Chapitre  8 :

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Le réveil sonna encore une fois. Hier soir, j'avais eu la chance de ne pas rater le dîner. J'avais superbement snobé Nathan et j'avais retrouvé Mallo qui était revenu de chez Dylan et Pola. De toute manière, il y repartait chaque jour. Il pouvait bien y rester, cela pouvait lui éviter les transports en communs, il avait raison. Pendant toute la soirée j'avais repensé à Vanessa. Nathan et Vanessa. Je me sentais doublement trahie. Pourtant je savais bien qu'il n'y avait aucune raison particulière. C'était juste parce que le passé était en train de remonter. Je n'aimais pas cela. Vraiment pas. J'avais discuté avec Nina avant de dormir. Pour elle c'était simple et claire : ma réaction était normale.

Je me préparai vite, c'était moi qui avais fixé le rendez-vous. Je ne devais pas être en retard. Du moins, pas plus de cinq petites minutes. Je m'observai dans le miroir, j'avais attaché mes cheveux en une queue de cheval. Cela me donnait un air sérieux. C'était ce que je voulais. Je ne rigolerais pas avec Vanessa ce matin, et plus jamais d'ailleurs. Je soufflai devant le miroir. Mes habits faisaient sérieux eux aussi. Je prenais du temps à me préparer juste pour me confronter à Vanessa… Je devrais avoir honte, elle ne méritait pas toute mon attention pourtant. Je n'entendis pas la porte s'ouvrir, mais je le vis derrière moi, dans le miroir. Les cheveux en bataille, il semblait assez fatigué, mais aussi un peu en colère contre moi alors que je n'avais encore rien fait.

— Que comptes-tu lui dire ? commença-t-il en ne m'adressant plus un regard.

Je le connaissais que trop bien. Il m'en voulait vraiment, alors que pour le moment je n'avais rien fait. Il avait juste peur que je réduis à néant sa petite vie bien parfaite que je n'avais pas la chance d'avoir.

— Je vais dire ce que j'ai à lui dire, déclarai-je en le regardant par la glace.

Il releva la tête et je croisai le reflet de son regard. Je soupirai et me retournai pour mieux le voir. Il était appuyé sur le lavabo, le dos voûté et la tête tournée vers moi. Y avait-il vraiment un brin de pitié dans son regard ? Je n'y prêtais plus attention.

— Tu l'aimes vraiment ? dis-je la gorge serrée tout comme mon cœur en attente d'une réponse de sa part.

Je me giflai intérieurement. J'étais si stupide ! Pourquoi me posai-je cette question ? Notre histoire était du passé, on ne s'était plus vu pendant des années. Et voilà que je laissai de vieux sentiments remonter à la surface alors qu'ils auraient dû être détruits, brisés en mille morceaux, piétinés, carbonisés, ne plus exister du tout. Surtout qu'il n'en avait plus rien à faire de moi. Je ne représentai rien pour lui, je n'avais pas été son premier amour comme il avait été le mien. Je me détruisais toute seule avec ses pensées.

— Je ne l'aime pas. Je ne sais même pas si j'ai vraiment des sentiments à son égard.

Je me sentis comme libérer par son annonce, mais aussi en colère. Plutôt méfiante après réflexion. Je me sentais soulagée qu'il n'aime personne pour le moment, mais je ne m'enlevai pas une question de ma tête. Pourquoi sortait-il avec elle s'il n'avait même pas des sentiments pour elle ? Je réfléchissais, mais je ne compris pas. Cela m'échappait totalement.

— Tu dis ça parce que c'est ce que j'ai envie d'entendre, soufflai-je en m'appuyant contre le mur.

Il se redressa et fit quelques pas pour ne pas être trop loin de moi. Cela me rendit mal à l'aise mais je ne le laissai pas paraître.

— Laurianne… Je ne sais pas ce que tu veux, ni ce que tu souhaites entendre. Donc non, je ne dis pas cela pour te faire plaisir. Je dis cela car c'est juste ce que je ressens, si cela avait été l'inverse je l'aurais dit aussi.

