23. L'équilibre

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Midi à son zénith, Scarlet épluchait toujours l'ouvrage de cette mystérieuse inconnue. Était-elle au moins réelle ? Avait-elle dit la vérité ? Il y avait beaucoup d'informations justes, et d'autres tellement floues qu'elles étaient impossibles à juger. Aaron et Scorpio étaient tous deux en train de lire afin de faire un compte-rendu détaillé pour le reste du groupe. Maïa et Halia quant-à-elle, tentaient désespérément de pallier l'ennui de Garett.

Au-delà de cette Déesse de la Nature en laquelle les Aldiens croyaient, il y avait quelque chose de plus enfoui, de plus sombre derrière ce hasard qui les avaient amenées à rencontrer Scorpio. Trois des quatre éléments étaient réunifiés au sein d'une même pièce, et si Scarlet en croyait l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains, le quatrième ne devait pas être loin. Cependant, une force obscure planait sur elle telle une épée de Damoclès. En effet, les intentions de Charly n'étaient pas encore claires.

« Je ne comprends pas, lâcha Garett, essayant d'échapper aux sermons d'Halia. Pourquoi un humain essayerait de devenir un Aldien ?

— Par orgueil, je présume, répondit Aaron. En tant que personne lambda, j'avoue envier vos capacités hors-normes.

— Mais de là à se faire implanter un Hyara ? rejoignit Maïa. Si c'est aussi douloureux qu'on nous l'a dit, pour rien au monde je voudrais que quelqu'un creuse quoi que ce soit en moi.

— Et surtout dans quel but ? soupira Scarlet, lasse de la lecture. Même s'il se fait implanter un Hyara, personne ne sait ce qu'il en fera.

— Pour commencer, je crois que nous devrions en connaître un peu plus sur cette pratique, ajouta l'humaine. Comment est-ce que ça se passe, pour se faire insérer un Hyara dans le corps ? »

Halia jeta un regard noir à Garett, qui accepta enfin de se tenir tranquille, et accepta de répondre à leurs interrogations.

« Tout d'abord, si j'en crois l'ouvrage que j'ai lu sur l'île, l'un des jumeaux endort l'humain en question.

— Sornal, précisa le jeune Aldien.

— L'endormir agit comme une anesthésie. En vérité, durant son sommeil artificiel, le corps de l'humain se transforme peu à peu en hôte. Quelque chose se creuse en lui. Non pas physiquement, mais psychologiquement. C'est là que vient en scène...

— Evah. » coupa de nouveau Garett.

Elle lui lança un regard réprobateur.

« Oui, Evah, siffla-t-elle. Son rôle est d'implanter ensuite le Hyara dans le corps de l'humain devenu hôte. Mais comme n'importe lequel d'entre nous, nous sommes incapables de créer à partir de rien, il leur faut donc un Hyara en phase de change à disposition.

— En phase de change ? répéta Maïa.

— Une fois qu'un Aldien meurt, son Hyara s'échappe et plane jusqu'à ce qu'il retrouve un hôte, c'est ce qu'on appelle la phase de change. Normalement, c'est tout à fait naturel. Un Aldien ou un animal naît, et le Hyara s'y insère, lui attribuant son premier souffle.

— C'est que Scarlet m'avait expliqué, je crois, intervint Aaron. »

La concernée acquiesça.

« Vous l'aurez donc compris, reprit Halia, pour qu'un Hyara entre dans cette phrase, il faut qu'il quitte le corps de son hôte naturel. Pour cela il n'y a qu'un seul moyen : que l'Aldien, ou l'animal, meurt. Une fois que c'est le cas, Evah transplante via son affinité le Hyara dans le corps de l'humain, et celui-ci se réveille avec l'affinité en question. Cependant, cela présente de très gros risques. Il peut se laisser aller à la folie, avide d'un pouvoir qu'il n'a pas mérité, mais il peut aussi en mourir si la place que Sornal a creusé n'est pas assez grande ou si la phase d'insertion est mal faite. Dans ces cas, l'humain rejette le Hyara, et un hôte vide meurt instantanément.

— Charly ne reculera pas devant l'assassinat pour avoir main mise sur le Hyara qu'il souhaite se faire implanter, affirma Maïa.

