Chapitre 29 :

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Sarah s’en va rejoindre son frère et on se retrouve tous les deux avec Nathanaël.

Cela va aller ? me demande-t-il. Tu penses que cela va sacrifier la vie de ta mère ?

Peut-être, murmuré-je en enfouissant mon visage dans mes mains. Je ne sais pas trop, je suis totalement paumée. Je… je n’ai jamais été très proche de ma mère. La connaître n’a pas été un privilège pour moi. Quand je suis partie dans l’asile elle m’a renié. J’avais l’impression qu’elle me détestait et que je ne représentais plus rien pour elle, continué-je d’une voix tremblante. Alors je ne sais pas si je l’aime encore, si je la déteste mais elle ne me rendra jamais indifférente… après tout ce qui s’est passé… j’ai envie que le plus de gens puissent vivre, même si cela inclut la mort de ma mère.

Je m’en veux au fond de penser cela. Une fille est censée aimer sa mère et une mère est censée aimer sa fille. Et non se détester. Ma mère a toujours été spéciale, moi aussi d’ailleurs. C’est sûrement à cause de cela que notre famille a littéralement implosé. Je sens les larmes couler sur mes joues. Je ne voulais pas… j’aime me montrer comme quelqu’un de fort, qui n’a pas spécialement peur et qui peut prendre des décisions. En réalité, ce n’est pas totalement ce que je suis et cela me frustre d’un côté. Nathanaël me prend dans ses bras. C’est toujours étrange car longtemps je n’ai pas eu de contact avec les autres.

Tu as choisi ce qui te semblait juste. C’est l’essentiel si tu es en accord avec ce choix, assure-t-il.

Je hoche la tête et me reprends : bientôt on reverra le bunker, bientôt on reverra Mathilde, Damien et les autres personnes qui ignorent totalement qu’un monde vit sur la surface de la Terre. Des personnes qui ont le droit de connaître la vérité. Nathanaël s’éloigne et me laisse seule pour que je puisse réfléchir un peu. Karima passe et il entreprend de discuter avec elle de l’avenir. L’avenir…

Je ferme les yeux. Je n’ai jamais pu rentrer dans l’esprit des gens sans les toucher. Entendre leur pensée si, elles viennent d’elle-même près de mes oreilles et j’ai appris à faire comme si elles n’existent pas ou à les entendre si cela peut m’apporter des informations. Ici, je les laisse venir continuellement en quête d’informations. Néanmoins je ne me concentre pas sur les pensées. Je me demande ce que je peux repérer d’autres de… cérébral ? Au début, je ne perçois rien, je ne ressens rien à part de la frustration car je ne sais pas me canaliser. Je m’énerve vite et tape au sol. D’accord, les capacités ont des limites, mais je refuse de croire que si je suis capable d’entendre les pensées à distance, je ne peux pas faire autre chose à distance !

Je me calme après plusieurs minutes. Je ne ferme pas les yeux, peut-être que ce n’est pas cette manière qu’il faut. Je fixe l’homme chauve qui nous a attrapés. Cet homme qui me prédestinait à être leur esclave sexuelle. Cet homme que j’ai bien envie d’égorger d’ailleurs… il y a quelque chose qui change lorsque je le fixe. Pas dans ma vision mais dans mes sensations. Comme si un fil fin et invisible s’étend de lui à moi. Ce fil je le touche et je ferme les yeux. Je pars vite de mon corps. Je remonte le fil, j’arrive dans l’espace où je vois plein de souvenirs qui virevoltent autour de moi. Mais qu’est-ce qu’elle a l’autre conne à rester paralyser ? La voix me fait peur avant que je comprenne que c’est celle du chauve. La limite serait donc de vision. Je devrais avoir la personne dans mon champ de vision… cela, ce n’est pas cool. L’autre conne vient juste de faire un passage dans ton esprit, sombre idiot. Je pars et il me regarde étonné et en colère.

