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C'est avec une certaine appréhension que je m'intallai à côté de ma soeur.

"Où sont-ils ? demandai-je.

- Partis chercher de l'essence, me répondit-elle sans un regard vers moi.

- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu es si sèche avec moi ?

Elle se retourna, me dévisagea quelques instants.

- Que pense-tu qu'il va se passer à t'amouracher de lui ? Tu penses que tu as trouvé le grand amour ? Que tu vas vivre heureuse et avoir beaucoup d'enfants ?

- Mais qu'est-ce qui te prends ? Tu es jalouse ou quelque chose comme ça ?

Elle m'interrompit en pouffant :

- Jalouse ? Jalouse du fait que tu vas te faire larguer dans deux mois et que tu seras, encore (elle insista lourdement sur ce mot), à ramasser à la petite cuillère ? Qui a passé des mois à te consoler ? Qui a panser tes plaies ? Si je ne te connaissais pas par coeur, je me dirai "Bah elle prend son pied, la chance, qu'elle profite !" Mais je te connais. Tu vas être détruite quand il te quittera. Parce que il va te quitter. Ne l'oublie pas !

- Je vois que tu restes positive et que tu me soutiens...

Elle me coupa la parole.

- Mais Olivia ! Reviens sur terre ! Je te soutiens là !

Je n'en croyais pas mes oreilles.

- Mais tu ne peux pas être, une fois dans ta vie, heureuse pour moi ? Qu'est-ce que tu en sais ! Peut-être que je prends juste mon pied ! Qui te dit que j'ai envie d'un truc sérieux?

Elle rit et me dévisagea.

- Soit, alors quoi... vous allez faire quoi après. demanda-t-elle d'un ton ironique.

- On n'a absolument pas parlé du futur, tu vois. Pour la première fois de ma vie, je vis au jour le jour. Tu ne peux pas savoir combien ça fait du bien d'être complètement à l'abandon et de ne pas penser au lendemain. Je me sens tellement libre. Laisse moi vivre ça sans me faire chier, merde ! Je n'en peux plus d'être dans la réalité.

Son regard s'adoucit. Elle me prit la main.

- Olivia, je sais bien. Je te comprends. Je veux juste que tu te rendes compte de cette réalité. Vous êtes de deux mondes différents. Si ça marche tant mieux, mais il faut que tu te prépares plus à l'éventualité que ca ne marche pas. Que vous vous quittiez pour toujours ce soir. Je ne veux pas que tu tombes de haut. Je t'ai vu si mal cette année, Olivia.

Elle avait peur pour moi et ce sentiment, paradoxalement, me mit du baume au coeur. Je pensais que, à l'instar de ma mère, ma vie lui était complètement indifférent.

- Ne t'inquiète pas, lui dis-je le plus calmement possible afin de la convaincre et de me convaincre également. Je ne m'attends à rien. Je me sens juste libérée.

Elle avait raison. Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Il va partir, rejoindre sa vie et moi la mienne. On va peut-être s'appeler quelques semaines, s'écrire sûrement. Avec un peu de chance, on va se voir une fois par mois.

Ces questionnements me firent me rendre compte que je n'étais pas amoureuse. Moi, Olivia, la fleur bleue, la romantique, celle qui pleure à chaque film d'amour, celle qui rêve du prince charmant sur son cheval blanc n'avait pas envie de se prendre la tête avec ce genre de pensée. Ce n'est pas que j'avais envie d'une histoire sans lendemain, je voulais juste ne pas y penser et qu'on me laisse tranquille.

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