— On peut déjà exclure la possibilité animale, ajouta Scarlet. Il a peut-être connaissance de Hyara en nous, mais il ne sait pas qu'elle est aussi présente dans toute faune et toute flore.

— Il nous reste à savoir lequel il va choisir, dans ce cas. Lorsque nous aurons la réponse, nous sauront quel est son véritable but. »

Tous en accord face à cette seule piste, ils quittèrent la bibliothèque. C'était beaucoup d'informations d'un coup, si bien qu'ils avaient tous la tête trop pleine et les pensées trop occupées pour faire la conversation sur le chemin du retour. L'après-midi fut chargée, en émotion comme en activité. Garett s'amusait avec Martin, devenu fils de boulanger, dans la cour de gravier avec un ballon mal gonflé, tandis qu'Halia s'était perdue dans les livres, découvrant les récits de fictions. Scarlet, elle, était assise sous le porche à côté d'Aaron, silencieuse. Les yeux rivés sur son cadet qu'elle n'avait jamais vu autant s'amuser, elle esquissa un léger sourire.

« Il y a tellement de chose que j'ignore à propos de toi. » lâcha Aaron après quelques minutes.

Elle tourna la tête vers lui, étonnée.

« Tu en connais plus que je ne l'aurais voulu, répondit-elle.

— Quelle est ta couleur préférée ? »

Face à cette question anodine, elle se mit à réfléchir. Elle n'y avait jamais vraiment pensé.

« Le rouge, je crois. Ma mère disait toujours qu'elle avait choisi le prénom Scarlet, parce qu'une fois, mon père l'avait amené dîner dans un champ de lys écarlates.

— Je me suis toujours demandé pourquoi vos prénoms terminaient tous deux par -et, ton frère et toi.

— C'est la règle établie. Les femmes donnent la dernière syllabe phonétique de leur prénom à leurs enfants.

— Pourtant vous avez bien un nom de famille, pas vrai ?

— Simple formalité, histoire d'être différencié au cas où deux personnes se nommeraient de la même manière.

— J'aimerais m'y rendre, un jour... »

Scarlet lui répondit par une moue désolée.

« Je sais, soupira-t-il, les humains ne peuvent y avoir accès. Je trouve ça tellement dommage, cette île à l'air tellement exceptionnelle. »

Elle l'est, pensa-t-elle.

Alda était idyllique, paradisiaque. Pas un seul mètre n'y était recouvert d'un quelconque goudron, comme ici, et le ciel était bleu comme l'océan les jours de soleil. La vue n'était jamais gâchée par quoi que ce soit. Chaque matin, les oiseaux chantaient et les animaux se réveillaient, au même rythme que ses habitants. Rien n'était plus merveilleux qu'Alda, si ce n'était la société matriarcale qui y régnait. A cause de celle-ci, Garett s'était enfui, et Charly préparait quelque chose de plus affreux encore.

« Concentrons-nous sur le présent plutôt que sur moi, lâcha-t-elle froidement. Il faut que l'on découvre ce qu'il se trame du côté ennemi. »

Elle se leva brusquement, et quitta le porche pour se réfugier à l'intérieur de l'immeuble. Secrètement, elle espérait que Maïa serait libre. A première vue, elle semblait être la seule qui puisse l'aider sans se préoccuper de choses futiles.

Une fois à l'étage Scarlet hésita à toquer. La porte de la chambre était légèrement entrouverte, et elle pouvait entendre le son d'un stylo gratter la feuille de papier. Certaine de la déranger, Scarlet rebroussa chemin, jusqu'à ce que la voix de Maïa retentisse dans le couloir.

« Je me disais bien que j'avais entendu des pas approcher, lâcha l'humaine avec un petit sourire. Tu veux entrer ? »

Scarlet acquiesça, puis inspira profondément. Elle avait cette culpabilité oppressante, comme si le fait de déranger les autres dans cette pause pour leur rappeler que rien ne pouvait attendre lui était difficile.

« J'étais en train de gribouiller deux ou trois mots qui puissent remplacer le terme d'Aldien, lança Maïa en refermant la porte derrière elles. Je crois que le terme n'est plus d'actualité, pas vrai ?

— Plus d'actualité ? » répéta-t-elle en s'asseyant sur le lit.