Je lui fais un sourire et me rends compte que quelque chose à changer suite à cette découverte. Il y a plusieurs fils qui se joignent à moi maintenant. Et je n’ai qu’à penser à quelqu’un pour voir un fil invisible se démarquer des autres. Je tente avec Damien, mais il n’y a rien… il est sans doute trop loin de moi. Cela serait cela la vraie limite : la distance. Mais je remonte le fil de Nathanaël et débarque dans un espace avec des souvenirs très colorés. Tu devrais tester tes capacités pour en connaître tes limites, Nathanaël. Il a dû sursauter. N’importe qui aurait sursauté à sa place. Eh n’y a-t-il pas de règles qui interdisent de s’immiscer comme cela sans autorisation ? Cela me donne envie de rire. Dommage que je ne sens plus mon corps et que je n’ai plus de contrôle sur lui pour le moment. S’il y en avait, ils me l’auraient sûrement dit. Je reviens à moi, satisfaite. Cela me réconforte d’en apprendre plus sur mes capacités. Et je serai sûrement ravie de savoir ce que les savants nous ont injecté lors de notre captivité. Et cette réponse, je l’aurai bientôt.


***


Se trouver dans les véhicules est bien plus confortable plutôt que dans les « coffres » à l’arrière. Karima est devant mais c’est Césars qui conduit. On précède les autres voitures. Je me laisse envahir par un peu de stress. Mais au bout de plusieurs heures, je comprends qu’on se rapproche du bunker : je ressens une multitude de fils invisibles. Pour vérifier je prononce le nom de Damien dans ma tête. Un fil se démarque.

J’ai envie de pleurer parce que l’émotion me submerge. Je ne comprends même pas quelles émotions mais je reconnais juste que je suis heureuse. Je remonte le fil et je me retrouve dans son esprit. Il n’y a pas autant de souvenirs que dans ceux de Césars ou Karima. Cela ne ressemble pas à l’éclatage de couleurs de Nathanaël. C’est plus doux. Les souvenirs prennent des formes très variées. Ce ne sont pas forcément des rectangles, il y a aussi des carrés, des losanges et d’autres figures. Les couleurs sont pastel, toutes douces et n’agressent pas les yeux. À l’image du caractère de Damien. On arrive. J’aurais dû sortir autre chose car je vois tous ses souvenirs se mouver à une vitesse démesurée et je suis comme prise dans une tornade : il ne comprend pas, il panique. Qu’est-ce que… mais je suis seul, personne n’a pu parler.

Parce que je te parle dans ta tête, idiot, c’est Constance. J’attends une réponse. Je suis toujours là si tu veux savoir.

Tes capacités ont changé ?

J’ai travaillé dessus on va dire. Et je ne sais pas combien de temps je peux rester à te parler dans ton esprit. Mais on arrive avec Nathanaël avec des gens de la surface. Dis que tu es un ami à moi et ils ne t’attaqueront pas normalement. Je me charge de prévenir mon père.

Tu as réussi à rester en vie.

Je te l’ai promis. Je devais te tenir cette promesse. Je sens comme le fil se craqueler mais aussi s’épaissir, ce dont je ne comprends pas vraiment la logique. Puis le fil se coupe, mais je suis toujours en connexion avec Damien, je ne suis pas expulsée. C’est étonnant… jusqu’où je peux aller ? Tu as des nouvelles de Mathilde ?

Non, je n’en ai plus depuis quelques jours. Je ne sais pas ce qu’elle devient. Je suis désolée.

Ce n’est pas ta faute tout cela. Tu n’as pas à te blâmer. Damien s’inquiète toujours pour les autres, il est beaucoup trop gentil pour avoir peur pour lui-même. J’aurais voulu rassurer Nathanaël, mais cela sera pour une autre fois ! Si tout se passe bien, on reverra bientôt notre amie. Je dois t’attendre dans un endroit particulier ?

Où tu veux, je te trouverai quoi qu’il arrive.

