119.3 - Mère et fils

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— Mm… hésita-t-il. Aurais-je raison de croire que l’agression de Wyatt serait liée à vos sorts d’illusions ? Tu peux me le dire…

Les yeux d’Athéna s’écarquillèrent rapidement. Le blond n’avait pas eu besoin d’apprendre de sa bouche que c’était le cas, car son expression en disait long. Cette dernière se frotta le front, très embarrassée.

— Pour finir, la rupture de Wyatt et de Scottie a-t-elle été provoquée par vous ? fit le capitaine. Je ne suis pas dupe, maman. Ils n’auraient jamais agi de la sorte sans votre influence. Je n’aurais pas été forcé de me défendre non plus.

La dame blonde se pinça la lèvre inférieure.

— Mais comment fais-tu pour être si rusé ? soupira-t-elle. Tu es aussi doué que ton père !

— C’est un trait récurrent chez les Markios, fit son fils, froissé. Mais tu ne m’as toujours pas confirmé si oui ou non vous avez endoctriné mes amis.

— Je tiens à préciser que je ne suis pas celle qui a lancé la majorité de ces sorts. Nous avions passé un accord avec Hypnos pour tester la résilience mentale de tous les passagers à bord du vaisseau.

— Vous nous avez manipulés !

Flint planta son poing dans la table, ce qui fit sursauter sa mère.

— Je suis désolée, sincèrement…

— Cela ne m’aurait pas étonné de la part de l’Oncle Troyd ou bien de Randell, du temps qu’il était encore un membre du culte… mais de votre part ?! Monstres…

— Je savais que ça allait se dérouler ainsi…

Athéna secoua la tête et roula des yeux avant de se passer une main dans sa chevelure.

— Tu l’as dit toi-même, tu ne peux pas prédire l’avenir avec ta boule de cristal, répliqua sèchement son fils. Alors, tu te fous de ma gueule ?!

— Je n’ai pas besoin de super pouvoirs pour connaître vos profils psychologiques, Flint. Je sais à quel point tu détestes qu’on se joue de toi. Je suis navrée, mais nous devions prendre cette initiative, car la guerre n’attend pas. Chaque instant que nous passons loin du Saint Royaume met l’existence de ton oncle en danger, ainsi que celle des célestiens. Heureusement pour Nash, celui-ci est entouré des esprits élémentaires. Il saura nous gagner du temps, j’en suis certaine.

Horripilé par les paroles de sa génitrice divine, le blond se leva d’un bond et fit quelques pas en direction de la sortie, avant de faire volte-face.

— La guerre, la guerre, la guerre ! Tu n’as que ça à la bouche ! Tu ne penses qu’à combattre tes ennemis, à un tel point que tu en oublies nos sentiments ! Ce n’est pas une mère que j’ai devant moi mais une machine !

— Mais… Flint… couina Athéna, qui sentit sa gorge se resserrer.

— As-tu idée à quel point j’en ai marre de toutes tes machinations, maman ?! Pas une seule fois, depuis que j’ai découvert mes pouvoirs angéliques, où me suis-je demandé pourquoi tu m’avais mis au monde. Et maintenant je sais pourquoi ! Je ne suis qu’une arme à tes yeux ! Tout comme mes frères et ma sœur. Tu n’as pas créé Aeglys par amour, mais par égoïsme ! Te rends-tu comptes à quel point tu nous a tous brisés avec tes conneries ? J’en ai encore pour des heures de thérapies et malheureusement pour moi, tous les bons psychologues sont morts !

Dévastée par les commentaires de son fils, la princesse se mit à pleurer en silence. Elle avait toujours eu le pressentiment que son fils ne l’avait jamais pardonné pour son existence. Il venait de lui confirmer qu’il se sentait toujours autant trahis que leur première rencontre. La déesse ne faisait que le décevoir, encore et encore.

— Est-ce vraiment ce que tu penses de moi… ?

— Oui, confirma Flint.