Elle jeta un œil à la chambre. La dernière fois qu'elle y était entrée, c'était pour rester immobile devant le miroir de sa coiffeuse à attendre qu'elle soit maquillée et coiffée. De toutes les pièces de cet immeuble, celle-ci était la plus aménagée. Il y avait un vrai lit, en bois, et des meubles un peu partout. Un bureau y avait été installé, ainsi qu'un tapis ovale au centre de la chambre.

« Oui, c'est un peu dépassé, reprit Maïa en prenant place sur un fauteuil à roulette. Aldien détermine les habitants d'Alda plus que les personnes avec affinité dorénavant. En tout cas depuis que l'on sait qu'il existe des hôtes ici-même hors de l'île.

— C'est plus facile ainsi. Les humains et les Aldiens.

— Je trouve ça rabaissant, le terme humain, rechigna-t-elle. Puis, ça nous sépare plus qu'autre chose, tu ne crois pas ? »

Scarlet haussa les épaules. Elle n'y avait jamais vraiment pensé, finalement. Pour elle, c'était plutôt clair. Au-delà d'un simple nom d'île, Alda était le refuge des hôtes persécutés autrefois. Cela dit, Maïa n'avait pas tort sur un point : humain était une définition un peu trop simpliste.

« Qu'est-ce que tu proposes ? céda-t-elle dans un soupir.

— Je pensais à Hyaran pour les hommes et Hyarane avec un e pour les femmes.

— Pour quelqu'un qui ne voulait pas de séparation, je pense que le terme est un peu inapproprié.

— Tu as raison... dit-elle en baissant la tête, confuse.

— Et pourquoi pas juste Hyarani ? Cela engloberait n'importe quel type de sexe, d'animaux, de plante, tant que celui-ci est pourvu d'un Hyara ? »

Un large sourire traversa les lèvres de Maïa.

« Oui ! C'est parfait. Quand on parlera de plusieurs Hyarani, on mettra un s qui se prononce. Les Hyaranis, lâcha-t-elle en traçant une ligne invisible afin d'appuyer le mot.

— Bien, si ça te va. »

Scarlet commença à se lever pour partir, mais Maïa l'interpella :

« Eh attend !

— Quoi ?

— Eh bien, tu es certes une Hyarani (elle afficha un air satisfait), mais qu'en est-il des autres ? On ne va tout de même pas les appeler les humains. Dans les faits, toi comme moi sommes des humains. »

Scarlet lâcha un soupir, puis se rassit, se forçant à écouter les propositions de Maïa sur le sujet.

« Je t'écoute... lança-t-elle, d'une voix lasse et nasillarde.

— Je pensais à Moldu, comme dans Harry Potter.

— Je ne suis pas sûre que reprendre les adjectifs d'un livre soit réellement une bonne idée.

— On peut en inventer un !

— Ça fait beaucoup de termes à retenir, maugréa-t-elle.

— Bon très bien ! s'exaspéra-t-elle. Nous n'avons qu'à garder humain. Tu n'es pas très amusante.

— Je n’ai pas la tête à gérer ce type de détails, Maïa. Dehors rôde une menace bien moins futile, et personne ne semble la prendre au sérieux.

— Ce n'est pas le cas, tout le monde est profondément préoccupé par ce que prépare Charly. Mais avant que tu arrives, aucun d'entre nous ne savait ce qu'était un Hyara, une affinité, Alda, et personne n'avait connaissance de personnages tels que Vivian Ier ou Lauria machin-truc ! s'emporta-t-elle. Ça fait maintenant des jours que nous n'avons plus que ça à la bouche et à l'esprit. Je sais que tu as été formée à cette sorte de guerre qui arrive, mais nous avions une vie avant cela.

— Je suis désolée... soupira-t-elle. Tu as raison. Seulement, j'ai l'impression que plus le temps passe, plus nous sommes en danger.

— Ce n'est pas qu'une impression, Scarlet. Mais beaucoup de choses sont encore dans l'ombre à l'heure qui l'est. Que veut réellement Charly ? Est-ce réellement nécessaire de rechercher le quatrième Hyara ?

— Si c'est nécessaire ? s'étonna-t-elle. Bien sûr que ça l'est ! Si Charly arrive à se transformer en Ald... Hyarani, aucun d'entre nous n'arrivera à le contrer seul. Il ne se contentera pas de récupérer une affinité moindre.