Constance ?

Oui ?

Tu m’as manqué. Je…

Je ne peux pas écouter la fin, propulsée en dehors de son esprit mais en toute modestie, je crois avoir deviné les mots restants. Je suis frustrée. Je retrouve le fil qui n’est pourtant pas abîmé, il semble même plus solide qu’avant, mais je n’arrive pas à m’y glisser. Je me rends compte que je suis fatiguée. J’ai atteint la limite que mon énergie m’impose. Je sens la fatigue et je croise les doigts pour que Damien ne m’écoute pas et prévienne mon père et ma sœur. Je sombre dans le sommeil, heureusement que j’ai quelques heures devant moi pour recharger mes batteries. Cela aurait été du beau ! Partir à la guerre en ayant sa vision trouble et le temps de réaction très augmenté ! Quelle idée idiote !

C’est Césars qui me réveille. La voiture est arrêtée et il me fait savoir qu’on n’a pas encore terminé le chemin. Il ne nous reste que quelques kilomètres. Il me tend un sandwich dont je m’empare pour me rassasier. Utiliser ma capacité, cela me donne faim aussi ! Il sort un autre sandwich et s’assit à mes côtés.

Tu as découvert des nouveaux horizons ?

Pardon ?

Tu t’es endormie comme si tu venais de faire une nuit blanche alors que tu as dormi la nuit dernière. J’en déduis donc que tu as utilisé ta capacité, explique le jeune homme.

Malin, déclaré-je en souriant. J’ai réussi à contacter un ami du bunker avec ma capacité… je ne pensais pas y réussir mais j’ai pu le prévenir pour qu’il soit en sécurité et qu’il prévienne ma famille.

Tu as raison de faire cela. Tu as de la chance d’essayer de protéger ta famille. Quand mon père a disparu, je devais veiller sur ma mère et ma sœur, j’ai toujours l’impression de ne jamais réussir…

Ce n’est pas parce que tu as cette impression qu’elle est vraie. Ta sœur et ta mère sont toujours en vie, cela prouve que tu as réussi jusque là, affirmé-je en me levant. Je suis sincèrement désolée pour ton père et je ne sais pas si on trouvera son corps… mais notre attaque, cela le vengera un peu.

Tu m’as ramené le médaillon, souffle Césars en tripotant l’objet qui pendait autour de son cou. C’est lui qui me l’a rendu quand je l’ai perdu pendant une attaque avant que cela parte en vrille et qu’il disparaisse. Cet objet marque mon dernier souvenir avec lui. Je t’en suis reconnaissant

Je pose une main sur son épaule en guise de réconfort. Je ne sais pas vraiment quoi répondre, et je ne pense pas qu’il y ait une réponse possible. Mais cela fait chaud au cœur de voir une personne si humaine comme Césars. Il peut paraître dur au début, mais il veut juste protéger les personnes qu’il aime et cela me fait mal pour lui qu’il ait perdu son père.

Si jamais tu as besoin d’aide, je serai là pour toi.

Je ne tente plus rien pendant le reste du trajet. Il vaut mieux que je me batte avec toute mon énergie. Nathanaël, Césars, moi et plein d’autres personnes reçoivent des armes à feu. Certains n’en ont pas à cause de leur capacité. Karima elle, doit attendre la fin de l’attaque car avec son handicape, cela serait comme du suicide pour elle. Je vois le bunker au loin, on n’est pas hyper proche, mais pas hyper loin non plus. Gérard est à nos côtés. L’ancien encadreur regarde avec mépris notre ancien habitat. À part mon père, il n’a plus rien qu’il le rattache là-bas, il n’a pas réellement de camp, et c’est pour cela qu’il est dangereux pour les habitants du bunker comme pour les habitants de la surface. Au loin, je vois des hommes en lignes : des soldats des bunkers. Ils sont habillés de combinaison comme si l’air était toxique pour eux. Puis, ils tirèrent la première salve contre nous.

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