Pseudo : Chat pître    Titre  : pour impressionner les souris.

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— Je veux un rapport sur mon bureau dans 48 heures, me lâche la commissaire Lapompe.

Un rapport sur ton bureau… mais tout de suite ! Pas besoin d’attendre 48 heures pour t’offrir une partie de guibole en l’air, ma jolie.

Malheureusement je m’étais émoustillé un peu trop précocement, comme un jeunot à sa première balle. Ma conclusion, certes tirée par les cheveux comme une bonne levrette, s’effondre quand elle me tend le dossier, renvoyant ma libido au placard.

— Firmin Dustriel ! Mais ce n’est pas notre secteur, meuglé-je.

— Une intoxication généralisée à l’alcool frelaté à la gendarmerie du village. Et comme vous y êtes originaire, le divisionnaire a pensé que ce serait plus rapide. Et comme le monsieur était un ponte, c’est un peu tendu…

— Mais, je pars en vacance au Mexique dans trois jours !

— c’est bien pour cela que je veux vos conclusions d’ici 48 heures. Si vous filez maintenant vous serez à l’heure pour l’enterrement.

J’avale une goulée d’oxygène avant de la recracher, viciée par quelques vapeurs alcooliques.

Embarquez le nouveau avec vous, lâche-t-elle.

Je prends la nouvelle comme une augmentation de peine. J’ai beau lui lancer un regard de chien battu, elle confirme la sentence par un « c’est un ordre ! ».

Je rejoins donc le boulet. Alex est là planté devant l’ordinateur, les yeux dans le vide. L’image projetée par l’écran tente, au travers du nerf optique, d’exciter un de ses neurones égarés. S’il faut le décrire pour que vous, lecteurs et lectrices, visualisiez un tant soit peu. Je pourrais dire que j’ai devant moi un jeune à la fleur de la puberté, à voir la floraison prête à éclore qui orne son visage. Une acné telle qu’un aveugle aurait pu lire le braille sur son front. Pendant que je le regarde, une idée de génie vient allumer une lumière juste au-dessus de mon cervelet : finalement, c’est pile-poil ce qu’il me faut. Un abruti, idiot, amorphe pour corroborer mes conclusions. La peine se transforme en bénédiction.

— Alex, on part sur une affaire.

Il sort de sa léthargie tel un fan du PSG qui se serait retrouvé coincé dans un colloque de physique quantique et qui aurait enfin trouvé une issue de secours. Son moulin à gaffer s'agite frénétiquement débitant un flot d'onomatopées discontinu. Il mériterait d’être classé monument hystérique.

D’un index barrant mes lèvres puis désignant la porte, je lui intime de s’écraser et de me coller le train.

On s’engouffre dans la tire, direction mon village natal : saint perpette-les–Agassous. Pendant que je conduis, Alex compulse le dossier.

— Firmin Dustriel…grand entrepreneur de la région…découvert le crâne fracassé par un objet contondant à son domicile…une suspicion de lingots disparus dans son coffre… Wouah !! Une vingtaine de lingots, un vrai pactole ! Vous avez combien cela va chercher ?

— Non…

— Juste de quoi refaire votre vie ! imaginez ce que vous pourriez faire avec ce magot au Mexique.

Mezcal et tequila à foison…des señoritas caliente gourmandes…

— non, je ne vois vraiment pas.

Une demi-heure plus tard, je pousse sur la lourde de l’église qui se plaint bruyamment. Et comme en pareil cas toute l’assemblée se retourne pour fustiger du regard les retardataires que nous sommes. On se faufile vers une chapelle au plus près de la nef, pour profiter de la vue sur les réjouissances.

— Observe Alex. Observe leur réaction à tous, l’assassin est parmi eux, lui glissé-je à l’oreille.

Alors que le prêtre commence son homélie, une vielle encline à avoir une meilleure vue sur le cercueil nous rejoint.

— Pardon, me fit la fossile en cognant mon genou.

Des vapeurs parfumées aussi fortes et variées qu’éthyliques m’agressent le pif. La centenaire avait sûrement trop d’urée et tente de masquer ainsi son inexorable putréfaction.

Bon allez ! Il te faut trouver le coupable idéal.