— Comment reconnaître la personne qui posséderait le Hyara de la Terre ? »

C'était une bonne question, mais elle n'en avait pas la réponse. Il y avait tant de façon différente ! Scorpio avait été protégée par son élément, mais cela ne voulait pas dire que c'était le cas pour la Hyarani de la Terre.

« Je l'ignore... répondit-elle enfin. Il y a tant de possibilités.

— Il n'y a vraiment pas d'autre moyens de contrer Charly alors ?

— J'ai bien peur que non... »

Maïa baissa la tête et se mordit la lèvre, s'apprêtant à regretter un acte futur.

« Je vais te montrer quelque chose, mais je veux que ru me promettes que ça reste entre nous. »

Scarlet hocha lentement le menton.

Inspirant un grand coup, Maïa se leva et attrapa la petite plante empotée sur sa table de chevet et la posa sur le sol. Elle s'assit en tailleur devant elle, puis, ferma les yeux. Plus les secondes passaient, plus Scarlet comprenait ce qu'elle allait faire, mais elle resta silencieuse. Abasourdie, elle la regarda porter ses mains au-dessus des feuilles tombantes, et mouver ses doigts aveuglément jusqu'à ce que la taille des branches s’allonge et que la plante devienne deux fois plus large que ce qu'elle n'était quelques secondes auparavant.

Quelle était la probabilité pour que Maïa soit détentrice du Hyara de Terre ?

Zéro virgule zéro un pourcent, à peine.

Pourtant, la vérité était devant ses yeux. Elle était une Hyarani. Aussi impossible que cela puisse être, les quatre Hyaras élémentaires étaient réunis sous le même toit.

« Depuis quand sais-tu faire ça ? murmura-t-elle, encore sous le choc.

— Depuis toujours, je crois. Quand j'étais petite, j'avais fait pousser un trèfle dans le jardin de la maison, et quand j'ai dit que c'était moi qui étais à l'origine de sa taille invraisemblable, tout le monde s'est moqué. Je n'ai plus jamais recommencé.

— Maïa, il faut le dire aux autres, tout de suite.

— Non ! l'implora-t-elle, les yeux brillant de larmes. Je t'en prie ne fait pas ça !

— Pourquoi ? Tu peux nous aider à sauver ta ville, mon île et tous les êtres qui nous sont cher !

— Je ne veux pas être une Hyarani, je t'en prie. On trouvera une autre solution, mais par pitié, je veux être quelqu'un de normal, apprendre à me battre aux côtés de mes frères d'armes.

— Ça n'a aucun sens, Maïa...

— J'ai toujours été différente ! De part que j'étais une fille, obligée à être cloîtrée dans ma chambre en attendant qu'un prince vienne me sauver de cet endroit corrompu, d'autre part trop intelligente pour faire partie d'un gang, et maintenant trop... Magique ? Pour être avec ceux que je veux être... Je t'en prie Scarlet, ne dis rien ! »

Le silence gênant qui s'était installé était sensible. Maïa pleurait à flot, suppliant intérieurement, tandis que Scarlet restait statique, obligée de choisir entre le bonheur de son amie et la survie de ses proches. Avait-elle réellement ce choix à faire ? Lui appartenait-il réellement de faire ce choix ? La gorge serrée et le ventre nouée, elle eut l'impression que le monde autour d'elle avait changé. Autrefois, elle avait été une guerrière pour qui la vie de son peuple était plus importante que tout le reste, mais à ce jour, son esprit hurlait qu'elle n'était pas faite pour prendre ce type de décision. Si Halia avait été à sa place, qu'aurait-elle fait ?

Alors, une idée naquit en elle.

« Faisons un marché, lâcha-t-elle, fixant Maïa dans les yeux. Je vais prévenir Scorpio et Halia que tu es devenue une Aldienne. Euh, une Hyarani (elle grimaça). Aaron, ton frère et le reste du gang ne sera pas au courant. De cette manière, nous pourrons contrer Charly et lorsque tout sera terminé, tu pourras reprendre la vie que tu souhaites. »

Maïa hésita, peu sûre de ce que cela signifiait, mais elle fut contrainte d'accepter. Sa nature bienveillante et généreuse était contre l'idée de laisser mourir des innocents pour son propre bonheur.

