan auparavant me dissuada totalement. Mallo me contourna pour attraper Nathan par les épaules en le secouant.

— Qu’est-ce que tu as encore fais pour la mettre en danger ? s’écria-t-il alors que Dorian l’éloigna un peu.

Je croyais que j’avais vraiment besoin de m’asseoir, car cela devenait un peu confus. Mes jambes menaçaient de se dérober, et je ne voulais pas faire cela, devant des amis, en plein milieu d’un salon, sans rien à part le sol pour me poser. Nathan reprit ses esprits et m’entraîna dans la chambre de Vanessa alors que mes deux amis le suivirent. Il leur claqua la porte au nez en me lâchant et ils tambourinèrent à la porte car Nathan avait réussi à la verrouiller. Je soupirai doucement et restai immobile un moment alors que Nathan leur hurlèrent d’arrêter de s’acharner sur la porte. Vanessa dû finir de les convaincre puisqu’ils n’émirent plus aucun bruit et semblèrent s’être éloignés de la chambre. Nathan souffla à son tour en s’appuyant dos à la porte. Je fis quelques pas avant de m’effondrer sur le lit. Je ne pleurais pas, mais j’enfouis quand même mon visage dans mes mains. Je ne réalisai pas vraiment ce qu’il venait de se passer. Et voilà que je n’avais rien fais pour me faire entrer dans une chambre avec Nathan alors que je venais de piquer une crise contre lui. J’allais devenir folle.

— Je ne sais même pas, par quel moyen tu as fais pour découvrir une partie de mon passé. Et je ne suis pas vraiment certain de vouloir vraiment le savoir. Mais ce dont je suis sûr, c’est que l’on ne t’a pas tout dis. Cela, je le sais.

Il vint s’asseoir à côté de moi et je relevai la tête pour le fixer. Il m’observait justement.

— Je ne me trompe pas si je pense que cela à un rapport avec Lucas…

— Non, tu ne te trompes pas. J’ai obtenu les informations que je sais par Lucas.

Il se mordit trop violemment la lèvre et il réprima un juron. Il ne sembla pas remarquer qu’il s’était fait saigné. Finalement, même si je ne le comprenais toujours pas, je comprenais qu’il n’appréciait pas spécialement Lucas. Je ne savais plus quoi penser de personne. Et ce n’était pas forcément quelque chose de bien. Je sentis son poing frapper le matelas et cela me fit sourire. A l’époque, lorsqu’il était vraiment contrarié, cela lui arrivait de vouloir se défouler, et il attendait toujours d’être chez lui pour frapper son matelas. Au moins, il ne prenait pas le risque de se blesser. Il restait prudent.

— Écoute… je… ce n’est… Si tu as été à son QG, je pense que tu sais que c’est risqué que tu restes en contact avec lui, surtout que tu as un lien avec moi. Mais, si tu l’aimes vraiment, je pense qu’il peut comprendre, il t’a bien laissée partir.

— Qu’est-ce que tu me racontes ?

— Bah toi et Lucas. Votre couple quoi…

— On n’est pas en couple, le coupai-je rapidement en ne comprenant pas vraiment ce que je ressentais lorsqu’il a dit cela. Et je ne compte pas le revoir non plus. Puis, je lui ai fait croire que j’étais une amie de ton ex, et pas ton ex. En réalité je risque bien une mort lente et atroce s’ils m’attrapent, mais je vais essayer de le me tenir le plus éloigné de moi.

Il me regarda dans les yeux et les siens brillaient alors qu’il bougeait les lèvres sans réussir à franchir quelques mots de sa bouche. C’était bien la première fois qu’il n’avait pas une répartie à faire, mais aussi la première fois qu’il était à deux doigts de pleurer devant moi. Cela me déstabilisa un peu, mais je crois que mon regard ne le trahissait pas et resta dur puisqu’il semblait légèrement tendu.

— Alors, tu es au courant pour… tous ?

— Pas tout non. Je sais que tu as fais partie du même stupide gang que Vanessa pour une raison mystérieuse qui me turlupine, vois-tu ! Et aussi que tu as failli mourir lors d’un braquage qui a mal tourné et que l’autre gang, celui de Lucas cherche à te faire souffrir. Est-ce que tu te droguais ?

— Quoi ? Non, quelle idée. Faut jamais toucher à cela et je n’ai jamais eu l’envie de le faire. Il suffit de voir certaines personnes de ton entourage le faire pour t’en dissuader. Je ne me droguais pas.

