Mélopée silencieuse

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Il est 21h43.. Je ne veux pas mourir… Dans cette chambre, mon univers n'est plus que, ce que je peux imaginer. J’attend l’instant du dernier instant. Le jour, la nuit, La pièce est plongée dans l’obscurité, je le sais, on me l’a dit, je l'ai entendu. Le jour, elle baigne dans une douce pénombre annonciatrice de ma fin. Je suis comme une poupée russe dans cette chambre. Mon esprit est prisonnier d’une nuit perpétuelle, pourtant mes yeux sont grand ouvert. Je ne sais plus, qui je suis, où je suis. Je ne sens plus ni mes jambes, ni mes bras. J’ai l’impression d’être réduit à une pensée. Celle du moment présent. Je ne suis plus qu’une idée omniprésente, universelle, accompagnée d’une musique irréelle. Rien de tel que la musique pour élever le cœur et l’ame vers le sublime, les notes s’enchaînent, s’entrelacent se mêlent, se déchirent. Un mince filet de sang coule le long de mon bras lorsque l’aiguille pénètre la peau dure, rugueuse. Ca sera la mon seul mouvement. Limbe nervurée qu’emprunte la sève qui s’échappe. J’entend ou je pense, je ne sais pas ! D’autres pensées qui ne sont pas les miennes, elle volent ou plus précisément fusent comme des éclats de rires, comme des éclats de vie. Je voudrais remuer les jambes reconquérir mon corps, mais il me semble qu’elles n’existent plus, qu’il n’existe plus depuis longtemps. Je n’éprouve aucune tristesse, aucun désespoir, mon esprit établit plusieurs milliards de connexions, m’échappe, parfois, tout s’embrouille. J’ai l’impression d’être dans la salle d’attente d’un mouroir. J’ai demandé de la musique. Je ne l’entends pas, mais je sens ses vibrations. Ma musique celle que j’aime, je ne l’entends plus je ne peux plus que l’imaginer elle aussi. Comment peut on imaginer un son. Je la voulais m’accompagnant jusqu’au bout. Accents plaintifs des violons ajoutés aux cordes pour élever mon esprit, soulever mon âme, je vole ou plutôt je flotte dans un univers fait de suspension, de point virgule. Mon cœur se serre, les larmes ne sont pas loin, elle naissent et coulent lentement le long d’une arête, c’est là mon second mouvement de la journée. J’ouvre mon esprit sur des dimensions inconnues et je prends plaisir à dériver, les quatre saisons de Vivaldi me transpose sur un plan jusqu’ici inaccessible. Je ne suis plus seul au monde. Je survole des forêts, des lacs des rivières, la musique m’accompagne et j’imagine surgissant d’un fourré un cerf magnifique, une biche frémissante. Guidée par la limbes des feuilles la lumière captive s’approche. Soudain je la vois, tapie entre les buissons elle se lève, toute auréolée des rayons du soleil qui transperce le dôme de la foret. Blonde et lumineuse, elle s’approche, s’enhardie. Elle a cette apparence de douceur qui émeut les cœurs. Elle respire l’éternité. Elle s’ouvre à moi comme une fleur. Je ne souhaite plus qu’une chose m’y blottir tendrement. Une douce musique emplit l’espace et fusionne avec la clarté lumineuse qui nous entoure. Désormais je sais qu’elle et moi nous ne formons plus qu’un, à jamais.

Patrick….. Patrick! Une voix au loin s’émeut, se désespère et répète inlassablement un prénom, le mien peut être. Il me semble que je pourrais l’entendre mieux et pourtant je ne cherche plus à l’entendre. Le temps est suspendu. Je sens obscurément qu’une nouvelle vie commence. Une renaissance. J’ai confiance en toi lumière et je me laisse guider sereinement.



Ephémère je suis semblable à la rosée du matin qui scintille de millions d'éclats juste l'espace d'un instant et s'évapore pour disparaitre dans l'éternité

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