Le soleil se coucha, laissant place à une lune pleine surplombant le ciel. Les quatre Hyaranis élémentaires étaient enfin réunies, dans la chambre de Maïa, chacune d'entre elle assise en tailleur pour former un cercle. Comme à son habitude, Scorpio n'avait manifesté aucun signe de surprise, ni même d'une quelconque autre émotion, tandis qu'Halia avait inspecté tous les cas de figures. Une fois que Scarlet les eurent fait jurer de jamais rien dévoiler à qui que ce soit, elles décidèrent de tester leurs affinités une fois celles-ci connectées.

« Je doute de pouvoir me transformer en Griffon, lança la Hyarani de l'Air sur un ton désinvolte.

— Je ne pense pas que ce soit le but, rétorqua Halia. Nous devons simplement essayer de fonctionner ensemble. »

Reliées les unes et les autres en se tenant les mains, elles fermèrent les yeux, imaginant leurs éléments. Scarlet se concentra jusqu'à ce que s'en dessine une flamme, vive. Deux minutes s'écoulèrent, mais rien n'apparut.

« Essayons autre chose. » proposa la princesse d'Alda.

Elle se leva, puis s'éclipsa quelques secondes le temps de récupérer un bol d'eau ainsi qu'une bougie, puis prit soin d'ouvrir la fenêtre et d'amener la plante de Maïa au sein du cercle. Chacun avait désormais de quoi s'exercer, ce qui mit Scarlet mal à l'aise.

« Tu sais que je ne suis pas capable de demander quoi que ce soit au feu, lâcha-t-elle.

— Ça ne fait rien, il faut que tu essayes. » répondit-elle en allumant la bougie à l'aide du briquet de Scarlet.

Cette dernière inspira un grand coup, puis, se coordonnant aux autres, approcha sa main de la flamme. A l'unisson, elles glissèrent leurs doigts autour de leur élément.

Halia n'eut aucun problème avec l'eau. Le fluide s'éleva jusqu'à créer un semblant de vague, puis se stoppa net avant de retomber. Maïa fit grossir ses feuilles comme si elle avait toujours été entraînée, et Scorpio tenta de se couper la main afin que l'air ambiant se réunisse entre l'arme et sa peau pour la défendre. Scarlet, quant-à-elle, resta paralysée, hypnotisée par la bougie et fixa sans cligner des yeux la flamme orangée, sans que rien ne se passe. Elle soupira, laissant retomber sa main sur son genou.

« Ça ne marche pas. » maugréa-t-elle.

Désespérées, elles regardèrent dans le vide jusqu'à ce que germe une autre idée, en vain. Comment cela fonctionnait-il donc ? Tout semblait si facile, pourtant.

« Peut-être que nous devrions simuler la vie sur la planète. » tenta Maïa d'une voix timide.

Elles se tournèrent vers elle, pleine d'espoir.

« Je veux dire, reprit-elle, les éléments primaires sont la naissance de tout, ils ne fonctionnent bien qu'ensemble. A eux tous, ils se construisent et se détruisent.

— Tu veux dire, tenter de les mettre ensemble ? s'étonna Halia.

— Oui ! La terre est nourrie par l'eau, mais l'eau éteint le feu. Le feu à besoin d'air pour s'enflammer, mais l'eau s'évapore ans l'air. La terre est brûlée par le feu, également, mais dans si le vent est trop fort, en un souffle, il éteint la flamme, et ainsi de suite. Ils sont en équilibre.

— Ce n'est pas une mauvaise idée... »

Halia rassembla le bol, la plante et la bougie au centre de la pièce, puis tendit les mains à Maïa et Scarlet, afin de réunir leurs affinités de nouveau. Ensemble, elles fixèrent leurs éléments en un seul et même point, et tout sembla infiniment plus simple.

L'eau s'éleva à quelques centimètres jusqu'à s'arrêter en un point précis, l'air s'accentua de la fenêtre jusqu'au fluide statique, sans le toucher. Les feuilles se courbèrent au même point, et la flamme de Scarlet prit de la puissance jusqu'à être assez haute pour rejoindre les autres. Les quatre éléments, dans un équilibre parfait, étaient à la même largeur et hauteur, sans même avoir contact. Ebahies, elles observèrent leurs affinités réunies, au milieu desquelles se formait le néant.

Puis, le feu brûla accidentellement la feuille, l'eau éteignit la bougie, et le vent chaud fit évaporer le liquide, L'équilibre rompu, il n'en restait plus rien.

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