À côté du cercueil, je reconnais Philippe dit Phihi, croc mort de sa profession. L’idée de savoir que dans sa jeunesse il était connu pour être un spécialiste de la pompe, pas vraiment funèbre, m’arrache un sourire.

Derrière lui le curé qui débite à n’en plus finir. Pourquoi faut-il que Jésus parle par paraboles ? Moi, je n’y capte rien ! Pas étonnant que je me sois hâté de devenir athée. Bon, lui, je le raye aussi des potentiels suspects.

L’assassin se trouve toujours soit au premier rang soit au second. Si j’élimine les grabataires et les plus jeunes qu’Alex, ne reste que la veuve. Au deuxième rang, deux têtes familières attirent mon attention. Sylvie et Daisy. Ah…Sylvie et Daisy, quels souvenirs charnels mémorables !

Pour Sylvie les années ont passés, et même plutôt mal. Le visage flétri comme un concombre en péril que seul un végan aurait l’idée de mâchouiller désormais. Donc ne reste plus que Daisy toujours aussi désirable. Elle ferait une bonne amante pour Firmin…

Au troisième rang je repère Eric Crapot, l’idiot du village, les yeux scotchés sur l’arrière-train de Daisy. Cette crapule de Crapot, la bave pendant aux commissures de ces lèvres, était en adoration devant le postérieur de la grenouille de bénitier à genoux en face de lui. Sûr, qu’il l’imaginait plus enceinte qu’en sainte.

Oui, chers lecteur et lectrices j’avais effectivement fait mention des deux premiers rangs. Avec la perspicacité qui est la vôtre vous allez donc en déduire que je me suis laissé distraire et que je vous ai embarqué à votre insu, mais de plein gré (je ne vous force pas à lire non plus), dans mon vagabondage spatial. Oublions ce troisième banc pour nous concentrer sur l’essentiel : il ne nous reste donc que deux coupables éventuellement crédible Daisy l’amante religieuse et la veuve.

Le curé s’approche se saisit de l’encensoir et commence à faire ce qu’il a l’habitude de faire chaque dimanche : il nous enfume.

Phiphi et ses acolytes chargent le cercueil sur l’épaule et se dirigent vers le cimetière au coin de l’église, le convoi se met en branle.

Quelques pelletées d’humus plus tard, l’heure de la dispersion sonne. Et c’est là que votre enquêteur préféré entre en action. Je me dirige illico presto vers Daisy pour me rappeler à ses bons souvenirs et pour la sonder, au figuré. Mais, là voilà qui se met à chialer comme une chasse d’eau en action. Son rimmel vert coule sur la joue comme le canard WC sur la paroi d’une chiotte. Je l’abandonne illico à ses ablutions et me dirige vers la veuve, l’officielle. Elle arborait les lunettes de soleil, accessoires illusoires pour cacher les cernes que tout homme n’aurait de toute façon pas remarqués tellement ses courbes étaient enchanteresses.

Un « j’ai déjà tout dit à vos collègues » tombe de ses lèvres voluptueuses lorsque je lui sors ma carte.

Je vois les oreilles d’Alex blanchir, le sang sûrement trop occupé à irriguer un autre organe. Avant qu’il n’ait plus une seule goutte pour que son cerveau baigne correctement et qu’il ne tombe en syncope, je lui demande de poireauter dans la voiture.

Elle pince le gant et le dégage sensuellement de sa main, et fait de même pour l’autre pair. Elles les déposent sur le banc à notre côté. Répondant à l’invitation du destin je m’assois, elle reste debout. Comme si j’allais participer à un effeuillage au paradis des cancans, je me mets à l’aise. Puis une idée, une autre, germe dans mon esprit.

— On m’a lu votre déposition. Mais vous savez que comme veuve vous êtes un coupable idéal…

Ses sourcils se froncent, elle ôte ses binocles anti-UV sérigraphiés pour mieux me foudroyer de ces mirettes et tourne les talons.

Je rejoins Axel, qui semble avoir retrouvé ses couleurs.

— Allons voir la scène du crime.

Je me demande comment je vais bien pouvoir refourger ses gants sur la scène du crime.

Elle est partie sans ses gants… Faut suivre un tantinet, amis lecteurs et lectrices !

À moi le Mezcal, la tequila à foison et les señoritas caliente gourmandes…

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