— Alors pourquoi sors-tu avec Vanessa ?

— Je ne suis pas amoureux d'elle, et je n'éprouve peut-être aucun sentiment pour elle. Je suis juste content de pouvoir passer des nuits excellente à ses côtés, si tu vois ce que je veux dire.

Je fermai les yeux, assez déstabilisée et gênée par cette nouvelle information. Tant que Vanessa ne développait aucuns sentiments pour Nathan, la situation pouvait être supportable. Il ne fallait juste pas que cela déraille, et j'allais y garder un œil justement. Je commençai presque à avoir moins de peine pour elle. Sauf que ce n'était pas que son "couple" que je lui reprochais. Du côté de Nathan, je savais qu'il n'y aurait pas de problème. Ce n'était pas le genre de personne à s'attacher facilement aux autres gens. Je le savais bien, cela se ressentait toujours. Je finis par sortir de la salle de bain avant de descendre pour partir de la maison. Mallo m'interpella alors que je pris mon sac :

— Tu pourras passer chez Pola et Dylan ce soir, s'il-te-plait ? Dylan aimerait te parler.

— Oui, bien sûr… Je suppose que tu sais ce qu'il veut me dire, n'est-ce pas ?

Il ne me répondit pas mais je compris par la couleur de ses joues qu'il savait pertinemment ce que voulait me dire Dylan. Je me demandais bien ce que mon meilleur ami voulait me dire et qui avait l'air d'être si secret. Je sentis ma curiosité et je me maudissais. La curiosité était certaine une qualité pour devenir journaliste, mais je savais que j'allais penser à Dylan toute la journée maintenant…

— Bon heu… On rentre ensemble ? Je passerais après les cours donc toi tu seras sûrement là-bas. À moins que tu restes chez eux encore ce soir ? rajoutai-je en saluant Dorian et Linda.

Linda me serra dans ses bras de sortes à pouvoir poser son menton sur ma tête. J'avais de la chance d'être petite, la plupart de mes amies aimaient me faire des câlins pour cela, et quand j'en avais besoin, je n'avais même pas besoin de demander. J'avais assez de chance d'être petite finalement. Je soufflai et souris à Mallo avant qu'il m'adresse un sourire.

— Arrête d'être stressée ! Ça déteint sur moi et je n'ai pas besoin de cela. Compris ?

Je hochai la tête avant de mettre mes chaussures et de passer dans la cuisine pour prendre un verre d'eau. Linda dessinait sur son bloc en parlant à Dorian qui préparait son petit déjeuner. Mon ami n'avait pas l'air emballé de commencer la journée. Il n'était pas le seul.

— Hey les gens! Demain faut que je vous présente mon nouveau copain. Il viendra au dîner vous allez voir.

Lorie qui venait de débarquer fit quelques pas en arrière en faisant une tête outrée, ce qui me fit rire. Puis elle s'approcha de Linda en s'appuyant contre la table à de la cuisine.

— Quoi et tu ne m'en as même pas parlée ? Je suis choquée ! Je te renie ! s'exclama-t-elle avec un sourire.

— Espèce d'idiote, répliqua Linda en levant le regard en faisant l'air d'être exaspérée alors que Lorie ricana.

Linda l'avait déjà raconté à Lorie. Je voyais déjà la tête de Mallo, mécontent de devoir supporter un nouvel arrivant dans les repas, et peut-être même dans la colocation. Quant à moi, cela ne me dérangeait pas. Cela m'aiderait peut-être à oublier la présence de Nathan dans la colocation et le retour de Vanessa dans ma vie. Quoi de mieux à s'intéresser à la vie de ses amis ?

— Lau', tu devrais te dépêcher sinon tu vas être en retard à ton rendez-vous, annonça Clément en pénétrant dans la cuisine avec son meilleur ami.

