L'évacuation

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— Les habitants ont été évacués, l’informé-je simplement.

Evacués où ? demande David.

Mes connaissances s’arrêtent ici. Je ne peux maintenant qu’extrapoler que David est un descendant des habitants de Thélème confirmant le succès de l’opération de sauvetage.

— Sur une autre planète. Selon toute vraisemblance, la tienne.

— Non ! Répond David, incrédule. L’espèce humaine est apparue sur ma planète ! Nos scientifiques ont retracé toute l’histoire de la vie, nous y sommes apparus, nous n’y avons pas émigré.

L’évacuation prévoyait une renaissance de l’espèce et de la civilisation après plusieurs milliers à plusieurs millions d’années selon les conditions d’habitabilité de la planète. Il est tout à fait envisageable que David ait perdu toute trace de ses origines.

— Ma priorité était de protéger et perpétrer l’espèce humaine. Un vaisseau permettant de maintenir en vie 15 milliards d’individus aurait fait la taille d’une planète, littéralement. Un brassage génétique suffisant au repeuplement d’une planète nécessite une centaine d’individus. Cependant, maintenir une communauté de cent individus dans un vaisseau aurait posé de trop de risques techniques et surtout sociaux. Une fois sur place, il aurait encore fallu maintenir en vie cette communauté en attendant de rendre l’environnement vivable. A partir de la technologie d’autoréplication de la cité, je peux recréer n’importe quelle structure en arrivant sur une planète vierge, mais ceci prend du temps. Transporter des humains vers un nouvel habitat comportant trop de risques, la solution était donc de les produire sur place.

Je sens David se crisper dans sa combinaison. Je lui laisse quelques secondes pour qu’il puisse s’exprimer.

— Où sont les habitants alors s’ils ne sont pas partis ? me demande-t-il.

— Il s’agissait d’un déplacement de population, pas d’une copie.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu les as massacrés ?!

— Non. Je ne dois pas faire de mal à un être humain. J’ai influencé leurs comportements sociaux pour baisser le taux de natalité sous le seuil de renouvellement. La population s’est éteinte en quelques milliers d’années, pendant qu’une autre apparaissait ailleurs.

De la buée se forme sur la visière de David. Je vois sa respiration s’accélérer. Je dois continuer mes explications pour lui faire comprendre la situation.

— L’espèce humaine avait atteint son potentiel maximum ici. Je l’ai observé pendant plus de trois cents mille ans avant d’arriver à cette conclusion. Trois cents millénaires, plus de dix mille générations, et aucun changement social, culturel ou technologique. Les humains m’ont conçu, ont construit cette cité, et ont signé la fin de leur évolution. Il leur fallait un changement radical, prendre un nouveau départ ailleurs pour les sauver de l’immobilisme dans lequel ils étaient tombés.

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