Chapitre 4

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Il ne reste plus que trois jours avant la rentrée. Je n’ai absolument pas envie de retourner au lycée : cela signifierait me séparer de Victor pour une journée entière. Je ne sais pas si j’en serai capable… Cela fait un peu plus d’une semaine que nous sommes collés l’un à l’autre : entre l’atelier, la plage et nos moments intimes nous ne nous quittons plus. Ce n’est pas pour me déplaire. Mes sentiments pour lui ne cessent de grandir et je découvre chaque jour une nouvelle facette de mon petit ami.

Mon petit ami…

J’essaie le plus possible d’immortaliser certains de nos moments : mon portable est saturé de photos de lui, de nous.

Il y a une seule ombre au tableau… La disparition et le silence de Minami mine le moral de Victor. Je dois dire que j’aimerai la revoir aussi, ne serait-ce que pour mettre au clair ce baiser échangé. L’amour que j’ai cru ressentir pour elle n’a absolument rien à voir avec celui que j’ai pour Victor. Je ne m’imagine pas vivre sans lui. C’est incroyable l’attachement que j’ai pour ce garçon alors que cela ne fait que quelques semaines que nous nous connaissons. Le perdre serait un véritable drame pour moi. Rien que d’y penser et je sens comme un abîme s’ouvrir en moi. Je ne préfère même pas y songer.

Ce matin-là, Victor est plus taciturne que jamais. J'arrive à peine à le dérider… Une idée me vient : un nouveau magasin de goodies japonais vient d'ouvrir ses portes au centre commercial. Sans lui dire notre destination, je lui demande de s'habiller : j'ai une surprise pour lui.

Enfin un vrai sourire !

Nous prenons le bus. Assis côte à côte, il pose sa tête sur mon épaule et regarde dans le vide. Je lui prend la main et entrelace nos doigts : il me les serre, signe que ça ne va pas du tout… Je lui relève le menton et pose un petit baiser délicat sur ses lèvres, sous l’œil choqué de notre voisine qui détourne le regard, l'air dégoûté. Voyant sa réaction, Victor écarquille les yeux, comme un lapin pris dans les phares d'une voiture. Mais heureusement il ne me repousse pas.

Je ne sais pas si je pourrais un jour m'habituer à ce genre de réaction…

Arrivé au centre commercial, je le conduis directement à la boutique. Nos mains se frôlent mais ne se touchent pas : depuis la scène dans le bus, il évite sciemment de me toucher… Cela me fait un peu mal mais je ne dis rien : il semble avoir retrouvé un peu de sa gaîté. Devant la boutique un vrai sourire éclaire son visage : il ressemble à un enfant le jour de Noël. Cela me met du baume à mon petit cœur blessé. Nous entrons et Victor fait le tour des objets en s'extasiant sur certains d'entre eux.

« Yuri ! Tu as vu çà ? C'est vraiment trop kawaï ! … regarde, regarde comment elle est top cette figurine ! … Hey ! Mais je ne connais pas ce manga ? Et toi ? »

Je lui suis à travers les rayons, souriant comme un idiot devant son air ébahi et heureux. Soudain, il s'arrête, récupère une peluche d'un univers manga bien connu : une petite flamme synonyme de démon (1). Il regarde la peluche, me regarde et répète ce geste au moins trois fois.

« Oui… C'est tout toi ! », puis part dans un grand éclat de rire. Il la dépose et repart.

Nous quittons l'endroit et Victor est redevenu Victor. Je lui propose une glace qu'il accepte avec plaisir. Je lui demande de m'attendre et je retourne discrètement dans la boutique japonaise lui acheter la petite peluche puis me dirige vers le glacier où je prends deux glaces à l'italienne au chocolat. Je range son cadeau dans mon sac en attendant la maison pour le lui donner. Assis côte à côte, c'est finalement lui qui pose sa main sur la mienne, l'air de rien. Je soupire de plaisir. Il me regarde avec un air interrogateur et je lui fais non de la tête pour lui signifier que tout va bien.

«-Tiens, tiens... mais qui voilà… ce ne serait pas notre petit geek par hasard ? Il a finalement réussi à l'avoir sa petite Minami ! »

Je sursaute. C'est la voix de Pierre, un garçon qui a grandi dans la même rue que moi, à trois maisons près. Je n'ai jamais voulu le fréquenter : c'est un lourdaud, imbu de lui-même sans aucune éducation. J'ai tout fait pour l'éviter depuis l'enfance : il a toujours été dans les embrouilles et les mauvais coups. Ça ne s'est pas arrangé avec le temps.

« - Salut Pierre…

- Mais attends… Ce n'est pas Minami çà… c'est … c'est même un mec on dirait !, il explose de rire, fier de sa trouvaille. Victor se recroqueville sur lui-même.

-…, Ah non ! J'avais réussi à lui rendre le sourire et cet idiot va tout gâcher ! Oui, Victor est un garçon, où est le problème ?

