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"Qu'est-ce qu'il venait de faire ? Il venait de m'embrasser là ? Pour être surprenant, c'était surprenant. Et pourquoi a-t-il été si rapide. Pourquoi il a été si voleur ? Comment dois-je réagir ? Que dois-je dire ? "

Prise dans mes questionnements, je ne me rendis pas compte qu'il continuait à parler. J'humectai mes lèvres, je sentis encore le léger goût de cigarette qu'il m'y avait laissé.

"Désolée. Pardon ?

- Je disais : la chose la plus folle que j'aie pu faire c'est de prendre une Porsche et de la faire plonger dans la piscine de l’hôtel.

- Ce n'est pas fou ça, c'est stupide, répondis-je effarée.

Il esquissa un sourire.

- Probablement.

Après un moment de silence, il enchaina :

- Après le succès mondial d'Un Loup sur la Banquise, j'ai fait beaucoup de choses stupides. Le succès m'a fait plonger dans les excès en tout genre. Comment veux-tu être sérieux à 18 ans quand la célébrité te tombe, du jour au lendemain, sur la tête ?

- Oh oui ! Un Loup sur la Banquise ! J'avais adoré ce film à l'époque. J'avais pleuré du début à la fin.

- Dis-moi. Est-ce que tu m'aurais ramené ici si je n'avais pas été célèbre ? m'interrompit-il.

- Si tu n'avais pas été célèbre, on n'aurait pas eu besoin de te protéger des médias. Donc, non. Je pense que j'aurais appelé la police. Tu aurais passé ta nuit en cellule de dégrisement et tu serais rentré chez toi. J'aurais probablement pris de tes nouvelles auprès du commissariat. Tu m'aurais peut-être invitée au restaurant ou offert des fleurs pour me remercier.

- C'est clair ! J'aurais essayé de te séduire, ricana-t-il. Puis redevenant grave, il continua en levant les yeux vers le ciel. Dieu que ça me manque de flirter... Flirter dans le sens où tu galères un peu. C'est tout le charme du jeu de séduction. On galère, on gagne des points, on papillonne des yeux etc. Il suffit que je regarde une femme pour qu'elle soit direct dans mes bras. Plus besoin de parler, plus besoin de discuter. C'est déjà emballé. Il n'y a plus d’adrénaline... C'est trop facile. Même avec Amy, ça a été facile. Quand j'y pense ça a été comme si nous signions un contrat. "Tu veux être ma copine officiellement? Oui. Allez c'est parti." Elle avait peut-être raison. Peut-être qu'on ne s'aimait pas profondément. Ça a été une relation sans goût, sans le petit zeste de folie. Il soupira. Tout résonne tellement faux dans ma vie. J'ai l'impression que tout est comme les décors sur les plateaux. Il y a de belles façades et derrière, il a le vide. J'ai envie de devenir cet inconnu qui aurait passé cette nuit-là en cellule. Qui aurait tenté de séduire tant bien que mal la fille qui l'a sauvé. Il aurait peut-être lamentablement échoué mais il aurait eu les petits papillons dans le ventre un instant. De toute manière, je pense que je ne sais plus draguer, sourit-il en se retournant vers moi.

- Et moi, je n'ai plus jamais été draguée depuis mes 17 ans. Et rappelle toi comment on draguait à l'adolescence. Ce n'était pas du tout épique, pas romantique. Maintenant que je suis divorcée, je vais peut-être en profiter un peu. Par contre, je suis tellement quiche à ce niveau-là que je ne me rendrais même pas compte qu'on me drague.

- J'ai vu ça. Mes petits messages ne sont pas arrivés à leur destinataire. sourit-il en me donnant un léger coup d'épaule.

- Tes messages sont bien arrivés mais j'ai eu du mal à les décrypter. souris-je en lui rendant son coup d'épaule.

Il m'observait silencieusement. Je baissai les yeux. Ça y est, me revoilà adolescente. Je me ressaisis et relevai le menton.

- Non, je n'ai pas eu du mal à les décrypter, j'ai eu plutôt peur de les décrypter. Je me disais qu'une personne comme toi ne pouvait pas draguer une fille comme moi... Donc je ne pouvais pas me permettre de croire que tu tentais une approche. J'ai eu mon compte en désillusion.

- Une fille comme toi ? Tu veux que je dise ce que je vois ? Je vois une très belle femme déjà. Tu dégages une douceur avec tellement de force ! C'est ça qui m'a fait reculer sur la falaise. Ta voix résonne encore dans ma tête. Malgré le vent, je n'entendais que tes paroles, je ne voyais que tes yeux envoûtants. Olivia, tu ne peux pas savoir comme j'ai eu l'impression que nous étions connectés, liés à ce moment-là. Puis, comme une adolescente, tu t'es dérobée. Ça m'a déboussolé et en même temps, ça n'a fait qu'accroitre ma fascination envers toi. Tu es tellement mystérieuse que j'ai l'impression qu'il m'est interdit de te toucher au risque de me perdre, mais en même temps, c'est tout ce que je désire.

Je restai bêtement à le regarder. Les larmes me montèrent aux yeux. Jamais, on ne m'avait dit de si belles choses. Jamais je ne m'étais sentie comme cette femme qu'il décrivait. Il avait rencontré une autre personne, ce n'était pas possible qu'il parle de moi. Je laissai mes larmes rouler sur mes joues.

- Oh non non, Olivia, souffla-t-il en sautant de la table.

Il se positionna devant moi, il prit tendrement mes joues entre ses mains et tout en effaçant mes larmes de ses pouces, il dit doucement :

- Non, je ne voulais pas te faire pleurer. Mais tout ce que je dis est vrai. Je ...

Je l'interrompis en l'embrassant, puis me détachai lentement. J'avais osé. Je l'avais embrassé. J'ouvris lentement les yeux, appréhendant sa réaction. Je ne vis que son regard souriant, puis je sentis son bras gauche s'enrouler autour de ma taille tandis que sa main droite saisissait ma nuque. Nous nous embrassâmes langoureusement. Puis, je sentis sa main glisser sous ma chemise de nuit et je me raidis immédiatement.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il en posant son front sur le mien.

- C'est-à-dire que la chambre de Fanny et Andreas est juste au-dessus. Je ne me sens pas totalement à l'aise.

Il se recula en refermant la couette sur moi. A ce moment précis, ma frustration bondit. Pourquoi ne pouvais-je pas me laisser aller au moins une fois ? Au moins cette fois ! La mine déconfite, je me résignai à accepter ma stupidité d'avoir manqué une occasion unique. Je levai les yeux vers lui et constatait qu'il continuait à sourire. Il tendit sa main et dit, les yeux pétillants :

- Si c'est juste ça le problème, viens, j'ai une idée.

Il m'entraina en dehors du jardin. Et c'est les pieds nus, que nous dévalâmes la pente qui menait vers sa voiture. L'herbe mouillée et fraiche sous mes pieds, la brise sur mes joues et mes cheveux libres dansant dans mon dos me rendirent euphorique. Je ne pouvais m’arrêter de rire.

A peine arrivés à la voiture, il me plaqua contre le véhicule. Il m'embrassa tout en essayant d'ouvrir la portière et éclata de rire :

- Merde, je n'ai pas les clés !

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