Chapitre 5 :

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Deux jours sont passés. Les examens écrits se sont bien passés pour moi. La littérature peut-être un peu moins que les matières scientifiques mais j’ai l’habitude. Je suis une matheuse comme dit mon père. J’ai été une des premières à terminer les épreuves scientifiques et j’ai été loin d’être la dernière au niveau de la littérature et du civisme. J’espère que c’est un bon début. Enfin, il ne me reste que deux jours. Les deux derniers se passent dans l’aile spécialement conçue pour cette période. Cela ne me rassure pas. Ils auraient pu créer une sorte de break pour faire une transition entre les différentes épreuves, mais ce n’est pas le cas, tout se déroule en quatre jours, et il me reste deux comprimés pour les deux nuits qui suivent.

Je ne connais pas mes résultats d’examens écrits. Face de crapaud est pourtant venu m’accoster pendant le dernier repas pour me dire que d’après une de ses amies qui corrige, j’avais fait a priori du bon boulot. C’est assez rassurant. J’ai tenté de soutirer des informations à mes parents et à ma sœur sur ce qui allait se passer alors que les épreuves étaient finies, mais aucun d’eux ne m’a répondu.

Le somnifère m’a donc bien servi. Pendant toute la nuit, si je ne l’avais pas pris, j’aurais cogité sur ce qui allait se passer dans la fameuse aile de tests et d’analyses. Je prends encore mon petit-déjeuner, seule, dos aux autres adolescents qui sont en période de tests. Je m’étonne qu’on soit si nombreux, pourtant c’est le cas. Il y a sûrement quelqu’un qui est né le même jour que moi alors ! J’observe vers où partent les premiers qui vont dans l’aile et repère que c’est la porte grise du sud qui mène à la partie du bunker où le reste de nos avenirs vont se jouer. Quand je suis certaine que c’est le bon endroit, je me lève, pose mon plateau et marche d’un pas décidé. Je sens des regards sur moi et je sais que c’est normal. Je tire la porte et m’engouffre dans une sorte de salle d’attente entièrement carrelée en blanc, du sol jusqu’au plafond tout en passant sur les murs. Henry s’approche une nouvelle fois de moi. Mon père a dû encore lui dire de me tenir à l’œil. J’apprécie la préoccupation de mon père sauf que cela me rend nerveuse. Encore plus que ce que je dois être. Il y a des chaises noires en plastique et trois portes encore.

— Comment ça va Constance ? Inscrits ton nom sur la tablette et assieds-toi pendant que tu attends ! Un des analysateurs va finir par annoncer ton prénom. Il suffit juste que tu sois patiente.

— Qu’est-ce que je vais devoir faire, aujourd’hui ? demandé-je en localisant une chaise, la plus éloignée des autres.

J’inscris rapidement mon prénom sur la tablette électronique.

— Je ne peux pas te le dire, Constance, concède le chef en me suivant là où je vais m’asseoir. Mais il n’y a jamais eu de problèmes. Je ne vois pas pourquoi tu serais la première qui en aurait !

— Peut-être parce que je ne suis pas comme tout le monde, argué-je en fixant la porte la plus lointaine.

— Ce n’est pas parce que tu as une famille que tu n’es pas comme le reste. Certes, c’est un peu plus spécial à notre époque mais cela ne fait pas de toi quelqu’un de différent des autres.

— Justement si. C’est différent car la plupart des personnes n’ont pas leur parent, par conséquent je suis différente.

— Sauf que cela ne veut pas dire que tu vas avoir un problème pendant ses tests. Bon… je dois surveiller l’aile des enfants. Quand tu as fini, si jamais tu as besoin de parler, tu sais où me trouver !