- Alors comme ça tu serais une tarlouze ? Bah ça m'étonne pas en fait… Après ce que ta mère t'as fait…

- Yuri… De quoi parle-t-il ?, me demande Victor, une pointe d’inquiétude dans la voix.

- Rien, ne t'en fais pas…, lui répondis-je calmement alors que je suis hors de moi. Fiche-nous la paix Pierre…

- Quoi ? Il est pas au courant ? Tu sais bah sa mère elle l'a... »

Le coup de poing est parti tout seul. Je déborde de colère. C'est la première fois que je frappe quelqu'un avec autant de haine accumulée. Pierre, surpris, s'est pris le coup en pleine mâchoire. Ça fait mal mais qu'est-ce que ça fait du bien ! Il se reprend et s'avance vers moi, menaçant.

« - Alors… toi… petit PD tu vas prendre cher… et ton petit ami aussi… je vais vous apprendre moi à être des tarlouzes… »

Je me prépare : je ne me suis jamais battu de ma vie, mais si il veut s’en prendre à Victor il faudra qu’il me passe sur le corps.

- Et en quoi ça te dérange toi ?, tonne la voix de Paul dans mon dos. Les yeux de Pierre s’agrandissent. Dégage si tu veux pas avoir affaire à moi. »

Sur ces mots et devant la carrure de Paul, Pierre détale sans demander son reste. Soulagé, je le remercie et me tourne vers Victor : il a l'air complètement désespéré et abattu. C’est lui qui est allé chercher Paul à la boutique de tatouage. Agacé, je m'approche de lui d'un pas décidé, lui relève le menton puis l’agrippe par la taille et le renverse dans un baiser théâtral. Au début, il tente de me résister, jetant des coups d’œil paniqué autour de nous. Puis il finit par s'abandonner à mon baiser, à notre baiser nouant ses bras autour de mon cou.

« Victor. Écoute-moi bien. Si tu ne veux pas m'écouter, tant pis, lit sur mes lèvres. Je. T'aime. Compris ? Je. T'aime. Et le regard des autres je m'en fou. Si ça dérange, les gens n'ont qu'à regarder ailleurs. Point. »

Paul applaudit, suivi de quelques spectateurs venus voir ce qui se passait. Victor me regarde, me sourit et secoue la tête.

« Idiot », me dit-il en me prenant la nuque pour m'embrasser à nouveau, sous une slave d'applaudissements.

Après avoir remercier Paul une nouvelle fois, nous décidons de rentrer à la maison à pied, main dans la main. Nous discutons de tout et de rien s'arrêtant de temps en temps pour prendre un selfie. A un moment, Victor s'arrête et se retourne vivement.

« - Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne sais pas j'ai l'impression que l'on nous observe, que quelqu'un nous suit... »

Je jette un œil mais ne perçoit rien d'inhabituel.

Pierre ? Non il n'est pas assez intelligent pour ça…

Nous haussons les épaules et continuons notre route. Arrivés à la maison, je nous prépare des nouilles instantanées avec du bacon. Victor installe le lit avec l'ordi : il voudrait regarder l'anime en rapport avec la peluche. Nous mangeons en silence. Je décrète que c'est l'heure du dessert et les yeux de Victor s'allument.

Et c'est moi le pervers ?

Je me lève et vais chercher les barres chocolatées que j'avais achetées plus tôt au drugstore et le petit sachet kraft contenant la peluche. Surpris, il ouvre le petit sac et crie de joie lorsqu'il y découvre la peluche. Il s'approche de moi, une lueur coquine dans les yeux. J'en perd le souffle…

Qu'il est beau…

Il dépose mon bol sur le sol, s'allonge sur moi et me dit :

« Laisse-moi te remercier comme il se doit pour tous ces merveilleux moments passés avec toi... Il y a quelque chose que j'aimerai essayer...»

Il déboutonne mon pantalon et commence à me caresser…

J'adore quand il fait çà…

Il s'arrête. Me regarde droit dans les yeux. Descend et… le prend dans sa bouche !

Oh mon dieu ! Mais qu'est-ce…

La sensation est… innommable… le voir ainsi, ses lèvres faisant un va et vient lent sur mon érection, ses grands yeux bleus à peine cachés par le voile de ses cheveux couleur corbeau… C’est exquis... je me sens défaillir… je suis à la limite de la jouissance… Il le sent et s'arrête… je suis haletant… Puis d'un coup, me tournant le dos, il s'assoit sur mon sexe encore érigé en criant de plaisir et je jouis instantanément. Il ne s'arrête pas… dos à moi et prenant appui sur mes genoux il commence à monter et descendre, d'abord lentement puis de plus en plus vite au fur et à mesure que mon érection reprend. Encore une fois, j’atteins le septième ciel accompagné cette fois-ci de mon aimé.

Je n'en reviens pas. C'était si intense… Il m'enlève de lui, se retourne pour me faire face, un petit air victorieux sur le visage. Il passe sa langue sur ses lèvres de façon si provocante que je ne peux m’empêcher de déglutir...

