Je ne voulais pas te blesser,

Hélène,

Mais je n’en pouvais plus de nous voir ainsi dériver

Sans même colère ni haine,

Alors je t’ai quittée sans y penser…

Si j’avais su !

Le pouvoir de l’amour est à ce point indicible,

Le retenir quand il s’enfuit et file

Comme le temps, impossible ;

Alors sache, mon Hélène,

Qu’il n’y a ici-bas jamais d’amour déçu,

Jamais d’anathème,

Juste la sensibilité de nos nuits qui s’étiolent,

Juste nos baisers, douces nuits d’amour qui s’envolent …

Tout ce que je n’ai jamais su !

L’amour, ce n’est jamais l’attente de l’autre,

Hélène,

L’amour, c’est s’aimer sans détour.

Mais quand l’amour n’est plus des nôtres,

Qu’il quitte un foyer sans retour,

C’est que ma flamme n’est plus tienne,

Hélène,

Qu’une autre âme soeur a fait des siennes

Sous la persienne tamisée d’un abat-jour,

Ne t’en étais-tu point aperçu ?

Allons bon, mon Hélène,

N’as-tu jamais rien su ?

Alors, oui, ma belle Hélène,

Je suis parti pour d’autres empires,

Convoitise amoureuse de mes propres yeux.

Je suis parti et je respire

Le parfum capiteux d’autres cieux.

Un autre ciel, une autre couche

Où ses lèvres sensuelles voisinent ma bouche…

Ah, si elle l’avait su !

Si elle avait su, mon Hélène,

Que ma vie n’était plus sienne,

Qu’il n’y avait que son corps

A même de me ravir,

Jamais je n’aurais autant lu

Sa déception dans ses soupirs

Si impatients à me détester !

Jamais je n’aurais autant pu,

Last corps à corps,

Nous désunir à perpétuité !

Si j’avais su…