Je le regarde partir et détourne la tête quand une porte s’ouvre, celle la plus loin. Un homme en blouse blanche appelle une personne que je ne connais pas. Cette dernière est un garçon et se lève pour le suivre, le regard à terre. Il est plus grand que moi d’une tête et a des cheveux blonds cendrés. Une femme blonde aux cheveux attachés en un chignon avec une frange et svelte prononce mon prénom. D’une démarche nonchalante je viens vers elle et serre la main qu’elle me tend. Elle sourit mais pas moi. L’adolescent passé avant moi est allongé sur une table d’auscultation et je m’installe sur celle d’en face. La salle prend des teintes grisées ce qui ne me donne pas mal à la tête comme la salle où j’attendais. La dame me salue et vérifie encore une fois si je suis bien Constance avant de préparer du matériel à côté. Puis, elle prend un livret et un stylo avant de s’asseoir sur un tabouret roulant. Elle roule jusqu’à moi et griffonne quelques trucs sur les feuilles.

— As-tu un truc à me signaler ? questionne-t-elle sans lever sa tête de son carnet. Des douleurs quelque part ? Des complications pour lire ou je ne sais quoi d’autres ?

— Non… il n’y a rien. Tout va bien.

En faites, cela ressemble à mon tout dernier contrôle médical d’il y a trois ans. Cela ne semble pas si terrible.

— Des douleurs pendant le cycle menstruel ?

— Oui, réponds-je que je détourne le regard assez gênée.

— Cela fait très mal ?

— Moyen…

— As-tu eu des blessures depuis ses trois ans ?

— Juste une tendinite au poignet droit il y a plus d’un an. Je ne sais plus exactement quand.

La femme note les informations que je lui confie sur son carnet, je sais à quoi cela peut servir : à savoir si on est apte ou non pour tel et tel métier. Plus spécialement les métiers physiques comme chef et abatteur. Sûrement géniteur aussi… elle me mesure et me pèse avant de me demander de me réinstaller où j’avais été. Je vois une aiguille et elle me dit qu’elle compte me faire une prise de sang pour l’analyser après. Je déglutis en fermant les yeux puisque je n’aime pas trop les aiguilles. Pas que la douleur m’effraie, mais je ne peux pas en voir une sous les yeux. Je les rouvre quand je sens qu’elle la retire et j’entends comme un acouphène. Le monde vrille et je commence à voir flou. Je ne me sens pas bien. L’acouphène et ma vue floutée persistent et la dame me donne quelque chose dans la main. Je la porte à ma bouche et croque. Cela doit être un bonbon pour me donner du sucre rapide. Après quelques minutes, cela va mieux. L’analysatrice s’assure que ce n’est pas la vue du sang qui me fasse cela. Cela ne l’est pas. Juste de l’hypoglycémie. Elle reporte sur son carnet. Je ne sais pas si c’est une bonne chose…

— Qu’est-ce que vous allez analyser dans mon sang ? me renseigné-je alors que l’autre adolescent relève la tête, sans doute intéressé par cette question.

— Ton groupe sanguin et si tu n’as pas de maladies dont tu n’es pas au courant. Mais il n’y a pas de risque je pense. Bon, continue la femme. Tu vas aller directement dans la salle du milieu avec ce jeune homme. Puis demain, vous irez dans la dernière salle. Compris ?

On hoche la tête et on ne se fait pas prier pour sortir de la salle. En même temps que nous, deux jeunes filles ressortent de la dernière salle. Elles tremblent et sont en larmes. On échange un regard surpris avec l’autre jeune homme. Qu’est-ce qu’il peut y avoir d’aussi traumatisant dans la dernière salle ? Je repère aussi sur le côté deux jeunes hommes dans le même état que les deux filles. Pour le coup, je commence vraiment à flipper. Chaque personne passant par là semble horrifiée. D’ailleurs je ne les ai pas vus rentrer. Sont-ils rentrés après moi ? On y passe vraiment si peu de temps ? Les deux filles sanglotent et je suis le jeune homme avec moi, qui vient à leur rencontre. Il leur demande ce qu’il se passe et elles se contentent juste de dire de faire attention lorsque l’on sera dans la dernière salle. Je me demande ce qu’elle a de si spécial. Et je ne saurais que demain.

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