« - Tu ne t'attendais pas à celle-là pas vrai ?

- J'avoue que là… J'ai été plus que surpris ! Va falloir que je surveille tes lectures toi !, lui répondis-je, sachant très bien qu'en ce moment son livre favori fait partie d'une trilogie sur un magnat du contrôle (2). Mmmmh… Du coup… çà me donne envie d'essayer moi aussi... »

Je me mords la lèvre inférieure avant de passer ma langue dessus de façon très coquine. Il déglutit à son tour, me sort un sourire salace avant de fuir vers la salle de bain.

« Chiche ! »

Après avoir passé une nuit plus que torride, nous nous réveillons presque à midi. Allongé sur le lit, il me caresse le torse du bout des doigts en me murmurant un tendre « je t'aime Yuri, tu le sais hein ? ». Je lui pose un baiser sur le front.

Je vois, je sens que Victor veut me demander ce qui s'est passé avec ma mère mais qu'il n'ose pas. Je décide de prendre le taureau par les cornes et lui propose de sortir faire un tour sur la plage pour tout lui avouer malgré la peur qui me tiraille l'estomac.

Quand il saura, il ne voudra plus de moi… Je suis un monstre, un être écœurant…

Je m'assois sur le sable et l'invite à se mettre entre mes jambes. Je sais que je vais inévitablement pleurer lors de cette conversation et je ne veux pas qu'il voit mes larmes. Le bruit du ressac me calme et je me décide.

« - Vas-y. Pose-la ta question.

- Tu es sûr ? Il semblerait pourtant que tu ne veuilles…

- Pose-la.

- Ok… Que… Que s'est-il passé avec ta mère Yuri ?

- Elle… elle…, je hoquette, les larmes menaçantes déjà, Victor veut se retourner mais je l'en empêche. Je… Elle.. elle m'a violé, Victor… », finis-je par lâcher après une grande inspiration.

Je sens Victor se raidir contre moi. Il tremble… d'indignation ? De dégoût ? Je ne sais pas… Il plaque la main devant sa bouche. Les vannes sont ouvertes et je pleure en silence. Si jamais il me quitte maintenant, je ne sais pas ce que je vais faire, ce que je vais devenir… Après tout, ce serait normal, je suis quelqu'un de sale, de dépravé… Qui voudrait d'un garçon qui a couché avec sa propre mère ? Je sens que son corps se détache du mien… Je baisse la tête… j'ai l'impression qu'il se passe une éternité...

Cà y est… c'est fini… il a dégoûté de moi…

Il se retourne lentement… Prends mon menton pour le relever vers son visage maculé de larmes.

Je ne comprend pas et cela doit se voir. Il pose sa main sur ma joue puis me prend dans ses bras.

« - Combien de fois ?, me chuchote-t-il à l’oreille.

- Deux, répondis-je mécaniquement. La première fois c'était quand papa venait de la quitter. Je venais d’avoir seize ans. Elle avait énormément bu. Je venais de rentrer du lycée. Je ne me suis pas méfié, tu comprends, c'était ma mère. Elle s'est approchée de moi, m’a enlacé puis m'a jeté sur le canapé et a commencé à me caresser. Je ne voulais pas, je lui ai dit non mais mon propre corps m'a trahi et elle s'est assise dessus et… et…, je pleure de plus belle, un torrent de larmes se déverse.

- Chut… Je ne veux pas en savoir plus… Je vois bien que cela te fait trop mal d'y repenser… Oh mon Yuri... Chut… Mon Yuri… Qui d'autre est au courant ?

- Officiellement, personne, lui répondis-je en reniflant misérablement. Je dois tout te dire… il faut que ça sorte au moins une fois… La seconde fois, j'étais endormi dans ma chambre et quand elle est entrée, je ne l'ai pas entendue. À un moment, je me suis réveillé en sursaut parce que mes mains étaient entravées mais il était trop tard… Elle les avait attachées ensemble sur l'une des barrières de mon lit et elle a recommencé son manège… Je me suis débattu, j'ai voulu hurler mais aucun son ne sortait de ma bouche. Je l'ai laissé faire en pleurant et une fois qu'elle eut terminé, elle m'a détaché et est repartie, l'air de rien.

- Horrible… Yuri...

- Une fois, elle est rentrée complètement saoule et comme je ne voulais pas lui ouvrir la porte de ma chambre, elle est sortie dans le jardin et a hurlé qu'on avait couché ensemble et que j'avais aimé ça… tout le quartier l'a entendu… mais personne n'a relevé… c'est sûrement çà que Pierre voulait te dire...

- Oh Yuri… Mon Yuri… Ce qu'elle t'a fait est horrible… Ce n'est pas digne d'une mère… Chut mon Yuri… Tout çà c'est fini… Je suis là moi… et je t'aime… je veux réparer tout le mal qu'on t'a fait comme tu as su soigner toutes mes blessures…

- Tu… tu veux quand même rester avec moi ?