Je fus soulagée par cette réponse. Au moins, il ne s’était pas fait du mal. Mais je n’arrivais pas à empêcher la rancœur de ces années après son départ à refaire surface, le sentiment d’abandon et de désespoir que j’avais ressentis, mon cœur brisé et ma vie changée en quelques jours.

— Alors pourquoi toi et Vanessa vous êtes partis du jour au lendemain ? hurlai-je.

Je ne voulais pas hurler, ni attaquer ou paraître aussi… Agaçante et folle ? Il m’attrapa les mains et ne me regarda pas dans les yeux. J’en lâchai une et la fit appuyer sous son menton pour relever son visage. C’est là qu’une chose me frappa : pour cette mystérieuse raison, il avait failli mourir. S’il était mort lui aussi, je ne l’aurais jamais revu, je n’aurais jamais su pourquoi il était parti, et nous n’aurions jamais eu cette discussion. Heureusement, nous étions dans un monde où il était bel et bien vivant. Je tapotai son visage et son bras pour m’en assurer. Il était bien là.

— Je devais rejoindre ce groupe pour surveiller mon frère qui faisait n’importe quoi, dit-il d’une voix rauque.

On aurait dit que les souvenirs lui remontaient à l’esprit puisque son regard se voila un peu et que tous les traits de son visage se rétractèrent. Finalement, il n’était pas parti pour quelque chose de joyeux. Il venait de le dire, et le fait que ses souvenirs le mettaient dans un état pareil ne faisait que confirmer ce qu’il venait de dire. Cela détint sur mon humeur. Il se rappelait d’une période qui semblait lui avoir paru longue et compliqué. Une partie de sa vie ou le chemin était semé d’embûche.

— Le plus jeune ?

— Ouais…

Je me sentais mal, mais il y avait autre chose. Je le savais. Pour surveiller son frère, il n’avait pas besoin de rentrer dans un gang pareil, même si son frère s’y trouvait. Et il semblait avoir lu ma question dans les yeux puisqu’il finit par me répondre :

— C’est plus compliqué que cela, Laurianne. Mon frère était un membre à part entière, et il ne faisait pas dans la demi-mesure. Il déraillait complètement. Il se droguait à un point inimaginable et je ne pouvais pas ne rien faire. Tu comprends ? C’est mon frère.

— Oui, je comprends très bien. Mais pourquoi t’investir autant dans ce gang ?

— Eh bien, mon frère déconnait vraiment trop. En plus de devenir toxico, il a ramené la police au gang et il a changé de gang comme cela, du jour au lendemain, pour je ne sais quelle raison. Ils ont eu vraiment beaucoup de problèmes à cause de lui. A l’époque, je ne faisais pas vraiment partie du gang, et je ne sais pas si tu connais la règle des gangs mais…

— Quand quelqu’un fait une erreur, ce sont les proches qui payent ? murmurai-je.

— Ouais, en gros c’est ça.

Ma mâchoire se décrocha et je clignai des yeux. Une image s’imposa dans ma tête : Nathan, ligoté à une chaise, entouré d’un nombre incalculable de personne qui le toisait du regard avant de se concerter pour savoir ce qu’ils allaient lui faire. Je rouvris les yeux. Je ne voulais pas en imaginer plus que nécessaire, c’était déjà pénible.

— Ils t’ont…

— Pas grand-chose, affirma-t-il en balayant l’idée de la main. Je m’en suis sorti avec quelques bleus et entailles, et franchement, je ne m’en plains pas. C’est franchement pas mal dans mon cas. Ils m’ont proposé de m’épargner en faisant partie de leur groupe. J’aurais été fou de refuser. Donc j’ai accepté, mais je suis toujours resté clean. Puis, au fil du temps, je me suis créé une place importante dans la bande, c’était devenu une nouvelle famille pour moi.

— Et ton frère ?

— Je n’ai plus de contact avec lui. Mais il doit sûrement faire partie du gang de Lucas. Soit ils l’ont maltraité, soit il me cherche comme tous les autres membres de son gang.

— Et ce braquage ?

— Je m’y étais proposé car je savais que j’étais le plus apte pour ne pas mourir, mais si j’y ai échappé de peu. lorsqu’un gang devient ta famille, il te protège coûte que coûte. Ils le font toujours, ils essayent de savoir ce que les autres gangs savent de moi, ce qu’ils comptent faire. Je devais m’éloigner de la planque pour faire comme si j’étais parti. Mais j’y reviens tous les jours.

