8.Souvenirs, souvenirs...

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L'air était vif et froid, mais ne gênait en aucun cas mes pérégrinations.

J'aimais me promener sur la jetée, pourtant, je ne l'avais jamais parcourue à une heure aussi tardive un soir d'automne.

Mon esprit se perdait dans les souvenirs qu'avait réveillés cette parenthèse sexuelle.

La première photo porno entraperçue à la volée au cours d'une réception familiale, chapardée par quelques gamins en mal de bêtises, et qui la laissèrent à la vue de mon innocente enfance, celle qui n'avait alors pas les moyens de la comprendre…

Le premier baiser de l'amoureux transi, du préado débutant flirtant avec la belle Florence comme on joue encore à papa-maman…

La première fille complètement nue observée longuement sur la plage du haut de mes quinze ans, celle qui nourrit mon imaginaire tant d'années…

Ma première fois, un peu rapide et maladroite dans la chambre d'une jeune fille aussi novice que moi, et dont j'ai oublié le prénom… Qu'elle me pardonne, mais je n'ai gardé que le souvenir de son corps qui me donna mes premiers émois d'homme.

Et puis ma rencontre avec Valériane, alors étudiante en sociologie, dans les coulisses d'un spectacle musical que je donnais bénévolement avec quelques amis pour venir en aide aux enfants défavorisés, notre première nuit et toutes celles qui ont suivies, notre mariage et sa merveilleuse lune de miel, nos deux filles Sarah et Morgane…

Nos années de couples, nos corps à corps moins enflammés, plus routiniers, l'ennui qui s'est installé petit à petit…

Et Elsa qui avait chamboulé toute ma vie d'un battement de cils ! Je ne savais pas ce que je représentais pour elle : une simple aventure sans lendemain ou le début de quelque chose de plus intense ?

"Alors vite, je tombe

Comme un pantin sans fil

Notre histoire qui défile

Je cherche ta main dans les nuages

Pour pas tourner la page..." (1)

Le vibreur de mon portable me sortit de mes pensées. C'était mon épouse sans doute… Je ne décrochai pas. J'étais probablement très en retard, mais n'avais aucune envie de rentrer chez moi, d'affronter un interrogatoire en règle, de devoir mentir encore et encore. Pourtant, curieusement, je n'avais aucun remord. J'éprouvais toujours une certaine tendresse pour Valériane, mais je ne l'aimais plus de la même manière. Elsa m'apportait autre chose, tout ce côté charnel qui se fanait au sein de notre couple. Elle était arrivée à point nommé dans mon existence, me rendait vivant, acteur de cette vie que je subissais ces derniers temps. Non, aucun remord. Le mensonge me permettra de m'en sortir, mais pour combien de temps encore ?


(1) : extrait de la chanson de Bruel "J'te mentirais"


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