- Mais tu es con ou quoi ? Tu croyais qu'en m'avouant tout çà j'allais partir ? Tu sous-estimes à ce point ce que je ressens pour toi ? Je suis prêt à mourir pour toi tu m'entends. A. Mou-rir. »

Je le fais taire d'un baiser. Je ne veux pas de ce mot dans sa bouche. Nous restons encore quelques minutes sur la plage, moi allongé entre ses jambes, ma tête posée sur sa cuisse. Il me caresse les cheveux tout en marmonnant une chanson de manga que nous aimons tous les deux. Ce moment est magique, simple mais magique. Nous rentrons bras dessus, bras dessous. Arrivé au bas des escaliers, il monte sur la première marche pour être plus grand que moi. Il me soulève le menton, essuie les dernières traces de mes larmes et pose ma tête sur son torse.

« Yuri… quoiqu'il puisse se passer n'oublie jamais que mes sentiments pour toi sont immenses, plus grands encore que cet océan que nous aimons tant regarder…, là il me relève la tête et plonge ses yeux dans les miens. Océan bleu sur ciel gris... »

Et là, il m'embrasse avec une fougue insoupçonnée, passant ses doigts dans mes cheveux. Il s'écarte doucement et regarde au-dessus de moi. Je le regarde, ce garçon qui m’accepte comme je suis avec mes défauts et toutes mes casseroles. Mon cœur se gonfle encore un peu plus d’amour pour lui et je me mets à sourire bêtement. L'espace d'un instant, il écarquille les yeux et secoue la tête.

« - Quoi ?

- Non… rien… j'ai simplement cru voir… Non oublie... »

Il redescend la marche pour à nouveau être à ma hauteur et insère sa langue dans ma bouche pour venir chatouiller la mienne. Surpris, je gémis en glissant mes mains sous ses fesses.

«- Si tu continues comme çà… c'est moi qui vais devenir un violeur…

- Chiche ! », me répond-il en me faisant un clin d’œil avant de courir vers l'appartement.

Ça va devenir une habitude, ça…

Après avoir lâchement profiter de mon corps, Victor me laisse dans le lit décrétant qu'il a faim et donc qu’il va chercher le goûter. Ne voulant pas sortir, j’essaie de le retenir à grand coup de caresses et de câlins mais rien n’y fait. Il me dit qu’il est quand même capable d’y aller seul. Il me tire la langue et s'en va en claquant la porte. Je ris puis m'enroule dans la couverture. Je m'assoupis.

Clic clac… Tiens quelqu'un est entré… sûrement Victor… J'ai encore sommeil… tant pis je vais dormir encore un peu…

BOUM ! Je sursaute ! Victor est sur le pas de la porte complètement essoufflé. Je m'assois sur le lit et il se jette contre moi : je le serre fort pour le rassurer. Je sens qu'il a peur et je m'en inquiète .

«- Que se passe-t-il ? Tu trembles !

- Je… j'ai été suivi… par un garçon…

- Pardon ?, je m'en veux, j'aurai dû l'accompagner au lieu de paresser.

- J'allais à la pâtisserie quand j'ai senti que quelqu'un me regardait. Je me suis retourné et n'ai vu personne en particulier, juste un jeune garçon appuyé sur la rambarde regardant la mer… Je n'y ai pas fait attention et j'ai continué ma route. Arrivé à la boutique, je vois ce même garçon derrière la vitrine qui m'observait. Sa capuche était rabattue sur la moitié de son visage, je ne l'ai pas reconnu. Quand il a compris que je l'avais vu, il s'est enfui. Je suis sorti prudemment et j'ai couru jusqu'ici. »

Quand je pense à ce qui pourrait lui arriver, j'ai le cœur qui se serre.

Plus jamais je ne le laisserai partir seul. Plus jamais.

Mon anniversaire a lieu dans une semaine : j’aurai mes dix-huit ans. Victor veut absolument me faire un cadeau. Je n’y tiens pas particulièrement mais il insiste. Évidemment, c’est une surprise : je ne dois absolument pas l’accompagner dans ses repérages. Je ne suis pas rassuré surtout avec ce qui s'est passé la veille. Il me rassure : cette fois il sera à moto et au centre commercial il y aura plein de monde. Il ne risque rien. Je ronchonne mais accepte de rester à la maison devant sa petite mine contrite pendant qu’il va à la recherche du cadeau idéal. Je m’assois sur le lit et lance un épisode de mon anime en attendant. Quelqu’un frappe à la porte. Je mets sur pause et va ouvrir. C’est la mère de Victor. Moment gênant. Je la fais entrer en lui précisant que Victor n’est pas là.

« - Ah… Euh… Il est où ?

- Au centre commercial… C’est… Euh… Mon anniversaire la semaine prochaine…

- Super ! Quel âge auras-tu ?