Je sentis le regard de Nathan peser sur moi alors que Lorie se retourna, un grand sourire sur le visage. Comment faisait-elle pour être heureuse tout le temps ? J'aimerais bien qu'elle me donne quelques astuces.

— Tu as un rendez-vous galant ! lâcha-t-elle.

J'éclatai de rire en ouvrant la porte alors que les autres à part les deux nouveaux colocataires se joignirent à moi. Nathan et Clément n'étaient juste pas au courant que les rencards n'existaient pas chez moi. Je n'en avais jamais eu avec Nathan, je n'attirai pas beaucoup de monde, d'autres se foutaient de moi, et j'étais bien trop méfiante pour accepter une proposition d'une personne que je venais à peine de rencontrer. Après lui avoir rapidement répondu je filai en croisant les doigts pour ne pas être en retard.

J'arrivai devant le café dans lequel j'avais fixé le rendez-vous et j'entrai. J'étais une habituée et je saluai le jeune homme au bar. C'était Carl. On discutait un peu lorsque je venais. Et j'allais assez souvent à ce café après les cours lorsque je le pouvais. Je cherchai du regard Vanessa, je la repérai de dos par ses cheveux presque blonds foncés. Je m'approchai de la table, elle sirotait un café et une autre tasse était posée en face d'elle. Je m'assis et elle releva la tête.

— Salut, dit-elle.

— Hey… Tu n'as pas trop attendu ?

— Je viens à peine d'arriver, c'est juste qu'ils servent vite ici.

C'était aussi pour cela que je venais aussi. Je n'étais absolument pas patiente, j'essayai donc de trouver les meilleurs endroits où j'étais certaine d'obtenir tout vite. Et avec le temps, j'avais bien compris que pour cela, il fallait être une habituée. C'était ce que j'étais devenue.

Un long silence s'installa et j'essayai de capter le regard de Vanessa. Sauf qu'elle le fuyait. La conversation, s'annonçait dur au démarrage. Je soupirai et décidai de mener les choses. Je ne voulais pas passer un milliard d'années ici, j'avais cours juste après.

— Je pense que tu sais pourquoi on est là, dis-je en prenant la tasse de café.

Vanessa tourna la tête vers moi en posant sa tasse.

— Pour parler de moi et Nathan je suppose.

— Pas vraiment non. J'ai déjà eu cette discussion avec lui ce matin, je n'ai aucune envie d'en reparler. Une seule fois me suffit amplement. Non, tu sais très bien de quoi je veux te parler.

Je vois son visage se fermer, comme si cela lui faisait de la peine de repenser à ça. C'était cruel de ma part, mais j'avais envie qu'elle souffre autant qu'elle m'avait faite souffrir à l'époque.

— Laurianne, je t'en pris, ne me parle pas de ça.

— Quoi ? Pardon ! C'est toi qui me parles de ne pas parler de ça alors que tout est de ta faute ? C'est toi qui es partie pendant des années, qui m'a abandonnée. Je t'ai appelée un nombre incalculable de fois et tu ne m'as jamais répondue. Jamais. Tu m'as laissée sans rien me dire. Tu es partie sans me prévenir, sans aucune explication et ça serait à moi de te plaindre ? C'est toi qui m'as laissée et juste après c'est Nathan qui m'a laissée ! Et là tu reviens comme une fleur comme si rien ne c'était passé. Alors excuse-moi de paraître égoïste mais j'aimerai des explications !

— Si je suis partie c'est que j'avais mes raisons. De bonnes raisons, rétorqua Vanessa.

— Peut-être mais j'étais ta meilleure amie. Tu aurais dû tout me dire, je pensais que tu me disais tout… En tout cas, moi, je t'ai toujours tout dis à un moment ou un autre. Mais je ne me suis jamais tue. Alors pour la énième fois, j'aimerai une explication réelle de ce qui c'est vraiment passer pour que tu partes.