Je restais silencieuse et une boule se forma dans ma gorge. Je refusais de pleurer alors qu’il n’y avait aucune raison valable en cet instant. Même si j’étais totalement bouleversée. Ce n’était pas moi qui avais vécu tout ce qu’il avait vécu. Je sentais cette rancœur envers lui se dissiper petit à petit. Oui, je ne lui en voulais déjà plus, mais la tristesse refaisait surface elle aussi, et elle restait car cela n’avait rien avoir avec de la rancœur. Il m’avait quand même abandonnée sans aucune explication, et même si je venais de les avoir, cela n’effaçait pas ses années sans lui à espérer qu’il revienne.

— Je suis désolée. Je… je n’aurais pas dû être si dur avec toi. Je… J’aurais dû t’écouter.

— Je le mérite. J’aurais tout dû faire d’une manière différente. Mon départ, le gang, mon retour. Ce n’est pas le chemin le plus dévastateur, mais ce n’est pas le meilleur non plus. Je m’en excuse. J’aurais dû mieux faire.

— Nous commettons tous des erreurs, tu as fait comme tu le pouvais sur le moment, ce qui t’a semblé juste. Ta réaction envers ton frère est normal, tu cherchais juste à le protéger. C’est ta famille, et pour beaucoup de gens c’est tout, pour toi aussi cela l’était. Personne ne t’en voudrait de cela.

— Alors tu as fini de passer ta colère sur moi ? s’enquit-il.

— Ce n’est pas ma colère que tu mérites. Fut un temps, oui, mais plus maintenant. Même si plus rien n’est comme avant.

Je triturais le bout de mon t-shirt alors qu’il me regardait faire, sans savoir trop quoi dire.

— Alors tu me pardonnes ?

— Oui, dis-je d’une voix étouffée en relevant la tête.

Ses lèvres s’étiraient et il me serra contre lui. Je fermai les yeux en souriant à mon tour. Cela faisait du bien. Rien ne serait comme avant, mais je savais que désormais je pouvais lui parler, retisser des liens sans l’envie perpétuelle de le baffer. Il avait eu ses raisons, et je les respectais.

— Je ne t’ai pas oubliée, tu sais.

Je me figeai sans trop savoir pourquoi.

— Quoi ?

— Je veux dire…

Je m’écartai pour le regarder en face, et ses joues viraient teintes pivoines alors que je réprimai un rire. Il était mignon quand il était gêné.

— Je pensai à toi. Tu ne quittais pas ma mémoire, puis… il n’y a eu personne.

Je crois que cela me rendait joyeuse. Genre, vraiment joyeuse, comme si j’allais sauter partout dans la pièce. Comme si j’avais gagné contre quelqu’un de super fort à un jeu. C’était une réaction stupide, mais c’était comme cela. Puis cela redescendit, et la gêne qu’il ressentait en ce moment même se propageait en moi. C’était malin cela…

— Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Pourquoi tu m’as laissée te détester comme cela ?

— Je te connais Laurianne. De base, tu aurais été en colère quand je suis revenu. Cela me faisait un peu de peine de te voir me détester comme cela, mais c’était nécessaire. Parce que tu sais, tout autant que moi, que si je t’avais tout révélée directement, tu ne m’aurais pas crue et surtout, tu ne m’aurais pas écoutée.

Hélas, il avait raison. Il m’aurait parlée directement, je ne l’aurais même pas laisser s’installer à la colocation. Après tant d’années, il savait toujours comme je réagissais. Moi… pas du tout. L’étranger qu’il m’avait parue l’être ne l’était plus, mais je ne le connaissais pas aussi bien que Vanessa.

— Pourquoi Vanessa s’est réfugiée dans ce gang ?

— Elle avait de la dépendance avec la drogue, mais le gang l’aidait pendant sa grossesse à ne pas en prendre pour le bien être de son enfant. Et à sa naissance, elle a replongé d’un coup tellement qu’elle était déprimée. On était tous là pour elle. Le gang, quand tu as montré que tu pouvais vraiment en faire partie, c’est une vraie famille.

— Et qu’a-t-elle fait pour prouver sa place ?

— Cela, commença-t-il en se levant. C’est à elle de te le dire. J’en ai déjà dit plus que je ne le devrais sur elle. Puis, attends qu’il y ait Dorian, je suis sûr que cela l’intéresserait.

Je me levai à mon tour.

— Bon… Maintenant que tu es au courant… Autant le leur dire.

— Et après ?

— Lucas comprendra rapidement que tu lui as menti. Change de numéro et fais je ne sais quoi à tes cheveux. Cela sera déjà cela. Plus tard, je t’emmènerai avec Vanessa et Dorian voir le gang. Si nous devons trouver une solution, c’est avec eux. Nous ne devons pas prendre de mesure sans leur accord. Genre, vraiment pas.

Je croyais qu’on était loin de la fin de tout cela.

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