- Dix-huit ans…

- Ah… Quand même…, me dit-elle, avec le même air contrit que Victor, puis elle secoue la tête de droite à gauche. Bon, après tout cela ne me regarde pas… Dit moi Yuri, tu aurais vu Minami ces derniers temps ?

- Euh non, répondis-je, cette question me laissant pantois.

Dois-je lui dire que je suis au courant ou pas ? Non, vaut mieux pas…

- Ah, très bien… Je ne sais pas si tu le sais mais elle a été mise en pension mais elle s’est enfuie… Il y a un peu plus d’une semaine... Je suis sûre qu’elle cherchera à vous contacter en priorité… Faites attention et prévenez-moi si elle se manifeste d’accord ?

- Euh… D’accord, pas de problèmes. »

Elle me sourit et met fin à la conversation. Elle s’en va sans ajouter un mot. Je ne sais pas quoi penser de cet avertissement.

18h30. Victor ne m’a toujours pas donné de nouvelles. Je commence à m’inquiéter. Je l’appelle… Une sonnerie, deux sonneries… trois… quatre… messagerie…

« Victor… C’est moi… Yuri… Rappelle-moi dès que tu as ce message s’il te plaît… Je t’aime. »

Je ne sais pas pourquoi mais je me sens obligé d’ajouter ce « je t’aime ». Je tourne en rond dans l’appartement. L’inquiétude monte en moi de plus en plus. Je crois que j’ai dû l’appeler une bonne dizaine de fois. J’ai aussi téléphoné à Rita et Paul pensant qu’ils seraient ensemble : non, il est bien passé en début d’après-midi déposer ses dessins pour des tatouages mais depuis rien. Rita me dit que je m’inquiète pour rien, Victor ne devrait plus tarder…

Je l’espère.

Je m’allonge sur le lit et arpente ma galerie photo : elle est remplie d'images de Victor, de nous, de nos moments. Je m’arrête particulièrement sur un selfie où nos lèvres ne font plus qu’une. Machinalement, je caresse le visage de mon amour, la boule au ventre. Je me lève, enfile un pull et m’apprête à sortir pour le chercher lorsque je reçois un texto de lui.

[ Rejoins-moi à l’atelier… J’ai une surprise pour toi... ]

Je souris, soulagé. Je l’appelle : direct sur messagerie.

Bizarre…

[Nan… Rendez-vous à l’atelier mon coeur... ]

Je ris devant ce petit surnom.

Très bien, mon coeur, j’arrive.

Je ne suis pas rassuré… il fait nuit et je dois traverser sur les docks… seul. Bon, au moins c'est éclairé. Victor a pris la moto.

D’ailleurs, c’est bizarre qu’il ne vienne pas me chercher…

Je hausse les épaules et me mets en route. Il me faut une bonne demi-heure pour arriver à destination. J’arrive en bas de la colline et j’allume la lampe de mon portable. Je commence à gravir le chemin abrupt en terre battue. Arrivé tout en haut, j’aperçois la moto de Victor mais la cabane est sombre.

Je me demande ce qui m’attend…

J’aperçois Victor dans son pull AC/DC, juste devant notre ascenseur personnel. Je l’attrape par les hanches et l’enlace.

« Victor… me voilà… pourquoi tu... »

Ce n’est pas Victor. La taille est plus gracile… et je sens des… seins… Minami ? Elle se retourne, lentement. Je la regarde. Elle n’est pas normale… elle ressemble à… à ma mère… à ma mère quand elle était défoncée…

« Mi… Minami ? »

Absorbé par la lueur de folie dans ses yeux je ne vois pas la pelle s’abattre sur moi…

J’ai froid… Je me réveille, une douleur lancinante à la tête… J’ai les mains attachées dans le dos. Je sens que je saigne : il semblerait que la blessure de mon accident se soit rouverte. Le liquide poisseux de mon sang recouvre mon visage. Je regarde autour de moi… Je ne comprends pas… Où suis-je ? J’essaie de me rappeler… En vain... En face de moi, sur un vieux matelas, Victor est allongé et semble inconscient. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine.

« Victor ? »

Minami entre dans la pièce à ce moment-là et m’intime de me taire d’une voix glaciale. Elle porte le pull AC/DC que Victor avait perdu la semaine dernière. Elle s’est coupé ses magnifiques cheveux de la même longueur que ceux de Victor, semblerait-il elle-même : la coupe est mal faite, les mèches vont dans tous les sens et n’ont pas les mêmes mesures.

Voulait-elle ressembler un peu à son jumeau ?

Dans ses yeux brillent une lueur que je ne reconnais que trop bien : celle de la folie. Elle arrive à côté de Victor et le regarde avec une tendresse meurtrière. C’est la seule expression qui me vient à l’esprit quand je vois son visage… Elle lui caresse les cheveux, essuie une larme et … l’embrasse ?! Victor essaie de se dégager faiblement et dans ses yeux à peine ouverts se reflètent une profonde aversion et moi je sens une immense jalousie me brûler les veines. Je tire sur mes cordes, ce qui fait tomber quelque chose derrière moi.