Je la vis se mordiller la lèvre inférieure. Et, je savais pertinemment ce que cela signifiait. Elle hésitait à avouer et elle était aussi anxieuse. Je me contentai de la fixer sans scier. En me rappelant le passé, je sentis la haine monter. Je fis tout pour ne pas la laisser sortir.

— Te souviens-tu de la série que j'adorais ? Tu sais, celle où l'adolescente au lycée tombe enceinte ?

— Vanessa, je ne suis pas venue pour parler de séries télévisées qui se sont terminées et que je ne regarde plus.

— Je t'ai toujours dit, que si cela m'arrivait, c'est chez toi que je me réfugierais.

— Et donc, soupirai-je. Vanessa, je n'ai pas tout mon temps.

— Je suis partie parce que j'étais enceinte.

J'écarquillai les yeux la bouche entre ouverte. Vanessa, enceinte. La seule chose que je ne comprenais pas, c'était pourquoi elle avait coupé les ponts.

— Mais alors pourquoi as-tu coupé les ponts ? John…

— Justement, John n'est pas le père. Il m'a quittée avant que je découvre ma grossesse, et je sais que ce n'est pas lui.

— Ne me dis pas que Nathan m'a…

— Non ! Nathan ne t'aurait jamais trompée. C'est peut-être un homme à femme, mais il ne trompe pas.

— Mais c'est à cause du père que tu es parti. C'est qui le père ?

— Je. C'est… Écoute Laurianne, commença-t-elle en sanglotant. John m'avait larguée depuis un mois, et j'allais mal. Et avec ce garçon, on s'entendait super bien, et il était là pour me soutenir. Et un soir on a cédé. Je n'ai jamais regretté, j'espère que lui non plus. Je ne pouvais pas tout le faire remettre de en question.

— C'est qui ? Et est-ce qu'il le sait ? insistai-je.

Elle me regarda dans le blanc des yeux puis sécha ses larmes. Elle ne répondit pas immédiatement, essayant d'échapper à mon regard puis elle souffla avant de relever la tête vers moi.

— Non. Il ne le sait pas. Et je ne veux pas qu'il le sache. Il a le droit de se construire une vie au lieu d'apprendre qu'il est papa d'un petit garçon. C'est tout ce que je veux pour lui. Le bonheur. C'est ce qu'il mérite.

— Vanessa, si tu ne connais pas l'avis de cet homme, tu ne peux pas savoir. Peut-être qu'il est célibataire et qu'il pense encore à toi. Peut-être qu'il n'a jamais compris comme moi pourquoi tu es parti. Peut-être qu'il assumerait son rôle de père, qu'il reconnaîtrait son fils, qu'il serait là pour t'aider à l'élever.

— Ça ne fait aucun doute qu'il le ferait, je le sais très bien. C'est une personne bien. Mais je ne veux pas lui imposer une vie, des conditions, des limites.

— Sauf que de vouloir s'occuper de son fils, ce n'est pas lui imposer une vie car il le voudra de lui-même et cela le rendra heureux, tu ne peux pas savoir.

Elle ne répondit pas et j'avalai une gorgée de café puis je fermai les yeux en entremêlant mes doigts ensemble. Je ne voulais pas épuiser mes nerfs à lui faire cracher le morceau. Mais en plus d'être curieuse, cela avait l'air d'être quelqu'un de mon entourage. Alors je préférai persister. De toute manière, je le faisais aussi pour cette personne, car cette dernière avec le droit de savoir qu'il était le père d'un petit garçon.

—Vanessa. Je sais que c'est quelqu'un de mon entourage sinon tu ne serais pas partie et tu ne serais pas dans cet état-là face à moi. Je t'en pris, ne me force pas à deviner et dis-le-moi.

Je vis une larme dérouler sur sa joue pour se suspendre quelques secondes sur son menton et elle s'écrasa sur les mains de mon ex-meilleure amie. Elle releva la tête, les yeux brillants de larmes.

— Le père de mon fils. C'est quelqu'un que tu connais super bien en effet. C'est Dorian.

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