La tête penchée contre la vitre du train qui filait vers le centre de la terre, je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que je laissais.

C'était la même épreuve à chaque fois et pourtant, je repartais toujours.

Ce voyage était différent tout de même. Durant mon escapde folle qui me menait sans cesse les pieds dans l'eau, j'avais trouvé la bouteille d'une certaine Sainsu. Elle était posée là, comme si elle attendait quelqu'un. Fallait-il la prendre ? J'espérais que c'était le cas car elle se trouvait à présent sur la table entre ma trousse et mon cahier.

Je dépliai son petit mot et y lus des morceaux de poèmes :

La Méditerranée, ô rêve ! est donc la mer
D'où sortit Vénus blonde aux pieds blanchis d'écume,
Et comme la Beauté donne un bonheur amer,
Les flots bleus sont faits d'amertume.

La mer, suprême tombe, est la source suprême ;
Plongez dans ce soleil, vous trouverez la nuit,
Mais la mort s'y fait vie, et dans cette ombre même
Un monde se recueille et travaille sans bruit.

À l'arrivée de l'hôtesse, je refermai vite mon trésor et le cachai dans ma poche. Je saisis mon mouchoir à larmes pour essuyer mes joues. Elle me proposa divers aliments mais je demandai un oeuf. Surprise, elle s'éloigna de moi. Enfin tranquille, je me remémorais la mer, les vagues et le soleil sur ma peau. Mon petit paradis avait été visité et maintenant je devais le partager. À mon tour j'écrivis un petit mot et le glissai dans la bouteille que je laissai là pour qui la voudra.