« -Je t'interdis de bouger mon petit Yuri… Sinon je pourrais devenir plus méchante… Chut mon ange, ça va aller… D'ici deux ou trois heures l’effet des médicaments que j’ai mis dans ton milk-shake cesseront… Rendors toi…

- Que lui as-tu fais ? Minami ? Réponds-moi ! Qu'as-tu fais à Victor ?

- Toi que lui as-tu fait ?, me crie-t-elle. Victor était pur avant de te rencontrer ! Pur tu m'entends ! Et toi… toi… tu l'as sali ! Tu m'entends ? Sali ! »

Elle s'approche de moi et commence à me frapper de toutes ses forces : gifles par-dessus gifles jusqu'à ce que je m'effondre par terre et qu'elle m'achève à coups de pied dans l'estomac. Ma tête bat le sol en rythme, je vois des gouttes de sang, mon sang s'éparpiller autour de moi. Je perds connaissance.

« - Yuri ? Yuri ? Tu es réveillé ?

J'ouvre les yeux difficilement. Tout mon corps n'est que souffrance...

- Victor ? Où es-tu ?

- Là, juste en face de toi… Yuri… Elle est folle… Minami est folle…, me dit-il en pleurant. Je veux sortir d’ici… Yuri… çà fait une semaine qu’elle dit nous surveiller...

- Chut… Victor… Que se passe-t-il ? Je ne comprend pas... »

Minami est revenue. Elle s'avance vers son frère l'air heureuse. Elle l'enlace et Victor s'écarte d'elle dans un mouvement de fureur. Elle s’éloigne d'un air choqué et triste puis se tourne vers moi et me regarde d’un air menaçant. Elle s’avance dans ma direction. Elle ramasse au passage un bâton qu’elle lève pour l’abattre sur moi. Une fois, deux fois, trois fois… Les coups me font mal mais je tiens bon. J’entends Victor hurler, suppliant sa sœur d’arrêter.

« Victor. Est. À. Moi ! Tu. M’entends. A. MOI ! »

Chaque mot est accompagné d’un coup. Je finis par hurler plus de rage que de douleur.

Non ! Victor est mien ! Il est à moi ! C’est MON amour !

La douleur m’empêche de parler. Victor s’effondre par terre, je l’entends pleurer désespérément. Il hoquette. Minami finit par le remarquer, elle s’arrête, semble retrouver ses esprits et s’approche de Victor.

« - Chut… Mon ange… Chut… Calme-toi… Tu sais que je t’aime... »

Elle le prend dans ses bras et le berce doucement. Victor ne se débat plus, sûrement de peur qu’elle ne me batte encore. Ce « je t’aime » sonne faux… Elle se lève et sort sans dire un mot de plus… Avant de sombrer, j’entends Victor hurler mon prénom.

J’ouvre les yeux péniblement. J’ai mal, si mal… Ma blessure à la tête n’arrête pas de saigner. Malgré tout, j’ai les idées à peu près claires.

Je dois nous sortir d’ici.

J’essaie de comprendre où on est… J’observe les alentours et en particulier la porte : elle semble juste posée sur les murs, sans gonds, ni serrure. Les parois sont en roches naturelles.

Serions-nous dans une grotte ?

Je tends l’oreille : j’ai l’impression d’entendre le bruit des vagues. Je cherche Victor : lui aussi est attaché et il s’est effondré sur son matelas, aussi impuissant que moi face à la situation. J’essaie de trouver les mots qui puissent le réconforter, lui rendre ce sourire que j’aime tant. Je ne sais pas quoi lui dire. Ma vue se brouille et ma tête me tourne.

« - Victor… Ne t’inquiète pas… On va s’en sortir… Je te le promets… Je t’aime... »

Sur ces mots, je perds à nouveau connaissance.

Je me réveille, toujours avec une douleur lancinante à la tête. Je peine à savoir où je suis. La corde me mange les poignets et mes jambes me font horriblement mal.

Je suis resté dans cette position trop longtemps...

J’entends Victor me parler mais sa voix me semble éloignée. Je secoue la tête pour tenter de m’éclaircir les idées.

« - Yuri ? Yuri ! Tu m’entends ? Tu es là ? Yuri !

- Victor ? Où sommes-nous ?

- Comment te sens-tu ? Tu n’as pas arrêté de saigner ! Elle va finir par te tuer ! Je ne veux pas Yuri… non… tout mais pas ça…, des larmes débordent de ses grands yeux magnifiques.

- Ne t’inquiète pas… j’ai la peau dure ! Sais-tu où on est ?