— Je vois… Je ne pensais pas que mes décisions te feraient autant de mal…

— J’aurais très bien pu me passer de toi, à vrai dire. Je ne peux pas parler au nom de tous les aeglysiens, mais je crois que nous aurions mieux fait de vivre dans l’ignorance. Au moins, je t’aimais encore durant cette période… J’ai bien peur que je me suis fait des idées sur toi. Au lieu de cela, une femme monstrueuse et sans cœur m’a mise au monde !

— Comment oses-tu me dire une chose pareille !

— Parce que je le peux, Diana ! Nous partageons peut-être le même sang, mais tu n’as rien d’humain. Tu te crois supérieure à nous, tu prends toutes les décisions pour nous et tu penses que ça va faire notre bonheur. Au contraire ! Nous avons un joli système chez nous et ça s’appelle la démocratie ! Tu aurais pu nous en parler avant de prendre une décision pareille ! Jouer ainsi avec nos sentiments ? Mais t’es folle ou quoi ?! J’ai honte de toi !

La déesse se leva, en larmes. Elle voulait s’approcher de son fils, mais ce dernier recula et créa un champ de force temporaire qui la repoussa.

— Ne t’approche pas de moi ! Ne t’approche PLUS de moi, ni de Randy, ni de mon mari. Et je t’interdis de t’approcher de mes amis ou sinon je te jure que ça va mal se finir pour nous deux et plus jamais tu ne me reverras.

— Mais je… Oh par tous mes ancêtres… je me doutais bien d’après mes calculs que tout partirait en sucette si vous découvriez la vérité…

— Non, mais quand vas-tu arrêter de nous prendre pour une expérience de savant fou ?! Nous ne sommes pas tes putains de marionnettes ! Nous ne sommes pas des chiffres ! Nous sommes des êtres vivants !

La princesse se recouvrit les lèvres. Encore une fois, elle avait gaffé.

— Décidément, je suis vraiment mal placée pour te faire la morale, soupira-t-elle. J’ai été éloignée de l’espèce humaine trop longtemps pour saisir un détail aussi important. Je m’en excuse, Flint. J’essaierais de m’améliorer…

— Et puis quoi… nous n’avons jamais demandé à devenir les prochains dieux. Tu nous as volé notre libre-arbitre ! Encore aujourd’hui tu fais tout sans rien nous demander. Et tu sais pourquoi les autres ne réagissent pas ? Parce qu’ils ont foi en toi et ils ont confiance envers papa qui ferait tout pour tes beaux yeux ! Réalises-tu à quel point notre vie n’a plus aucun sens à présent ? T’as creusé ta propre tombe. Après cette foutue guerre, je ne veux plus jamais entendre parler de toi, tu m’entends ?

— Mais… on peut très bien trouver un milieu d’entente et…

— Tu fais ta sourde ou quoi ?! Je me fiche que tu sois ma mère biologique ! Tu ne peux pas me commander à t’aimer, ni me forcer à te suivre comme un mouton ! À la prochaine expérience avec nous, je ne vais pas te donner d’avertissement, je partirais à travers le portail avec ma famille ! T’as compris le message, j’espère ?

Athéna essaya de lui demander pardon, encore une fois, elle était sans voix. Elle pleurait toujours en silence et encaissa le regard rempli de haine de son fils.

— Notre relation toxique et abusive, je n’en veux plus ! lui reprocha Flint. Heureusement pour moi, je n’ai plus besoin de toi pour vivre. Par contre, ça serait bête de te séparer à nouveau de tes petits enfants, n’est-ce pas ?!

Il n’avait pas besoin d’en rajouter plus pour lire l’expression mortifiée de sa mère. Cette dernière ne dirait plus rien en sa présence, pour le moment. Sa chair et son sang lui faisait du chantage pour qu’elle change sa façon d’être envers tout le monde. Athéna ne savait plus comment réagir, tellement elle avait peur de lui. Satisfait, le grand blond sortit de la serre. Il s’éloigna, les mains dans les poches.

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