- Je me trompe peut-être mais j’ai l’impression que nous sommes pas loin de mon atelier… Dans une grotte juste en dessous… Yuri… Minami est devenue folle… Elle n’arrête pas de me dire qu’elle m’aime, que je suis tout pour elle, que nous allons vivre heureux elle et moi… je ne comprend plus rien…

- Victor… Je crois que tu as raison… Minami n’a plus toute sa tête… Elle ressemble à ma mère ce fameux jour… Je l’ai vu dans ses yeux… Il y a une lueur que je ne connais que trop bien…

- Yuri… Que va-t-on devenir ? »

Minami entre à ce moment-là. Cette fois-ci, elle a quelque chose qui reflète la lumière du soleil dans sa main… un couteau. Immense. J’en tremble. Qui sait ce qu’elle serait capable de faire avec cette arme ? Elle m’ignore totalement et s’approche de Victor qui se recroqueville sur lui-même. Elle lui tire sur les cheveux afin de lever son visage vers le sien et l’embrasse à pleine bouche. J’ai des envies de meurtres et tire sur mes liens. Victor est horrifié mais me supplie du regard de ne pas intervenir. La présence du couteau lui fait peur autant qu’à moi. Je sais que le garçon que j’aime souffre à cet instant précis et je ne peux rien faire pour arrêter ça. Mon impuissance m’énerve. Je tire encore une fois sur mes liens mais ils sont trop serrés. Minami finit par s’éloigner de Victor et se tourne vers moi. Elle se lance dans un monologue.

Victor est à elle. Ils sont âmes sœurs depuis le début. C'est juste qu'il ne le sait pas encore. Mais ça viendra, ce sera une évidence pour lui comme ça a été pour elle. Si elle m’a embrassé dans le parc c’est parce qu’elle avait remarqué que nous nous rapprochions : elle voulait absolument éviter cela. Qui aurait imaginé que je puisse à ce point pervertir son ange ? Selon elle, je suis le mal incarné… Un être immonde...

Non… non… C’est faux…

Ses paroles m’atteignent plus qu’elles ne le devraient. Elle poursuit : malheureusement, il a fallu que son père s’en mêle… qu’il la mette en pension, loin de son Victor… elle s’est enfuie de cette pension stupide pour retrouver son seul et unique amour. Puis elle nous a vu… Elle nous a vu coucher ensemble… Cette abomination, cette horreur comme elle le nomme… Et ce soir-là elle a voulu mettre fin à notre relation… elle a voulu en finir avec ma vie... Ce qui m’a sauvé selon elle c’est que Victor s’est enroulé autour de mon corps…

Ainsi je n’avais pas rêvé… elle était bel et bien devant notre lit ce soir-là…

Elle a continué de nous observer attendant le moment propice… Elle est même entrée dans l'appartement plusieurs fois. Elle m'a même regardé dormir hier et c’est là qu’elle a imaginé ce plan… Elle savait que si elle me tuait chez Victor se serait lui le principal suspect… Donc elle m’attirerait dans un piège et ferait comprendre à Victor qu’il doit passer sa vie avec elle et personne d’autre. Le seule personne digne d’être à ses côtés c’est elle et uniquement elle… Pour cela, je dois mourir. Il n’y a pas d’autres solutions.

Elle prononce ses mots tout en se rapprochant de moi, le couteau à la main. Au fur et à mesure que la distance qui nous sépare diminue, ma peur augmente.

Elle va me tuer… Sous les yeux de Victor… C’est inévitable. Minami veut ma mort…

« - Attends. Minami. Si tu me tues… promets moi juste de prendre soin de Victor comme il se doit… S’il te plaît… Promets-le moi et tu pourras faire ce que tu veux de moi…

- Yuri… Yuri… non… Je ne suis rien sans toi, murmure Victor.

-Il en va de soi. Victor est la personne la plus importante à mes yeux… Chut, mon ange, tu verras ta douleur ne sera que passagère, je suis là moi…

- Minami… Minami… non… je t’en supplie...»

Les dernières paroles de Victor ne semblent pas avoir atteint sa sœur. Je regarde une dernière fois Victor, ce garçon qui a su me faire passer les plus merveilleux moments de ma vie, celui qui a su m’aimer tel que j’étais et que j’aime en retour plus que ma propre vie. Je lui souris puis baisse la tête, me préparant à une mort inévitable.

« - Minami ?

- …, elle se retourne doucement vers Victor.

- Oui, tu as raison… Je me suis fourvoyé… Tu as totalement raison… Tu es mon âme sœur… Comment ai-je pu ne pas le remarquer plus tôt ? Je n’aurai jamais dû me rapprocher de Yuri… jamais… alors que tu étais là... Je ne m’étais pas encore aperçu... »

Chaque mot de cette phrase m’assassine : la douleur est indescriptible. Le visage de Minami s’éclaire. Les paroles de Victor me reviennent alors à l’esprit .

Yuri… quoiqu'il puisse se passer, n'oublie jamais que mes sentiments pour toi sont immenses, plus grands encore que cet océan que nous aimons tant regarder… Océan bleu sur ciel gris...

« - Minami… Je t’aime… Viens, laissons-le là… Il ne vaut pas la peine que tu te salisses les mains… De toute façon, il finira bien par mourir de faim… Viens... Partons tous les deux... »

Je sais pertinemment qu’il agit ainsi pour me protéger mais mon cœur saigne. Minami se détourne de moi, ne se doutant de rien, s’approche de Victor et coupe ses liens.

Afin de prouver sa bonne foi, il l’enlace tout en me regardant : dans ses yeux brillent une profonde tristesse mais une lueur de détermination s’y est allumée. Cette étreinte inattendue fait perdre ses moyens à Minami… Elle lâche le couteau de cuisine. Il me montre dans sa main son canif.

Que veut-il faire ?

« - Je peux au moins lui dire adieu ? Après tout… J’ai bien cru que...

- Voyons Victor, je ne suis pas un monstre… »

Il s’approche de moi.

Pourquoi j’ai l’impression que …

Me prend dans ses bras.

Glisse le canif ouvert dans ma main.

Me murmure « Aishiteru, anata. Sayonara...»(3).

Non… pas adieu… non…

Je manque de m'étouffer : je ne peux pas lui répondre, ma gorge est serrée et ma voix refuse de sortir. Je n’ai jamais eu autant mal de toute ma vie, mes larmes ne cessent de couler et je n’arrête pas de hoqueter misérablement. Je ne veux pas qu’il parte, je préfère encore que Minami me tue... Victor pose sa main sur ma joue, sur son visage se lit la même douleur que la mienne à cet instant. La seule chose que je puisse dire est un faible « Non... ». Il tourne alors les talons et s’en va.

La scène est surréaliste.

Il prend la main de Minami. Non… Victor...

L’embrasse. Je t’en supplie...

Il se retourne vers moi comme si mes supplications atteignaient directement son esprit. Reste auprès de moi...

De ses yeux débordent un torrent de larmes inattendues. Je t’aime tant...

Le visage de Minami se décompose : elle vient de comprendre. Elle remet son masque de fureur et gifle Victor avec une force insoupçonnée. Sonné, il porte la main à son visage.

« Tant qu’il sera en vie, tu ne seras jamais à moi. »

Elle ramasse le couteau et fonce vers moi en hurlant.

C’est ici que s’achève ma vie...

Victor surgit de nulle part et se place entre elle et moi. Entre le couteau et mon corps. Son corps se plie en deux sous la force de l'impact, lentement. Je vois la pointe du couteau ressortir dans son dos. Son T-shirt se teinte peu à peu de rouge. Il ramène ses mains vers sa poitrine. Minami a un instant d'hésitation puis prend conscience de ce qui se passe. Elle écarquille ses yeux d'horreur et recule doucement, ses propres mains maculées de sang.

Je vois plus que j’entends Minami hurler. Mes oreilles sifflent et je n’entends moi-même que le sang qui tambourine à mes tempes. L’horreur déforme son visage, autrefois si beau. Elle tombe à genoux.

Je réussis à couper mes liens, cours vers Victor et réussis à le rattraper avant qu’il ne s’effondre sur le sol froid de la grotte. Le couteau est enfoncé dans sa poitrine jusqu'à la garde. Je peine à respirer. La douleur que je ressens à cet instant est innommable. De sa jolie bouche, un filet de sang s’échappe. Il me sourit et porte sa main ensanglantée à mon visage pour y essuyer mes larmes.

« O...cé...an… bleu… sur… ci...el...gris... »

Non… non… non…

Je ne veux pas comprendre ce qui se passe : Victor me regarde et peu à peu la lumière s’éteint dans ses yeux. Mais il respire… il respire… J'entrelace nos doigts et... je reçois un coup à la tête et perd connaissance.

Bip… Bip… Bip… Bip…

Où suis-je ? Victor ?

Bip… Bip… Bip…

J’ai mal…

Bip...bip...bip...

Ce jeune a eu de la chance… Nous l’avons retrouvé à temps…

Bip… Bip… Bip…

Victor ? Où est Victor ? Comment va-t-il ?

Je sombre encore et encore...

J’entends quelqu’un pleurer… mais qui ? On me tient la main…

- Bonjour, êtes-vous de la famille du jeune Victor ?

- Tout comme…, répond une voix d’homme.

- Oui ou non ?

- Oui, assure une femme.

- Je suis désolé, il n’a pas survécu. La blessure était trop profonde et a touché le cœur. Il avait perdu beaucoup trop de sang... Nous n’avons rien pu faire.

Non… non… Mes larmes coulent…

Minami a tué Victor… Victor n’est plus là...

Si Victor n’a pas survécu… Je n'ai plus rien à faire ici...

Si il est parti, je ne vois pas pourquoi je devrais rester…

Biiiiiiiiiiiiiiiiiiip.

(1) Le Château Ambulant, de Hayao Miyasaki

(2) Trilogie des Cinquante nuances de Grey, E.L. James

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